Comment gérer la coopération avec les robots ?

"Humains et robots doivent davantage unir leurs forces", estime le professeur Bram Vanderborght. © Agoria/VUB

“La coopération entre l’homme et les robots présente un potentiel considérable pour relever les défis sociaux actuels.” Voilà ce qu’affirme Bram Vanderborght, professeur de robotique à la VUB. “Pour que cela devienne possible, il nous reste à réaliser une série de percées technologiques et à répondre à certaines questions d’ordre éthique.”

Les robots vont-ils nous prendre notre travail ?

” Une partie de nos emplois sera en effet assurée par des machines. Mais à côté de ceux qui disparaîtront, d’autres feront leur apparition et nombre de postes sauront s’adapter. Le travail des secrétaires a par exemple évolué avec l’avènement de l’ordinateur “, rappelle Bram Vanderborght.

L’étude d’Agoria intitulée Shaping the future of work démontre qu’à l’horizon 2030, pas moins de 584 000 postes seront à pourvoir en Belgique. ” En d’autres termes, nous serons même contraints de confier une partie de notre travail aux robots. “

Cette interview fait partie d’une série de cinq articles sur l’impact de la digitalisation sur le marché du travail. Les défis sont énormes, mais, heureusement, les opportunités sont nombreuses pour ceux qui s’y préparent. Agoria, l’organisation qui relie les entreprises inspirées par la technologie en Belgique, a donné le coup d’envoi des actions avec son programme ‘Be the Change’. Mais Be the Change est l’affaire de tous. Dans cette série d’articles, vous découvrirez des témoignages inspirants issus de la pratique.

Humains et robots sont complémentaires

Pour accroître le bien-être social, Bram Vanderborght plaide pour davantage de complémentarité entre l’homme et les robots. ” Par le passé, les évolutions technologiques ont déjà provoqué des bouleversements dans nos vies. La coopération entre l’homme et les robots présente un potentiel considérable pour relever les défis sociaux actuels. “

” Si nous parvenons à tirer profit des technologies intelligemment, nous en sortirons sans aucun doute gagnants. Prenons le secteur des soins, par exemple. L’espérance de vie moyenne augmente alors que la population active diminue. Les robots peuvent-ils nous aider à prendre soin des personnes âgées, un groupe qui ne cesse de croître ? De nos jours, on voit de plus en plus de robots qui distribuent des médicaments, de chirurgiens qui opèrent à l’aide de la robotique, etc. Sans compter que nous travaillons au développement d’exosquelettes, censés permettre aux personnes âgées de vivre chez elles plus longtemps. “

Les humains et les robots présentent différents attributs et points forts qui peuvent parfaitement être combinés. ” Les robots ne nous remplaceront pas, mais ils peuvent nous compléter. Ils sont extrêmement intelligents, précis, et peuvent être opérationnels des heures durant. Mais ils ont tout le mal du monde à reproduire les gestes humains les plus élémentaires. La robotique a même forgé un terme spécifique pour décrire ce phénomène : le ‘paradoxe de Moravec’. Ne pensez pas à leur demander de réaliser un travail manuel flexible ou d’être créatifs. Les humains, en revanche, sont plus débrouillards, plus créatifs et parviennent mieux à établir des liens généraux. “

La recherche et le débat social sont nécessaires

Pour assurer une transition sans heurts vers une société intégrant les robots et les ‘cobots’, il faut continuer à investir dans la recherche innovante. ” Nous ne devons pas craindre l’avenir, mais nous y préparer. Les technologies ne sont pas un ouragan que nous subissons : c’est nous-mêmes qui les créons. Il faut donc assurer un suivi efficace de leurs évolutions et s’assurer que l’aspect humain est préservé. Les études STEM et l’apprentissage tout au long de la vie ont également un rôle essentiel à jouer à cet égard. “

Du reste, nous devons bien réfléchir, collectivement, aux dangers et aux risques potentiels des robots et de l’IA. ” La protection de la vie privée deviendra un enjeu central à l’avenir. Que faire des immenses bases de données issues de l’IA ? Quels équilibres géographiques créent-elles ? Comment éviter les préjugés discriminatoires liés au genre ? À mon sens, des pays tels que les États-Unis et la Chine, qui misent énormément sur la robotique, ne s’intéressent pas assez à ces questions. Il est important de s’appuyer sur des expertises et des perspectives diverses pour livrer une réflexion critique sur la robotique avant de prendre position. “

Dans son étude ‘Shaping the future of work’ Agoria a développé quatre stratégies pour un marché du travail durable. Téléchargez l’étude ici.

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