Zéro angle: mobilier de jardin à facteur

Alors que dans les années 1990, l’on aspirait à des jardins droits et épurés, la tendance actuelle est aux jardins sauvages, organiques et arrondis. Un mouvement cyclique que nuance pourtant l’architecte de jardins Stefan Morael: “C’est précisément le contraste entre la ligne droite et la courbe qui crée la beauté”.

“Nous n’avons pas inventé le cercle – nous sommes arrivés beaucoup trop tard pour cela -, et l’ove existait déjà, lui aussi.” Dixit Kris Van Puyvelde, designer et fondateur du label outdoor belge Royal Botania. “Mais je pense pouvoir dire qu’à l’appui de la gamme Organix, nous avons donné une place aux formes douces et courbes dans les jardins et sur les terrasses. Il y a vingt ans, tout était rectiligne et épuré, aujourd’hui le public aspire davantage à des formes rondes et douces. Tout passe et revient.”

COURBES NATURELLES

La ligne courbe est-elle une tendance d’aménagement intérieur qui, avec le temps, se serait déplacée de l’intérieur vers l’extérieur? “Aujourd’hui, intérieur et extérieur sont proches et très parallèles. Bien sûr, le mobilier d’intérieur possède une histoire beaucoup plus longue… Jusqu’il y a 20 ou 30 ans, le mobilier d’extérieur était très limité. Depuis, le consommateur est devenu plus conscient: la qualité d’un meuble d’extérieur doit être au moins aussi bonne que celle d’un meuble d’intérieur – que l’on songe aux conditions météorologiques auxquelles le mobilier outdoor est exposé.”

Les humains recherchent un abri et une vue d’ensemble. Comme les animaux de proie.

Notre aspiration à des formes plus douces correspondrait-elle à une réaction face au durcissement de la société? Kris Van Puyvelde ne l’envisage pas nécessairement ainsi mais le contexte joue certainement un rôle. “Il s’agit aussi d’un revival du vintage. Durant les années 1960 et 70, les formes courbes étaient beaucoup utilisées. L’intérêt pour le vintage est à nouveau très en vogue. Par ailleurs, à l’extérieur, on évolue dans un environnement organique. Dans la nature, on ne trouve pas de ligne droite… excepté l’horizon, peut-être, et encore. Les formes douces s’intègrent nettement mieux à la nature que la ligne droite, elles se fondent pour ainsi dire en elle.” Pour l’architecte paysager et de jardins Stefan Morael, il ne s’agit pas seulement de fusion d’un élément dans un autre. “C’est précisément le contraste entre des éléments différents qui crée la beauté. Ainsi, dans le cas d’un jardin sauvage entourant une maison, il est pertinent de concevoir au milieu de cette nature chaotique une élégante terrasse. Cette nature sauvage prend ainsi toute sa valeur.”

PAS DE JOUR SANS NUIT

Pour Stefan Morael, la question du pourquoi de la ligne fluide n’a rien d’évident. “Dans les années 1990, les jardins étaient le plus souvent droits – comme un prolongement de l’habitation. Cela peut se concevoir pour une partie du jardin, dans une terrasse de raccordement, par exemple, mais ensuite, pour la partie verte, il faut lâcher prise. Il n’y a pas de jour sans nuit. Cela ne devient fascinant que lorsqu’on joue sur les contrastes entre les interventions architecturales et les lignes courbes des plantations.”

Mais il existe un autre aspect important lié aux tracés courbes: ils présentent un côté intérieur et un côté extérieur. “Une courbe est concave d’un côté et convexe de l’autre. Le côté concave, intérieur, est synonyme d’intimité, de sécurité… En tant qu’êtres humains, nous sommes encore, dans une certaine mesure, des animaux de proie. Nous recherchons un abri et une vue d’ensemble. Dans un parc, on choisit plutôt de s’asseoir sur un banc bordé d’arbres à l’arrière… On entend le bruissement des feuilles derrière soi tout en ayant une vue d’ensemble sur la pelouse devant soi.”

Fauteuil Organix ? 6.027 Coussins décoratifs ? 539
Fauteuil Organix ? 6.027 Coussins décoratifs ? 539

Dans ce contexte, Stefan Morael évoque le parc Güell de Gaudí à Barcelone. “Les longs bancs carrelés ondulants constituent une succession de lignes concaves et convexes. C’est dans les parties concaves, dans les creux, que l’on s’assoit pour parler et rire ensemble – cela procure un sentiment d’appartenance – et non dans les parties convexes, à moins de vouloir être seul durant un moment. C’est moins accueillant, plus rédhibitoire. Cette convexité a aussi pour effet de diviser l’espace – ce qui joue un rôle du point de vue de la perspective. Tout cela ne s’applique pas à un long banc rectiligne.”

LONGÉVITÉ = DURABILITÉ

Stefan Morael: “La ligne courbe est douce et évoque une composition paysagère romantique. C’est en tout cas ce que l’humain perçoit. Selon moi, ce qu’il trouve beau dans ces ondulations, c’est la référence à la nature, ou ce que l’on considère comme telle”. Raison pour laquelle on aspire à préserver cette nature. Comment? En concevant le plus de jardins possible, en bétonnant le moins possible – plus de verdure et moins de surfaces dures. Et en s’y prenant de façon durable avec elle. Kris Van Puyvelde a son opinion sur la question. Les cadres et les panneaux arrière de nombre de ses meubles outdoor sont en aluminium et donc 100% recyclables. “En ce sens, la gamme Organix est écologique, mais lorsqu’il est question de durabilité, je plaide avant tout pour la longévité. La durée de vie du produit est, selon moi, l’aspect écologique le plus important, et beaucoup oublient de la prendre en compte. Une grande quantité d’énergie demeure nécessaire au recyclage d’un produit – que l’on songe à la logistique, à la refonte, etc. Mais la durée pendant laquelle nous en retirons du plaisir a aussi à voir avec la durabilité.”

“Certains achètent du mobilier bon marché qui dure peu, et se voient alors contraints d’en racheter. Cela nécessite constamment une nouvelle énergie. Il est à espérer que l’on prendra ses distances avec cette consommation rapide. Royal Botania y contribue en proposant de la qualité appelée à durer. Une manière de contrer la société du jetable. Dès lors, en plus de produire du mobilier, la marque propose aussi de réparer nombre de ses produits – des parasols de près de 30 ans, des chaises dont les coussins doivent être remplacés après 15 ans… Cette démarche peut paraître anti-commerciale mais nous le faisons avec plaisir, nos distributeurs le savent. Un produit qui dure est un manifeste en soi.”

www.royalbotania.com

www.stefanmorael.com

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