Trente redresseurs de torts

Les 30 finalistes de The Venture de Chivas Regal. © Chivas

Cinq minutes. C’est ce dont dispose le vainqueur belge de The Venture de CHIVAS REGAL – Michael Van Cutsem (BeeOdiversity) – pour tenter de surclasser les 29 autres start-up sociales issues des quatre coins du monde. Un million de dollars attend les cinq plus prometteuses d’entre elles. Jour et lieu du verdict ? Le 13 juillet, à Los Angeles. D’ici là, le public peut aussi intervenir dans la répartition des fonds. Les lecteurs de Trends Style aussi peuvent d’émettre un vote jusqu’au 12 juin.

Ils ont été des milliers d’entrepreneurs désireux de contribuer via leur entreprise à un monde meilleur, à se sentir appelés. Trente d’entre eux sont arrivés en finale de The Venture de Chivas Regal, un concours mondial qui soutient l’entrepreneuriat social. Ces 30 élus ont reçu un entraînement de cinq jours au Skoll Centre for Social Entrepreneurship de la Saïd Business School à Oxford afin de peaufiner leur plan de développement et d’affûter leur pitch.

Après cette Accelerator Week, l’aboutissement de leurs idées innovantes, leur générosité à l’égard de leur prochain et de l’environnement, leur sens de l’entreprise et leur persévérance ont pris la forme d’un exposé de 5 minutes. Le 13 juillet, à Los Angeles, les 30 finalistes auront à convaincre un jury de caciques du business en seulement 300 secondes. A la clé ? 750.000 dollars. 1.250 dollars par seconde de pitch – pour les cinq finalistes, s’entend. Les 250.000 dollars restants étant, eux, attribués par le grand public – par les lecteurs de Trends Style aussi, donc. Pour répartir ce capital, il est possible d’émettre un vote jusqu’au 12 juin.

LE 13 JUIN, LE VAINQUEUR BELGE DE THE VENTURE DE CHIVAS REGAL DISPOSERA DE 5 MINUTES POUR CONVAINCRE LE JURY DE LA PERTINENCE DE SON PROJET BEEODIVERSITY.

A Oxford, Michael Van Cutsem, le vainqueur du volet belge, a fait connaissance des autres finalistes – 29 entrepreneurs enthousiastes issus des quatre coins du monde. Son projet, BeeOdiversity, oeuvre à un avenir meilleur avec plus de bio-diversité et moins de pollution et ce, grâce aux abeilles.

Richard Black, directeur de Chivas Regal : ” Chez Chivas, nous croyons que le succès et la générosité vont de pair. Une disposition d’esprit que nous avons observée chez tous les finalistes. Ils construisent un business sain dont les générations futures récolteront également les fruits “.

Qui pourrait l’emporter sur le projet BeeOdiversity ? Petit aperçu, ci-dessous, des 29 autres finalistes selon un ordre alphabétique géographique.

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A-C

l En Allemagne, Liang Wu (Green City Solutions) lutte contre la pollution de l’air en ville grâce à CityTree, un ” arbre urbain ” relevant de l’écologie high-tech. Ressemblant à un mur moussu, il filtre autant d’air que 275 arbres.

l L’Argentin Alejandro Major (Xinca) fabrique des sneakers de qualité à partir de détritus. ” Nos chaussures sont issues de déchets et nous en sommes fiers. ” Leurs fabricants sont les occupants des cellules de la prison de San Felipe.

l L’Australien Lauren Shuttleworth (Words with Heart) réalise des impressions de cartes, carnets, etc., au moyen d’encre végétale sur du papier recyclé 100 % et en utilisant de l’électricité verte. Les profits permettent de soutenir l’instruction des fillettes et des femmes au Sierra Leone, au Cambodge, en Ouganda et au Népal. Entre autres.

l Livre, l’entreprise des Brésiliens Júlio et Lúcio Oliveto Alves, dont le nom (portugais) réfère à la liberté, transforme des chaises roulantes en tricycles électriques. Comme il le décrit avec humour : ” Nous créons un futur où la chaise roulante apporte liberté et plaisir “.

