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Les Grecs sont-ils vraiment en si mauvaise position dans les négociations ?

S’il y a un sujet dont je voulais éviter de parler aujourd’hui, c’est bien celui de la Grèce. Non pas par désintérêt, mais parce que tous les médias en parlent énormément et qu’à force d’évoquer à chaque fois la énième réunion de la dernière chance, chacun finit par y perdre son… latin.

Sans compter qu’il y a les experts qui disent qu’une sortie de la Grèce de la zone euro serait une catastrophe pour les Grecs, mais également pour les autres pays. Et puis d’autres experts qui, eux, disent avec le même aplomb que ce serait une bonne chose et que le risque de contagion aux autres pays est faible.

Au fond, toute cette histoire pourrait se résumer à ces panneaux qu’on affichait dans les commerces, il y a longtemps de cela, avec un message très simple: “la maison ne fait pas crédit”. En réalité, la maison Europe a déjà fait crédit, mais ne souhaite plus le faire. Mais vous connaissez comme moi, la boutade qui dit que si vous devez 10.000 euros à votre banquier, c’est vous qui ne dormez pas, alors que si vous lui devez 300 milliards d’euros, c’est le banquier qui ne dort pas !

En fait, c’est peut-être aussi pour cela que le gouvernement grec pousse le bouchon aussi loin dans ces négociations. Car il sait qu’un défaut de la Grèce ne sera pas sans conséquence sur les autres pays de la zone euro. N’oublions pas que l’actuel ministre des Finances grec a enseigné la théorie des jeux à l’université du Texas, une branche de l’économie, fortement teintée de mathématiques, qui se base en partie sur ce genre de pari en forme de poker menteur !

Les Grecs sont-ils vraiment en si mauvaise position dans les négociations ?

Deuxième remarque qui explique mon désarroi face à une éventuelle sortie des Grecs de la zone euro: les médias expliquent qu’un contrôle des changes pourrait se mettre en place, sans oublier qu’une limitation des retraits bancaires serait aussi mise en place. Peut-être même qu’il y aura une ponction sur les plus gros dépôts, c’est-à-dire ceux au-dessus de 100.000 euros. C’est exactement ce qui s’est passé pour Chypre en 2013, souvenez-vous. D’accord, sauf que tous les gros comptes sont vides, ils ont déjà fui la Grèce, et sauf à être masochiste, plus aucun Grec n’a conservé son argent sur son compte bancaire !

C’est cela qui est étonnant. Normalement, un pays qui sait qu’il va faire défaut, et que donc il n’aura plus accès au financement, un pays pareil se constitue un trésor de guerre que les autorités internationales ne peuvent pas saisir. Bref, les Grecs auraient dû constituer un contrôle des changes depuis belle lurette. Or, ils ne l’ont pas fait. Et comme les négociateurs grecs sont bornés, mais pas stupides, certains économistes comme Charles Gave, connu pour ses analyses affûtées et pleines de bon sens, se demandent au fond si les Grecs sont en si mauvaise position de négociation que nous le disent les médias. Charles Gave se demande même si le Premier ministre ne joue pas au gentil flic, tandis que son ministre des Finances joue au méchant. Bref, s’il n’y a pas une répartition des rôles comme dans les séries B pour tenter de soutirer l’accord a priori impossible. À vrai dire, je n’en sais rien, la seule chose que je sais, comme disait Jean Gabin, c’est que je ne sais pas. Ou plus exactement qu’on ne nous dit pas tout dans cette tragédie grecque !

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