A Berlin, contacts prometteurs entre réfugiés et employeurs

© Reuters

“Si tout va bien, ils peuvent commencer dans trois mois!”. Sur ce salon de l’emploi destiné aux réfugiés, Juliane Hensel vient de recruter Muhammad Tahir et Muhammad Asjed, deux Pakistanais en Allemagne depuis un an, pour être agents de sécurité.

Après quelques questions routinières sur leur niveau de langue et leur casier judiciaire, Mme Hensel, responsable des ressources humaines pour l’antenne berlinoise de l’entreprise de sécurité City Schutz, a remis aux deux jeunes hommes un formulaire de pré-embauche. Si l’Agence pour l’emploi donne son feu vert et au terme d’une courte formation, les deux Pakistanais pourraient bien avoir décroché leur sésame à l’intégration, un emploi.

“L’Allemagne fait beaucoup pour nous, maintenant nous allons faire quelque chose pour eux”, dit dans un grand sourire et dans un anglais mâtiné d’allemand M. Asjed, emmitouflé dans une écharpe aux couleurs d’un club de foot.

Mme Hensel, dont l’entreprise propose entre 30 et 50 postes uniquement à Berlin, ne peut qu’acquiescer. Les candidats qui se pressent dans les rangs du salon, dont une majorité de Syriens, apportent des connaissances linguistiques précieuses pour City Schutz, chargé de la sécurité … de plusieurs foyers de réfugiés. En outre, “les gens ont la volonté de travailler, une grande motivation”, note-t-elle.

La relève manque

Environ un million de candidats à l’asile sont arrivés en Allemagne l’an dernier, et plusieurs dizaines de milliers affluent encore chaque mois de Syrie, d’Afghanistan ou d’Erythrée.

A l’origine de ce salon, une initiative de l’Agence pour l’emploi et de la chambre de commerce et d’industrie locales, il y a le constat que “nous devons passer de la phase un, héberger les gens dans l’urgence, à la phase deux de l’accueil, les intégrer”, explique Franziska Giffey, maire du quartier berlinois de Neukölln qui abrite la manifestation.

Plus de 4.000 réfugiés sont attendus sur la journée, pour prendre contact avec quelque 200 entreprises dont le distributeur en ligne Zalando, les supermarchés Rewe, le fleuriste Fleurop, ou encore beaucoup d’hôtels.

Stephan Kühne, patron du Flottwell Hotel au centre de Berlin, est prêt à recruter quiconque présente les qualifications nécessaires et est motivé. La question du statut – réfugié reconnu, simplement toléré ou en attente du verdict des autorités – ne le préoccupe pas, “du moment que cela n’implique pas des tracasseries bureaucratiques supplémentaires”.

“Nous cherchons tout le temps du monde… il n’y a plus assez de jeunes, la relève n’est plus là”, explique-t-il.

“Construire une vie”

L’Allemagne à la population vieillissante manque de bras dans beaucoup de secteurs, et le phénomène va s’accentuer dans les années à venir. Alors que le scepticisme gagne certains pans de la population quant à la capacité du pays à intégrer les réfugiés, les milieux économiques voient eux d’un très bon oeil les nouvelles recrues potentielles qui affluent dans le pays. Tout en insistant sur le défi que représentent l’apprentissage de l’allemand et la formation.

“Je n’ai pas d’attentes démesurées”, prévient sur son stand Wolf-Dieter Münn. Ce chargé de la formation chez B&O, une PME du bâtiment, cherche des candidats à un apprentissage en électrotechnique pour la rentrée prochaine. “Si on pouvait avoir entre trois et cinq réfugiés, ce serait bien”, dit-il.

Un peu plus tard, il parle “armoires électriques” avec un jeune homme, moitié en allemand, moitié en anglais.

“La langue”, c’est l’obstacle principal pour Nawar Minini, 32 ans, esthéticienne syrienne. Elle a fait chou blanc au salon, mais se rassure en se disant que sa recherche vient seulement de commencer, quatre mois après son arrivée en Allemagne.

Maher Waked est lui aussi arrivé en octobre dernier, avec un diplôme d’ingénieur en génie mécanique. “Ma femme est encore en Syrie. Elle va me rejoindre, et nous voulons construire une vie ici”, dit le jeune homme de 26 ans, après avoir déposé un premier CV sur un stand.

“Je ne vais peut-être pas trouver un emploi aujourd’hui”, reconnaît-il. “Mais peut-être des contacts, des conseils”, ajoute-t-il en souriant.

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