l La Bulgare Kornelia Dimitrova (Sea Harmony) réinsuffle de la vie dans des parties ” mortes ” de la mer grâce à des bancs de moules verticaux qui augmentent la qualité de l’eau et contribuent au retour des poissons et des crevettes.

l First Respond est le projet de premiers secours du Chinois Robin Lu Ju. Les soins d’urgence ne sont pas toujours une évidence. Celui qui intervient peut même risquer des poursuites si les choses tournent mal. Ceci explique que beaucoup restent à l’écart en cas de crise cardiaque, par exemple. L’objectif de First Respond ? Faire de l’assistance réciproque une norme sociale en Chine.

l Le Colombien Álvaro Vásquez (Bioestibas) résout deux problèmes écologiques à la fois. La déforestation étant due pour 40 % à la production de transpalettes et 9.000 tonnes de tiges étant incinérées chaque mois aux alentours de Medellin, occasionnant une pollution de l’air considérable, Bioestibas fabrique des palettes à partir de tiges, sans le moindre bois.

LES 250.000 DOLLARS RESTANTS DE LA CAGNOTTE SONT ATTRIBUÉS PAR LE GRAND PUBLIC. PAR VOUS, DONC.

E-I

l Sea2See, en Espagne, recycle les filets de pêcheurs et les déchets plastiques récupérés dans les ports pour en faire des lunettes design. Chaque paire réduit de 10 m² la surface de plastique flottant en mer.

l Aux Emirats arabes unis, les travailleurs migrants gagnent très peu. Et les bureaux de change rabotent encore les petites sommes économisées qu’ils peuvent envoyer dans leur pays d’origine. Un fait honteux, selon Katharina Budd qui a développé NOW Money permettant de transférer de l’argent sans frais via un smartphone.

l DayOne Response est la réponse que propose Tricia Compas-Markman (Etats-Unis), à la pénurie d’eau potable après de grandes catastrophes. Cette mini-station d’épu-ration se place dans un sac à dos pouvant se partager rapidement parmi des gens qui en ont un besoin urgent.

l En Grande-Bretagne, l’économie de partage touche aussi l’assiette grâce à Tessa Cook. Son application gratuite OLIO permet de proposer des denrées alimentaires non consommées ou dont la date de péremption est proche. ” Je suis fille d’agriculteur et je supporte mal l’idée que 30 à 50 % de ce que nous produisons soient perdus. “

l En Grèce, les chaises roulantes de Marios-Ermis Petrotos (Laddroller) permettent aux paralysés de se mettre en position debout. Pratique, car l’installation d’interrupteurs, de toilettes, d’armoires, etc. à la hauteur des patients en chaise roulante ne peut se faire partout dans le monde. Et génial, car ce modèle coûte deux fois moins que les alternatives comparables sur le marché.

l L’industrie de la mode est, après celle du pétrole, la plus polluante au monde. Dixit Michelle Bang de Hongkong. BYT fait en sorte que les vêtements de luxe invendus ne finissent pas à la décharge, les faisant transformer en mode nouvelle et à prix raisonnables, par des couturières sans emploi.

l Le Hongrois Mark Istvan (NowTechnologies) développe de nouvelles manières de piloter les chaises roulantes. Par des mouvements oculaires, par exemple, ce qui permet à des personnes totalement paralysées de pouvoir malgré tout se déplacer.

l En Israël aussi, on se penche sur les corps défaillants. Son Permingers Intendu développe des jeux vidéo d’entraînement du cerveau pour personnes atteintes de lésions cérébrales (suite à un accident, à un infarctus, à l’âge…), permettant ainsi de travailler aussi à sa revalidation chez soi.

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J-N

l Au Japon, Factelier reverse l’argent déboursé par les consommateurs pour leur habillement, directement aux créateurs et producteurs locaux. ” Les grossistes opportunistes ” – comme les appelle Toshio Yamada – étant disqualifiés, les ouvriers et ouvrières des ateliers de couture gardent le contrôle sur les prix.

l Disposer de toilettes chez soi n’est pas évident pour tous dans l’est de l’Afrique. La solution préconisée par le Kenyan Dickson Ochieng (Sanivation) est de considérer les excréments non pas comme des déchets mais comme du combustible. Il les fait transformer en briquettes – une alternative au charbon. Effet médical collatéral positif : plus de gens adhèrent à son scénario, moins il y a de risque de propagation de maladies infectieuses.

