Qualcomm digne d’achat malgré les incertitudes

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Qualcomm fait l’objet d’une tentative d’acquisition opportuniste par Broadcom. La direction de Qualcomm semble en dépit de tout appelée à succomber aux charmes du groupe singapourien. Leur union accoucherait d’un nouveau géant.

Qualcomm a souvent fait parler de lui dans les médias (financiers) ces derniers trimestres. Tout d’abord en raison du litige avec Apple, l’un de ses principaux clients, au sujet d’un brevet. La division Semi-conducteurs Qualcomm Chipset Technology (QCT) produit des puces de communication utilisées dans plusieurs appareils mobiles. Qualcomm Technology Licensing (QTL) regroupe quant à lui les propriétés intellectuelles du groupe.

Les fabricants d’appareils mobiles sont redevables à QTL d’une redevance pour l’utilisation de ces brevets (royalties). Or Apple (comme d’autres) se plaint de la hauteur de cette redevance, exprimée en pourcentage du prix de vente des appareils mobiles; presque exclusivement active dans le segment supérieur du marché, l’entreprise à la pomme est donc redevable de la somme la plus élevée. Elle avait suspendu au début de l’an dernier tous les paiements de licence, dans l’attente d’un jugement ou d’un accord. Cette décision a considérablement pesé sur le chiffre d’affaires du très rentable QTL, et érodé les marges du groupe.

Le modèle de licence de Qualcomm est contesté par les autorités de la concurrence également. Après avoir été pénalisée en Asie, l’entreprise s’est vu infliger en janvier une amende de 1,23 milliard d’euros, prononcée par la Commission européenne. La chute du cours a inspiré en novembre une offre opportuniste à son concurrent Broadcom. La proposition, de 60 dollars en espèces et 10 dollars en actions, a été considérée comme insuffisante par Qualcomm. Laquelle tente depuis octobre 2016 d’acquérir le néerlandais NXP Semiconductor, spécialiste des semi-conducteurs pour voitures, applications industrielles et l’Internet des objets: ayant senti venir l’orage, Qualcomm a décidé de diversifier ses activités. Mais l’offre initiale, de 110 dollars par action, a été rejetée par plusieurs actionnaires activistes de NXP. Une seconde offre (à 127,5 dollars, soit 16% plus élevée) fut par contre acceptée. Broadcom avait entre-temps enchéri de 70 à 82 dollars, en majorant la composante Actions, avant de rapidement en revenir à 79 dollars. Or Qualcomm affirme s’être appréciée maintenant que l’acquisition de NXP est presque conclue; Broadcom, lui, prétend que c’est justement le contraire. La direction de Qualcomm se dit désormais disposée à étudier une offre si le prix devait être relevé. Pour l’exercice en cours, le bénéfice initialement escompté était compris dans une fourchette allant de 5,25 à 6 dollars par action. La contribution de NXP est estimée à 1,5 dollar, ce qui porterait le total à 6,75 ou 7,5 dollars. C’est plus de deux fois les estimations des analystes, qui atteignent à peine 3,4 dollars par action. Plusieurs administrateurs recommandés par Broadcom devraient être nommés le 6 mars, ce qui faciliterait considérablement l’acceptation de l’offre.

Conclusion

Les projections bénéficiaires largement divergentes montrent à quel point les incertitudes entourant Qualcomm, dont la moindre n’est pas celle relative à l’offre de reprise en cours, sont nombreuses. Le modèle de licence devra être adapté, ce qui affectera les marges. Qualcomm n’en restera pas moins un acteur dominant dans le segment de la communication mobile, tant pour les semi-conducteurs qu’en matière de propriété intellectuelle. Nous réitérons notre conseil d’achat, en acceptant la volatilité liée à la saga entourant l’offre.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 66,98 dollars

Ticker : QCOM US

Code ISIN : US7475251036

Marché : New York Stock Exchange

Capit. boursière : 99,1 milliards de dollars

C/B 2017 : 22

C/B attendu 2018 : 19,5

Perf. cours sur 12 mois : +22 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +4 %

Rendement du dividende : 3,4 %

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