Soins numériques: un mieux pour le patient et l’hôpital

L’innovation et la numérisation boostent l’amélioration de nos soins de santé. Les processus dans les hôpitaux sont nettement plus structurés et fluides, mais plus important encore, le patient bénéficie de soins encore plus qualitatifs et davantage adaptés à ses besoins spécifiques. Lucien Engelen, expert en innovation, et Marc Noppen, CEO de l’UZ Brussel, nous font partager leur optimisme.

Toute personne qui entre aujourd’hui dans un hôpital remarquera directement combien les soins ont nettement évolué par rapport à ce qu’ils étaient il y a dix ans. Marc Noppen: “Beaucoup d’éléments ont été numérisés dans l’hôpital. L’ensemble du transfert de connaissance et la communication sur les données médicales se font aujourd’hui via un DPE, un dossier patient électronique. Elle est révolue l’époque où les radiographies pouvaient disparaître d’une chemise en papier, voire que tout un dossier soit devenu introuvable dans l’hôpital. De même, les transferts entre hôpitaux eux-mêmes sont désormais beaucoup plus efficaces.”

Les données doivent être confiées à l’utilisateur.

Une meilleure communication est une chose, mais la valeur ajoutée se situe surtout à d’autres niveaux. “L’approche structurée a également comme conséquence importante que les erreurs suite à l’ignorance d’un fait sont beaucoup moins nombreuses”, poursuit le CEO de l’UZ Brussel. “Et nous disposons désormais d’un outil qui doit évoluer vers un système intelligent capable de supporter les médecins et infirmiers/ières. Via les big data, l’analytique et le data mining, notre ambition est d’extraire de ces sources de nouvelles données pertinentes pour continuer à améliorer la qualité des soins.”

Plateformes de soins numériques intégrées

Pour pouvoir exploiter pleinement la numérisation, de nouvelles étapes doivent, certes, encore être franchies. “Tout d’abord, il est important de préciser que le système ne peut fonctionner qu’avec les données dont il dispose. Cela exige un changement de comportement de la part des médecins et infirmier/ières qui se doivent de tout enregistrer, en continu et étape par étape”, explique encore Marc Noppen. “En outre, nous devons évoluer vers des plateformes de soins numériques intégrées qui rassemblent les informations provenant de l’hôpital, des médecins généralistes, des prestataires de soins à domicile, des pharmaciens, etc. À mon avis, les choses vont désormais bouger.”

Marc Noppen, CEO de L'UZ Brussel.
Marc Noppen, CEO de L’UZ Brussel.

Si les informations relatives à un patient sont centralisées, celui qui le souhaite pourra dès lors gérer son propre dossier. Noppen: “Le patient doit occuper une place centrale dans notre démarche. Dès lors, quoi de plus logique que de lui permettre d’accéder à ce dossier, voire de l’autoriser à être le régisseur de son dossier personnel. Mais dans ce domaine également, nous constatons régulièrement des réflexes conservateurs de la profession.”

En fait, le personnel médical et les organes de soins n’ont pas d’autre choix que d’emboîter le pas car le monde qui les entoure est fondamentalement en train de changer. Désormais en effet, des startups proposent des appareils et des applications permettant de collecter et d’interpréter les données médicales. Et de grands acteurs comme Google et Apple misent également pleinement sur les données et applications médicales.

Démocratisation des données

Lucien Engelen, expert néerlandais spécialisé en numérisation des soins et en patient empowerment, plaide pour une démocratisation poussée des données dans les soins de santé. “Les données doivent être confiées à l’utilisateur. C’est un peu comme si vous vous rendiez dans votre agence bancaire pour consulter le solde de votre compte et que l’employé de banque vous le refuse, estimant que vous ne pouvez y accéder. C’est tout bonnement absurde de refuser à une personne l’accès à ses propres données.”

L’étape suivante consiste en effet à permettre au patient d’ajouter lui-même des données à son dossier, données qui pourraient être utiles au personnel médical. “Nous pourrions alors collecter et introduire des données provenant d’un compteur de pas, d’une balance, d’un tensiomètre, etc. Le patient conserve la visibilité complète sur son dossier et décide des données qu’il veut bien partager, et avec qui il les partage”, poursuit Engelen.

Nous devons évoluer vers des plateformes de soins numériques intégrées qui rassemblent toutes les informations.

Au final, le monde médical y trouve également son compte. “La distinction entre technologies à usage professionnel et à usage privé s’estompe. Grâce aux données générées par le patient lui-même, son profil personnel s’affine et devient plus précis: quel est le rythme cardiaque normal pour cette personne, sa pression artérielle normale? Etc…”

Tous ces éléments combinés permettront aussi d’améliorer l’efficacité des soins. “Grâce à ces informations complémentaires, nous pourrons proposer dans un premier temps des soins numériques aux personnes qui le souhaitent et le peuvent. Tout ce qui est routinier peut en effet souvent être réalisé plus facilement, à moindre coût et plus près du domicile grâce à la technologie. Le gain de temps ainsi obtenu peut être utilisé par les médecins pour les personnes ayant besoin d’un véritable accompagnement personnel”, conclut Engelen.

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