Un anniversaire en temps et en heure

9838 La magie d'un ingénieux mécanisme permet à l'aiguille flexible des minutes de modifier sa forme selon sa position sur le cadran oblong. Au bénéfice de plusieurs brevets, ce mécanisme inédit est une création signée Breguet.

Longtemps, on a cru que c’était à Patek Philippe que l’on devait la toute première montre-bracelet, produite en 1868 pour la comtesse hongroise Kocewicz. Jusqu’à ce qu’Emmanuel Breguet retrouve, il y a vingt-cinq ans, dans ses archives, un carnet de commandes sous une fine couche de poussière évoquant la montre “n° 2639”, créée en 1812 pour la reine de Naples.

Nous notons la date du mois de décembre 1812 comme celle où Abraham-Louis Breguet achève la création d’une montre exceptionnelle qui entrera plus tard dans l’histoire comme la toute première montre-bracelet au monde. Deux ans plus tôt — le 8 juin 1810 — Caroline Murat, reine de Naples et soeur cadette de Napoléon Bonaparte, commande à Breguet la fabrication de deux montres peu ordinaires: une montre de carrosses à grande complication qu’elle emportera lors des voyages et une montre à répétition à attacher à un bracelet. Caroline Murat est une fervente admiratrice des créations de Breguet et rend régulièrement visite à l’horloger de la cour de France. Elle commandera au cours de sa vie pas moins de 34 horloges et pendules à Breguet. Mais la plus singulière est sans aucun doute la montre-bracelet Breguet n° 2639, décrite dans les archives de Breguet comme: “répétition de forme oblongue pour bracelet”. Elle possède un échappement à ancre dit “échappement libre” et est dotée d’un thermomètre. Sa réalisation a demandé 34 opérations différentes impliquant 17 artisans. Début décembre 1811, la montre semble prête et est facturée 4 800 francs par Breguet qui l’avait initialement estimée à 5 000 francs (un montant astronomique pour l’époque). Cependant, il faut changer le système de la minuterie et remplacer — sans doute à la demande de la Reine — le cadran en or guilloché par un cadran en argent guilloché avec chiffres arabes. La pièce est finalement achevée le 21 décembre 1812.

Le bracelet de la toute première montre-bracelet de l’histoire était en cheveux humains garnis d’or

Un bracelet en cheveux

Pendant longtemps, on perd la trace de la montre jusqu’à ce que, le 8 mars 1849, la comtesse Rasponi apporte sa montre à Breguet pour réparation. Il s’agit d’une “montre à répétition très plate n° 2639, cadran d’argent, chiffres arabes, à thermomètre et une fonction qui indique si la montre avance ou retarde en indiquant si le balancier est bien réglé. Ladite montre s’ajuste dans un bracelet en cheveux garnis d’or ou dans un étui de maroquin rouge et est dotée d’une clé simple d’or et d’un autre bracelet garni d’or également”. Sa propriétaire n’est autre que Louise Murat, quatrième et dernière enfant de Joachim et Caroline Murat, qui a épousé en 1825 le comte Giulio Rasponi. Le 27 mars 1849, la montre est rendue à sa propriétaire. La réparation, d’un coût de 80 francs, est décrite en ces termes: “On a repoli les pivots, rétabli le thermomètre, remis la répétition dans ses fonctions, remis le cadran à neuf, visité, nettoyé et réglé la montre dans toutes ses parties.”

Introuvable

En août 1855, la comtesse Rasponi rapporte sa montre chez Breguet. Cette fois pour obtenir de nouvelles clés: une clé mâle pour le remontage, une clé femelle pour la mise à l’heure. Cette mention, qui indique de plus que la montre possède une boîte en or guilloché et un “grand anneau d’or brisé”, est la dernière trace de la montre n° 2639. La montre est introuvable à ce jour. Aucune mention de cette pièce n’a été retrouvée dans les archives. Il n’en existe aucune illustration. Aucun tableau ne représente la reine de Naples avec sa montre, et il n’y a aucune trace de cette dernière dans les archives ou les collections d’art de ses descendants. Nous ne pouvons aujourd’hui qu’imaginer comment Caroline Murat sortait le précieux joyau de son écrin rouge pour les grandes occasions et s’en parait pour flâner dans les galeries de la Reggia Di Capodimonte. Construit en 1738 pour Charles de Bourbon, ce palais est devenu en 1808 la résidence de Caroline Murat, qui fut reine de Naples jusqu’en 1815. Aujourd’hui, la Reggia Di Capodimonte est un musée national et quelques-unes des pièces de vie de Caroline Murat ont été préservées. Elles révèlent que la reine était amatrice d’art, qu’elle aimait les artistes du monde parisien du théâtre et de la mode et les grands maîtres français, comme Ingres. Dommage qu’il n’existe aucun tableau de cette reine d’avant-garde arborant sa montre Breguet.

Codes esthétiques

En hommage à cette montre, l’une des plus innovantes de son temps, et à sa donneuse d’ordre, Montres Breguet a lancé en 2002 une collection exclusive pour femmes reprenant les mêmes caractéristiques que la montre-bracelet de la reine de Naples. À l’image de ce garde-temps d’origine, les créations de la collection “Reine de Naples” ont des formes ovales et un cadran excentré à 6 heures. Certains modèles sont munis d’un bracelet tressé ou d’un indicateur de réserve de marche à 12 heures, en référence à l’esthétique de la montre n° 2639, dont le bracelet était en cheveux garnis d’or et dont le tour d’heures affichait un thermomètre. Cette année, nous célébrons donc non seulement les 210 ans de la livraison de la toute première montre-bracelet, mais aussi les 20 ans du lancement de la collection Reine de Naples. Depuis, d’autres collections pour femmes ont également vu le jour. En 2005, par exemple, Breguet a fait sensation en dévoilant sa ligne Tradition. Les montres de cette collection étaient les premières à dévoiler la totalité du mouvement côté cadran. Ses modèles sont les interprétations contemporaines des montres à souscription imaginées par Abraham-Louis Breguet, qui se caractérisaient notamment par l’architecture de leur calibre tout en symétrie.

Aujourd’hui, Breguet lance deux nouvelles interpretations du montre Reine de Naples affichant deux styles distincts, mais ayant un point commun: l’aiguille des minutes, qui durant sa course sur le cadran se forme et se déforme. De quoi donner une pointe de caractère supplémentaire au sein de cette collection iconique.

Elle s’admire autant qu’elle intrigue: l’aiguille flexible des minutes, qui habille le cadran de ces deux nouveaux modèles. En effet, la magie d’un ingénieux mécanisme permet à celle-ci de modifier sa forme selon sa position sur le cadran oblong. Au bénéfice de plusieurs brevets, ce mécanisme inédit est une création signée Breguet.

La femme moderne

La première version, le 9835, montre une boîte en or blanc qui contraste élégamment avec son cadran en nacre bleu nuit, dont les teintes subtiles varient en fonction de la lumière. Son réhaut, sa lunette et ses attaches sont sertis de 161 diamants. Sa couronne affiche un diamant briolette, quant à sa boucle déployante, elle est décorée de 28 diamants. L’autre, le 9838, a un cadran laqué blanc qui contraste avec son bracelet alligator de teinte bleu nuit. Sa boîte en or blanc affiche une lunette, un réhaut, ainsi qu’une couronne sertie de saphirs bleus. Sur cette montre, les différents éléments présents sur le cadran semblent danser… En effet, les chiffres arabes décalqués s’allongent et se rétrécissent visuellement, tout comme le parcours de l’aiguille des minutes.

www.breguet.com

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