Les fonds d’investissement remontent la pente

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L’année dernière, les fonds belges ont investi 920 millions d’euros en entreprises nationales et internationales, laissant le pire la crise derrière eux. Selon l’association professionnelle BVA, l’appétit d’investissement retrouvé est dû à de meilleures perspectives économiques. La moitié des investissements concernait des PME débutantes.

Les fonds d’investissement belges semblent laisser la crise derrière eux. Ensemble, ils ont injecté 920 millions d’euros de capital dans des entreprises belges et européennes. C’est 75 pour cent de plus qu’en 2012, plus de la moitié de plus qu’en 2011, et presque deux fois plus qu’en 2010. La hausse spectaculaire du montant par investissement incite également à l’optimisme : entre 2012 et 2013, celui-ci a augmenté de 90 pour cent.

Les chiffres proviennent de BVA (Belgian Venture Capital and Private Equity Association), l’association professionnelle des fonds d’investissement belges. “La reprise de l’économie procure un sentiment positif aux investisseurs. Et il y a à nouveau de bonnes entreprises dans lesquels investir” explique Edouard Abbeloos, le secrétaire général de BVA. “Les vendeurs aussi sont à nouveau motivés, ils n’ont plus peur de la crise”.

Les fonds investissent dans le but de vendre leurs bénéfices plus tard, mais selon BVA il ne s’agit pas de spéculation financière. Les fonds soutiennent la véritable économie. Ainsi, l’année dernière la moitié des investissements étaient consacrés aux PME débutantes et 37% aux entreprises en pleine croissance. Abbeloos:”De nombreuses PME ne sont pas suffisamment solvables pour voir s’accorder un crédit. L’apport d’un fonds renforce leur propre fortune, de sorte que la banque accepte de leur faire un prêt. Le total de moyens accordés aux PME est donc beaucoup plus important que l’apport des fonds”.

Crise existentielle

L’avenir semble prometteur: “Il y a énormément de capital en Belgique et à l’étranger qui attend les investissements” explique Lieve Creten qui dirige le département fusion-acquisition de la fiduciaire Deloitte Belgique. “De nombreux fonds ont réuni de l’argent juste avant la crise, mais n’ont pas réussi à l’investir dans les années qui ont suivi”.

Espérons qu’une partie de la manne se retrouve en Belgique. En 2013, les entreprises belges ont reçu 1,03 milliard d’euros en investissements. Seulement 43 pour cent de cette somme provenait de fonds étrangers, surtout britanniques, français et néerlandais. Les six années précédentes, la part des fonds étrangers était beaucoup plus importante : elle s’élevait à 59 pour cent.

Creten est optimiste. “De nombreux investisseurs internationaux se tournent à nouveau vers la Belgique et l’Europe en général. Il y a deux, trois ans, la confiance en l’Europe était nulle. L’euro vivait une crise existentielle. Une grande partie d’entre eux pensaient qu’on assistait à la fin de l’Europe, et surtout les Américains. Les fondements ont été secoués, mais l’euro est resté debout. Cette donnée a modifié la perception des fonds”.

Mentalité

Placer son argent sur un livret d’épargne ne rapporte presque rien. Creten ne nie pas que la recherche de rendement explique en bonne partie l’intérêt renouvelé pour les investissements en entreprises. Pourtant, les fonds d’investissement progressent aussi grâce à leurs propres mérites. “Le marché d’investissement belge rattrape son retard par rapport aux pays anglo-saxons. Depuis quelques années, on assiste à des transactions de plus d’un demi-milliard d’euros. À l’époque, de telles sommes étaient le privilège du marché britannique ou américain”.
La croissance dans le secteur de fonds est due à l’effet démultiplicateur. Creten : “L’apport d’un fonds fait rapidement progresser une entreprise. Les nouveaux fonds permettent par exemple de lancer de nouveaux produits ou de s’étendre à l’étranger. Si plus tard l’entreprise devient l’objet d’une nouvelle transaction, il s’agira automatiquement de montants plus importants”.

Même si les acteurs belges sont devenus beaucoup plus professionnels, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. “Si le capital à risque américain est plus avancé, ce n’est parce qu’ils sont plus intelligents à Silicon Valley” déclare Abbeloos. “Il y a simplement plus d’argent à investir aux États-Unis. Il y a tout un écosystème autour. En Europe, il y a beaucoup moins d’ambition. Pour une grande partie d’entre eux, il y a un problème de mentalité : c’est comme si on ne voulait pas progresser”.

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