Le stress, mal du siècle et casse-tête des assureurs

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Face à l’explosion des absences au travail liées au stress, certains assureurs, comme AG, modifient les contrats qui assurent un revenu garanti en cas d’invalidité.

Le stress est la maladie du siècle. Parmi les 321.500 invalides recensés par l’Inami chez les travailleurs salariés, la plus grande partie, soit 35 %, sont affectés de troubles psychiques. Plus de 100.000 personnes actives souffrent, dans notre pays, d’une dépression ou d’un burn-out, qui constituent donc la première cause d’absence au travail, assez loin devant les douleurs musculaires.

Une des caractéristiques de ces maladies psychiques est leur longueur. La multiplication de ce type de pathologie explique ainsi que les travailleurs belges s’absentent en moyenne plus longtemps. Selon SD Worx, sur 100 jours de travail, le Belge compte aujourd’hui 5,5 jours de maladie, alors qu’en 2002, ces absences ne représentaient que 3,8 jours.

Une autre conséquence est sonnante et trébuchante. Avec la montée en puissance de ces pathologies, la facture pour les assureurs privés qui garantissent un revenu en cas d’invalidité est en train de flamber.

Nouveaux contrats, nouvelles clauses

En présentant voici quelques jours ses très bons résultats 2016, AG Insurance, la filiale d’Ageas, a pointé ce risque. AG Insurance est la principale compagnie sur le marché des contrats collectifs (donc payés par l’employeur) qui assure un revenu garanti. La filiale d’Ageas dit avoir une part de marché de 45 % et 117.000 affiliés. Et elle explique avoir modifié depuis la fin de l’an dernier les conditions de ses nouveaux contrats revenus garantis. L’assureur offre désormais deux possibilités. Soit il continue comme par le passé d’assurer un revenu sans limite dans le temps, mais alors, l’entreprise cliente doit verser une prime bien plus élevée. Soit la prime reste stable, mais l’indemnisation ne court alors que sur deux ans.

” On observe que plus l’invalidité dure longtemps, plus il est difficile de réintégrer l’entreprise, explique Gerrit Feyaerts, porte-parole d’AG Insurance. C’est pourquoi nous proposons aux travailleurs victimes d’un stress un trajet de réinsertion gratuit, qui repose sur l’aide de professionnels “, dit-il.

Le problème ne touche pas uniquement les assureurs privés. La facture, pour la sécurité sociale, est aussi en train de gonfler. Entre 2007 et 2016, les montants dépensés en indemnités maladie ont quasiment doublé. L’an dernier, la sécurité sociale a déboursé en indemnités de maladie invalidité environ 7,9 milliards d’euros, et cela sans compter le demi-milliard dévolu aux accidents du travail et aux maladies professionnelles. Et pour la première fois, les dépenses en indemnités d’invalidité ont dépassé les indemnités de chômage (7,2 milliard). Le stress est bien devenu la maladie du siècle.

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