l Le Malaisien Will Chua lance le concept FOLO (Feed Our Loved Ones) – un acronyme qui semble s’apparenter à YOLO (You Only Live Once), FOMO (Fear Of Missing Out) et JOMO (Joy Of Missing Out). Chaque jour, il rassemble trois tonnes de restes de nourriture d’hôtels et de restaurants qu’il composte. De quoi suffire à fertiliser de manière totalement naturelle les terres de 100 familles d’agriculteurs.

l Au Mexique, Wearobot s’emploie à augmenter la force des mouvements corporels. Pratique en cas de travail lourd. Mais parfois nécessaire aussi, lorsque le corps montre des ratés en raison de l’âge ou suite à un accident ou à une maladie. L’exosquelette conçu par Ernesto Rodriguez-Leal coûte 46 fois moins que les modèles existants, rendant l’assistance robotisée accessible à plus de gens.

l Au Nigeria, il n’y a ni parcs à conteneurs ni sacs poubelles de différentes couleurs. Mais il y a des déchets. Ce qui n’a pas échappé à Chioma Ukonu, pas plus que la nécessité d’une campagne verbale : sa petite armée de Wastebusters récolte les immondices à domicileau moyen de tricycles électriques (portant l’inscription ” Turn your waste into wealth “)et rémunère les gens à l’aide de points convertibles dans son iRecycleStore.

l La cuisine sur feu ouvert génère des fumées nocives, coûtant chaque année 4 millions de vies en Afrique. La Néerlandaise Judith Joan-Walker a conçu l’appareil de cuisson sans fumée ACE I, qui produit aussi de l’énergie solaire pour l’éclairage ou le chargement de GSM. Et qui fonctionne avec du petit bois, des épis de maïs, du fumier…

?P-T

l Le Polonais Adam Kuzdraliski (NexBio) engage une lutte contre les maladies des plantes agricoles en proposant un système efficace et bon marché : un laboratoire mobile de la grandeur d’un smartphone, qui permet aux agriculteurs de tester directement la santé de leurs plantes et donc de ne plus utiliser préventivement des pesticides.

l Sun, du Portugais Nuno Oliveira, produit les premiers bateaux au monde entièrement propulsés à l’énergie solaire. Trois modèles d’une longueur de 7 mètres sont déjà disponibles.

l SoloCoco est une initiative de commerce équitable de Daniel Dalet de République Dominicaine. Huile, farine, savon, lotions, etc. sont fabriqués à base de noix de coco. La partie ” Solo ” de l’appellation réfère au procédé : tout est fait main par des mères isolées et souvent peu scolarisées à qui l’on offre ainsi une perspective d’avenir meilleure.

l SoWat du Roumain Khaled Al Mezayen produit, pour à peine 5 cents par personne et par mois, de l’eau potable pour 5.000 personnes. Le système, qui utilise une technique de filtrage mécanique plutôt que des produits chimiques, est mobile. Ce qui le rend idéal pour produire de l’eau potable dans les camps de réfugiés, par exemple.

l La Slovaque Veronika Osvaldová (SmartHead) en a assez du négativisme récurrent dans les bulletins d’infos traditionnels et n’envoie vers le monde que des informations positives via sa plate-forme en ligne, fournissant ainsi un mégaphone virtuel aux personnes et organisations oeuvrant à un monde meilleur.

l Il faut être riche pour pouvoir se payer de l’eau en bouteille en Afrique. I-Drop du Sud-Africain James Steere propose une option moins coûteuse. Pour 1/5e du prix, il est possible de remplir sa canette d’eau dans n’importe quel magasin.

l Le Tchèque Daniel Vach propose une barre énergétique riche en protéines conçue à partir de farine de grillons.

l En Thaïlande, les revenus des riziculteurs se situent six fois sous le seuil de pauvreté. Peetachai Dejkraisak (Siam Organic) leur permet désormais de planter une nouvelle variété : le riz violet Jasberry. Très nutritif pour l’humain et… le compte en banque – les revenus des cultivateurs ont en effet connu une augmentation d’un facteur 14.

Texte: Dirk Remmerie

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