Google soigne son image en Europe et en Belgique

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La firme américaine place 100 millions de dollars dans un fonds d’investissement pour start-ups européennes. Mouvement stratégique ou coup de com’ ?

Google n’a pas toujours bonne presse sur le Vieux Continent. Polémique sur le droit à l’oubli, sur ses pratiques d’optimisation fiscale qui sont remontées jusqu’au G20, sur son côté ” Big Brother ” qui chamboule la notion d’anonymat sur Internet… Le géant américain a pris une telle place dans notre vie de tous les jours et dans le business numérique mondial qu’il ne peut éviter de susciter la controverse, particulièrement en Europe, où l’on ne parvient pas à prendre le train du digital. L’essentiel des profits dans ce secteur se situent aux Etats-Unis, et Google en capte une part significative (55 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 13 milliards de bénéfice net en 2013).

Pour démontrer aux Européens qu’elle n’est pas le Grand Méchant Loup décrit par certains, l’entreprise a mis en place une série d’actions visant à redorer son image. Il y a quelques jours, Google annonçait la création d’un nouveau fonds d’investissement à destination des start-ups européennes. Doté de 100 millions de dollars, ce fonds vise à repérer et soutenir les pépites technologiques ” les plus disruptives “.

La manoeuvre est un bel appel du pied à l’égard des entrepreneurs digitaux européens, qui font parfois face à des difficultés pour trouver des financements. C’est également un bon moyen de prendre des participations dans de jeunes entreprises prometteuses avant de les racheter (à bon prix) le jour où elles décollent. Pour Google, c’est aussi un beau coup marketing à peu de frais. A l’échelle des résultats de l’entreprise, ce montant de 100 millions de dollars ne représente en effet pas grand-chose. A titre de comparaison, la multinationale américaine a récemment annoncé son intention de dépenser entre 20 et 30 milliards de dollars en acquisitions en-dehors des Etats-Unis !

Philanthropie

Preuve de sa gigantesque force de frappe : Google conclut désormais des accords financiers avec ses anciens ennemis. Pensons aux éditeurs de presse, qui étaient jusqu’il y a peu particulièrement remontés au sujet des méthodes de référencement de leur contenu sur les pages de Google. En gros, les éditeurs accusaient Google de se servir allègrement de leurs articles pour faire grossir ses revenus publicitaires. Après plusieurs procédures judiciaires et un déréférencement de certains sites d’actualité belges par Google, les choses se sont aplanies… A la clé : des accords en Belgique et en France où le ” fonds Google ” a versé 16 millions d’euros aux médias français pour développer leur offre numérique. Là encore, une belle opération de communication menée par ” Google la philanthrope “.

L’entreprise s’est même lancée dans une étrange opération de séduction des journalistes belges. Rarement prompte à répondre aux questions de la presse, Google Belgique a récemment réuni des membres de différentes rédactions pour leur présenter les outils proposés par ” Google Actualités “. Au menu : beaucoup de slides et de graphiques pour une opération de communication finalement un peu creuse. Mais une vraie tentative d’améliorer les contacts entre la presse belge et un géant du Web assez inaccessible et peu ouvert aux questions qui fâchent.

Emploi local

En Belgique, on se souviendra aussi de la belle campagne de pub organisée en compagnie du Premier Ministre Elio Di Rupo pour le datacenter de Saint-Ghislain, près de Mons, où Google a investi près de 550 millions d’euros. L’impact sur l’emploi local, estimé au départ à 200 engagements, n’a jamais pu être chiffré de manière exacte. Mais Google aime à répéter son implication dans le tissu économique local. Dans le dernier numéro de Références, le supplément RH du journal Le Soir, l’entreprise s’offrait encore une pleine page baptisée ” Googlers wanted ! “, faisant l’éloge du data center et de ses possibilités d’embauche. ” Google poursuit ses recherches de profils techniques, de préférence locaux, et dynamise ainsi l’emploi en plein coeur de la Digital Innovation Valley “, avance l’offre d’emploi. La démarche cadre parfaitement avec l’image positive que Google souhaite renvoyer en Europe comme en Belgique.

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