Nette hausse de la fréquentation chez Kinepolis

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Comme prévu, Kinepolis achève le premier trimestre sur une spectaculaire croissance du nombre de visiteurs. Compte tenu de son acquisition des Landmark Cinemas, il faut s’attendre à un bond bien plus vigoureux du chiffre d’affaires que des bénéfices en 2018.

Le plus grand exploitant de salles de cinéma de Belgique est en pleine expansion depuis 2014. Son principal fait d’armes, mais sans doute pas le dernier, fut la reprise, fin 2017, de Landmark Cinemas, le deuxième groupe cinématographique du Canada (10 % de part de marché), qui exploite 303 salles réparties entre 44 complexes. Il s’agit là du premier pas du groupe hors d’Europe – culturellement, le Canada est plus proche du Vieux Continent que des Etats-Unis. La plupart des complexes de Landmark sont plus petits et attirent en moyenne moins de clients (75% d’occupation) que Kinepolis. Mais ce qui frappe surtout, c’est leur rentabilité, bien inférieure, par personne; l’équipe de direction de Kinepolis devrait donc changer la donne au cours des années qui viennent.

Le parc est passé de 23 complexes à 94 en quatre ans. La mise à jour relative au premier trimestre de 2018 fait état d’un bond de 42,1%, à 9,4 millions, du nombre de visiteurs (25,3 millions sur l’intégralité de l’exercice 2017). Cette augmentation s’explique principalement par l’expansion au Canada (2,66 millions de clients, soit 28,3% du total), mais aussi aux Pays-Bas (citons essentiellement la reprise, le 1/1/2018, des NH Bioscopen, et l’ouverture du Kinepolis Jaarbeurs à Utrecht, qui ont contribué à porter la fréquentation chez nos voisins du Nord à 1,04 million d’entrées, en hausse de 26,5%). Avec une accélération de 5,8%, qu’elle doit à l’offre locale de “F.C. De Kampioenen 3” et de “Patser”, la Belgique n’est pas en reste. En revanche, la fréquentation en France, en Espagne et au Luxembourg s’essouffle.

Les plus grands films à succès en provenance de Hollywood furent ” Black Panther “, ” Jumanji: Bienvenue dans la jungle “, ” Cinquante Nuances plus claires “, ” Star Wars: Episode VIII – Les Derniers Jedi ” et ” Le Labyrinthe “. Classiquement, l’augmentation des revenus par client (hausse du prix du billet et de la consommation par tête) entraîne une accélération du chiffre d’affaires (CA) plus rapide que celle de la fréquentation; d’après le communiqué de presse, c’est encore le cas cette fois, mais le business update ne donne aucun détail à ce sujet. Il faudra donc attendre l’annonce des résultats semestriels, le 23 août.

Bien réelle, l’augmentation du cash-flow d’exploitation récurrent (Rebitda) sera toutefois moins marquée que celle de la fréquentation. Il faut y voir une conséquence de l’expansion canadienne, où le Rebitda par visiteur est nettement inférieur à la moyenne du groupe (laquelle s’établissait l’an passé à 4,12 euros par personne). C’est donc là que se situent le potentiel et le défi: Kinepolis doit inciter les visiteurs des salles canadiennes à dépenser en moyenne davantage. Le Rebitda moyen par tête va donc céder du terrain au premier semestre, mais le résultat global sera résolument orienté à la hausse. A 224,3 millions d’euros, l’endettement net était au 31 décembre supérieur de 54,6 millions à ce qu’il était un an plus tôt. Et à l’issue du premier trimestre, il est plus élevé encore, en raison de l’acquisition des NH Bioscopen, du programme de rachat d’actions (plus de 300.000 titres) et des projets immobiliers. Joost Bert, jusqu’ici co-CEO du groupe, a été nommé à la tête du conseil d’administration; Eddy Duquenne est désormais seul à la barre.

Conclusion

Compte tenu de l’acquisition des Landmark Cinemas (nombreux complexes peu rentables), il faut s’attendre à un bond bien plus vigoureux du CA que des bénéfices en 2018. En plus d’être une machine à cash, Kinepolis est désormais un monstre de croissance. Sa valorisation est malheureusement trop élevée (plus de 14 fois le rapport escompté valeur d’entreprise (EV)/Rebitda pour 2018) pour que nous recommandions d’acheter. A ne pas perdre de vue, toutefois !

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

Cours : 55,50 euros

Ticker : KIN BB

Code ISIN : BE0974274061

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 1,52 milliard EUR

C/B 2017 : 32,5

C/B attendu 2018 : 30

Perf. cours sur 12 mois : +15 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -0,5 %

Rendement du dividende : 1,6 %

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