Pas de rappel pour l’iPhone 4 : Apple s’enlise dans l'”Antennagate”

© Reuters

La décision de Steve Jobs de ne pas rappeler les iPhone 4 malgré leur problème d’antenne déçoit certains analystes. Et les concurrents comme RIM sont furieux d’avoir été “associés à cette débâcle” par le patron d’Apple.

Steve Jobs a-t-il vraiment mis fin à l'”Antennagate“, l’affaire des problèmes d’antenne de l’iPhone 4 ? Ses réponses lors de la conférence de presse convoquée en urgence vendredi dernier sont en tout cas loin de convaincre tout le monde. Tant sur le fond que sur la forme.

Côté mesures concrètes, Apple a décidé d’offrir à tous les utilisateurs de son nouveau smartphone une coque de protection qui règle le problème de réception. Et donne 30 jours aux clients mécontents pour rendre leur appareil sans avoir à payer les “10 % de frais de restockage”. Une option que compte bien utiliser cet utilisateur rencontré à l’Apple Store de Palo Alto : “J’ai acheté cet appareil pour son design. Maintenant, il faut que je le cache pour pouvoir passer des appels. C’est inadmissible !”

Reste à savoir quel sera le nombre de ces déçus de l’iPhone 4. Le patron d’Apple se veut optimiste. Lors de sa présentation, il a indiqué que, malgré la polémique, le taux de retour de l’iPhone 4 avait été de 1,7 %, contre 6 % pour son prédécesseur. Et que moins de 1 % des trois millions de clients de l’iPhone 4 ont appelé l’entreprise au sujet de problèmes de réception. “A présent qu’Apple a fini par confirmer le problème, les retours seront plus importants”, estime cependant l’analyste Rob Enderle.

iPhone 4 : au lieu de s’excuser, Apple cible ses concurrents

Sur la forme, Steve Jobs n’a présenté aucune excuse réelle concernant ce problème de conception : “Nous ne sommes pas parfaits”, a-t-il seulement admis, tout en affirmant que l’iPhone 4 reste le “meilleur appareil qu’Apple ait jamais sorti”. Il a par ailleurs contre-attaqué en estimant que les critiques formulées à son encontre avaient été “exagérées au-delà de toute proportion”. Il a même essayé de minimiser les problèmes de réception en affirmant qu’ils sont communs à l’industrie du smartphone… n’hésitant pas à citer le canadien RIM, HTC et Samsung.

“C’est faux !, s’insurge les deux cofondateurs de Research In Motion, leader sur le marché du smartphone avec son BlackBerry. La tentative d’Apple d’associer RIM à sa propre débâcle est inacceptable. En parlant des produits de RIM, Apple essaye de détourner l’attention du grand public sur ses propres problèmes d’antenne. Pendant plus 20 ans, notre expérience dans la technologie des antennes nous a permis de concevoir des appareils sans fil et d’éviter de commettre les erreurs d’Apple avec l’iPhone 4. Ce qui est sûr, c’est que les clients de RIM n’ont pas besoin d’utiliser une coque pour pouvoir téléphoner.”

Pour Motorola, les problèmes associés aux antennes placées à l’extérieur du châssis de l’appareil sont connus de longue date. “C’est pourquoi nous avons évité ce genre de solution car les consommateurs n’aiment pas qu’on leur dise comment tenir leur téléphone dans la main”, ironise Sanjay Jha, responsable de la division des téléphones mobiles de Motorola.

En ignorant les vraies causes, Steve Jobs prend le risque de voir cet “Antennagate” déraper

Le pire, dans cette affaire, est que les dirigeants d’Apple étaient parfaitement conscients, dès l’an dernier, des risques associés au design de l’iPhone 4. Selon Bloomberg, Ruben Caballero, responsable des antennes d’Apple, aurait averti Steve Jobs des conséquences désastreuses d’une antenne externe sur la réception des appels et la prise en main de l’appareil.

En choisissant d’ignorer les vraies causes du problème de l’iPhone 4, Steve Jobs prend le risque de voir cet “Antennagate” déraper, avec des conséquences beaucoup plus graves pour Apple. “Le cours de l’action a déjà dévissé, avec des risques de class-action , tandis que certains sénateurs ont sommé Apple de s’expliquer, ajoute Rob Enderle. Pour Apple, le plus simple serait de rappeler l’iPhone 4 pour corriger son design, comme l’a fait Toyota avec ses voitures.”

Une décision qui, comme pour le constructeur japonais, serait évidemment très coûteuse, certains analystes chiffrant la facture à 1,5 milliard de dollars. Le prix à payer pour préserver l’image d’Apple si l’affaire ne se dégonfle toujours pas.

Jean-Baptiste Su (dans la Silicon Valley), L’Expansion.com

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