Les patrons ont-ils vraiment raison d’applaudir Charles Michel ?

Charles Michel. © Belga

Saut d’index, baisses de charges, modernisation du marché du travail… le nouveau gouvernement rencontre de nombreuses aspirations patronales. Mais parler de rupture avec l’équipe Di Rupo paraît toutefois excessif en ce domaine.

Avant même l’installation de l’équipe de Charles Michel, le nouveau secrétaire général de la FGTB, Marc Goblet, l’affirmait : “Ce sera très clairement un gouvernement des riches et des patrons.” Sa consoeur de la CSC, Marie-Hélène Ska, a abondé dans le même sens, estimant que “le mémorandum des organisations patronales est rencontré à 100 % par cet accord de gouvernement”. Elle qualifie cet accord de “cauchemar intégral pour les travailleurs”.

De telles diatribes syndicales étaient attendues. Les ministres de Charles Michel peuvent même les entendre comme autant de compliments, comme autant de preuves que l’économie belge va effectivement vivre une rupture, qu’ils espèrent salutaire. Néanmoins, Marc Goblet et Marie-Hélène Ska ne verseraient-ils pas un peu dans l’exagération à l’égard de ce “gouvernement des patrons” ? Vérifions.

Le premier chapitre de l’accord de gouvernement concerne le rétablissement de la compétitivité de l’économie belge. C’est le coeur de l’action de la coalition de Charles Michel. Mesure phare : le saut d’index. Les salaires n’augmenteront pas de 2 % au printemps prochain, évitant ainsi que le handicap salarial ne se creuse. Les travailleurs y perdent en pouvoir d’achat, l’Etat fait match nul (ce qu’il économise sur le salaire des fonctionnaires, il le perd en recettes fiscales et parafiscales) et les entreprises y gagnent quelque 2,5 milliards d’euros, selon les estimations du gouvernement. Un gain récurrent, d’autant plus appréciable qu’avec le niveau actuel d’inflation, on risque d’attendre longtemps le franchissement suivant de l’indice-pivot.

L’accord prévoit en outre la prolongation de la modération salariale (“le gel”, disent les syndicats) en 2015 et 2016, et même au-delà si cela ne suffit pas à résorber le handicap de compétitivité. Et pas question de contourner la norme salariale – fixée par l’accord interprofessionnel si possible, par le gouvernement si besoin – avec des conventions sectorielles plus favorables. Charles Michel annonce en effet “une surveillance efficace” des conventions collectives en ce domaine.

Les employeurs peuvent donc applaudir à tout rompre ce geste qui ne coûte pas grand-chose au gouvernement, si ce n’est en popularité.

Il n’y a pourtant pas unanimité sur le banc patronal…

Retrouvez cet article complet dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

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