O’Leary: “J’espère que Brussels Airlines gagnera de l’argent cette année…”

Le CEO de Ryanair, Michael O'Leary. © Reuters

Micheal O’Leary table sur une croissance de 30% du trafic en Belgique durant l’année comptable en cours. Dans une interview à Trends-Tendances ce mercredi, le patron de Ryanair s’explique notamment sur la situation fiscale et sociale très particulière de son personnel.

Trends-Tendances: Vous prévoyez une croissance de 30% à Zaventem et à Charleroi pour arriver à 8 millions de passagers, dont 2 millions à Zaventem.

Micheal O’Leary: Oui, 30% de plus pour l’année qui va d’avril 2015 à mars 2016, la saison d’été et d’hiver.

C’est plus que ce que vous aviez prévu ?

Beaucoup plus, on pensait arriver à 1,6 million de passagers à Zaventem et le statu quo à Charleroi. Les deux aéroports feront plus que prévu, grâce notamment à l’équipe de Charleroi, qui a obtenu une croissance de 9% sur le premier semestre 2015.

À quoi attribuez-vous ces 30%: au pétrole pas cher, à une concurrence moins vive que prévu… ?

Nous avons plus d’avions, la concurrence pratique des prix plus élevés. Le taux d’occupation augmentait l’an passé de 83 à 88%. Cette année, on dépasse les 90%. La crainte était que les passagers de Charleroi seraient passés à Zaventem. Mais ce transfert n’a pas vraiment eu lieu, Charleroi continue à croître.

Vous avez dit à la conférence de presse de ce mercredi que Brussels Airlines reculait, mais la compagnie connaît encore 12% de croissance…

C’est très bien. Je crois aux bénéfices de la concurrence. J’espère que Brussels Airlines gagnera de l’argent cette année.

Elle l’annonce…

Nous tenons à ce qu’il y ait une compagnie secondaire forte en Belgique, où nous sommes numéro un.

Vous êtes numéro un à Charleroi, pas à Zaventem !

Non, mais ça viendra avec le temps.

Où voyez-vous Ryanair d’ici 5 ans ?

Nous devrions transporter 120 à 130 millions de passagers, dont 10 à 12 millions en Belgique. Zaventem connaîtra une bonne croissance, Charleroi, une légère croissance.

Ryanair est régulièrement visé par des procès ou des accusations sur le statut social et fiscal du personnel, qui est ou serait irlandais. Il y a un procès en appel en Belgique d’anciens membres du personnel, par exemple. Quelle est la situation en Belgique: le personnel est recruté sous contrat irlandais ou belge ?

Irlandais. Si vous avez des avions immatriculés en Irlande, la loi irlandaise impose que le personnel paie ses impôts en Irlande. La Belgique impose la même chose pour Brussels Airlines et son personnel. C’est l’application d’un ancien modèle utilisé pour le transport maritime. Le problème est que nous avons ouvert des bases partout en Europe ! Cela rend la situation très compliquée.

Quid des cotisations sociales ?

Sur ce sujet, les règles européennes ont changé. Pour les salariés basés à Zaventem et Charleroi, les cotisations sont payées en Belgique, où les personnes sont domiciliées. Mais paient leurs impôts en Irlande… welcome to my world ! Alors les syndicats nous accusent de souhaiter cette situation, car l’Irlande est ou serait une économie à faible taxation. C’est vrai pour les sociétés, pas pour les individus ! Nous payons 50% de taxes lorsque l’on gagne plus de 25.000 euros.

Malgré cela les contrats en Belgique sont irlandais ?

Ils doivent l’être pour une compagnie irlandaise.

En France vous avez été condamné sur ce type de dossier…

En France, c’est fou: vous devez payer des taxes en France. Mais la loi irlandaise impose la même chose. Du coup, il ne resterait plus d’argent. Nous n’avons donc plus de base en France, sauf à Marseille, l’été.

Côté aéroports, vous participez à une alliance avec les quatre autres plus grandes compagnies européennes pour, notamment, demander plus de concurrence entre les grands aéroports, où les redevances sont élevées.

En fait, il n’y a aucune concurrence. Nous plaidons pour une meilleure régulation, car il n’y a pas de concurrence entre des monopoles. S’il y en avait une, les redevances diminueraient avec la hausse du trafic. C’est l’inverse qui se passe.

Que demandez-vous ? Un plafonnement des redevances (cap) ?

Pas de plafonnement, non. Plutôt une réglementation agressive qui entraîne une réduction des redevances quand le trafic augmente. Car les aéroports dégagent des revenus supplémentaires à travers les commerces, les parkings. Du coup, ils dépensent de l’argent dans le marbre, des statues…

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