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Relancer l’économie, le débat, ou sa cote de popularité ?

C’est évidemment le propre de l’opposition de ne jamais être contente. Ainsi, samedi dernier, après l’annonce du plan de relance concocté par Di Rupo et consorts, Ecolo s’empressait de riposter : “Le gouvernement va reprendre d’une main ce qu’il donnera de l’autre. Car si la baisse de la TVA sur l’électricité à 6 % aura un effet direct sur la facture des citoyens, ceux-ci seront pénalisés par le recul de l’indexation des salaires qui est liée au prix de l’électricité”.

Un argument tout à fait fallacieux, comme l’a très vite (et bien) souligné la vice-Première ministre Laurette Onkelinx (PS) — forcément convaincue par le plan en question. Car l’indexation des salaires ne vise pas à “augmenter” le pouvoir d’achat des citoyens mais bien à le “maintenir”, compte tenu de l’inflation. Par contre, une baisse de la TVA telle que celle prévue par le gouvernement a bel et bien un effet direct sur le pouvoir d’achat des citoyens, quasiment tous consommateurs d’électricité.

Là où cependant la vice-Première s’empêtre, c’est lorsqu’elle évoque, comme avantage de la mesure en question, un “ralentissement de l’inflation”. La baisse de la TVA sur l’électricité vise-t-elle vraiment à réduire l’inflation, qui s’élève à 0,8 % à peine en Belgique actuellement ? Ce serait pour le moins étrange, sachant que l’inflation est déjà globalement en baisse en ce moment (la moyenne belge pour 2013 se situant à 1,16 %) ; qu’une inflation dite “normale ou faible” tourne autour des 2 % par an ; et que de nombreux économistes s’accordent aujourd’hui pour dire que seule une hausse de l’inflation permettrait de sortir de la crise, celle-ci ayant pour effet de réduire le poids relatif de la dette et donc d’accélérer son apurement. Du reste, cette “stratégie inflationniste” est celle poursuivie en ce moment par les banques centrales occidentales, américaine en tête, européenne dans une moindre mesure — avec des effets mitigés puisque de part et d’autre de l’Atlantique, l’inflation reste faible, autour de 1 %. En tout état de cause, il serait curieux, voire inapproprié, que le gouvernement belge veuille absolument faire baisser les prix pour ralentir encore cette inflation.

Quelle est donc la conclusion de tout ceci ? Que le politique entretient, par l’entremise d’une bouillabaisse d’informations tantôt incomplètes, tantôt contradictoires, voire même parfois insensées, des idées fausses dans l’esprit des citoyens. Pour quelle(s) raison(s) ? Démagogie, populisme ? Peut-être, et probablement d’autant plus en période pré-électorale. Incompétence, ignorance ? Autant ne pas y penser, mais on ne peut parfois pas s’en empêcher… Alors qu’on ferait sans doute mieux de se poser une seule et unique question : ce plan de relance, est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Une bonne chose évidemment, même s’il y aura toujours des grincheux pour dire qu’il est insuffisant. Hausse du pouvoir d’achat des ménages par le biais d’une baisse de la TVA sur l’électricité, report d’index qui influe, à court terme certes, positivement sur la compétitivité des entreprises, 500 millions débloqués pour diminuer le coût du travail (essentiellement au niveau des bas salaires) sur les trois prochaines années, 22 millions pour renforcer la déduction fiscale pour investissements dans les zones franches et un effort demandé aux entreprises en termes d’engagement et de formation. Que celui qui estime ces mesures inutiles ou carrément contreproductives relance son micro-processeur interne avant de relancer un débat souvent et malheureusement inutile, voire contreproductif.

CAMILLE VAN VYVE, Rédactrice en chef adjointe

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