Amazon accusé par une fédération syndicale internationale d'”espionner les travailleurs”

Amazon “espionne les travailleurs”, a dénoncé dans un communiqué reçu mardi la fédération syndicale internationale Uni Global Union, qui réclame depuis le 30 septembre une enquête européenne sur les “activités potentiellement illégales” du géant du commerce en ligne à l’égard de ses salariés.

La fédération, qui représente 20 millions de travailleurs dont sept millions en Europe, réagissait à une nouvelle salve de révélations par le média internet Vice, relayées par le magazine Capital. Le site indique qu’Amazon a recours à l’agence privée Pinkerton pour enquêter sur ses sites européens, notamment en Pologne.

“Non contente d’abuser de sa position dominante” -une enquête pour pratique anti-concurrentielle ouverte par la Commission européenne est en cours -, Amazon exporte des pratiques dignes de la lutte anti-syndicale américaine du XIXe siècle”, a réagi Christy Hoffman, secrétaire général de l’UNI Global Union.

Selon le média internet Vice, des fuites de documents internes à Amazon montrent une “surveillance obsessionnelle” des syndicats et des mouvements sociaux et environnementaux par Amazon, “particulièrement entre le Black Friday et Noël”.

L’entreprise surveille et analyse l’expression de ses employés sur leurs comptes privés Facebook, dans le but de repérer les projets de grève et de manifestation, accuse le média.

Vice publie depuis le 1er septembre des révélations sur la surveillance qu’exercerait Amazon sur ses employés, ses entrepôts, les syndicats ou mouvements comme les “gilets jaunes” en France. A la suite des premières publications, 37 dirigeants syndicaux européens ont signé le 30 septembre une lettre demandant à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur les agissements “potentiellement illégaux” du géant mondial du commerce en ligne.

Vice avait fait état du recrutement de deux postes d’analystes de renseignement chargés d’informer la direction sur des sujets “sensibles et hautement confidentiels”, y compris l’activité syndicale, au même titre que les groupes haineux, les activités politiques ou le terrorisme. L’annonce a été depuis retirée et qualifiée d’erreur par le groupe.

Interrogée par l’AFP, Amazon France indique garantir “un certain niveau de sécurité pour (ses) activités afin de protéger (ses) collaborateurs, (ses) bâtiments et (ses) stocks”.

“Cela implique la mise en place d’une équipe d’enquête interne qui travaille, en cas de besoin, avec les forces de l’ordre”, un fonctionnement “conforme à la loi”, assure l’entreprise.

“Nous disposons d’une équipe d’analystes qui nous aide à préparer et anticiper les événements extérieurs”, ajoute-t-elle, citant notamment “les manifestations qui pourraient perturber la circulation ou affecter la sécurité de nos bâtiments et des personnes qui y travaillent”.

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