Sébastien Durieux (SRIW): “La transmission des PME familiales, c’est aussi notre métier”

© PG/ D. CLOSON

Le nouveau code des sociétés permet d’imaginer des formules ” créatives ” pour faciliter la cession des parts et du contrôle des sociétés familiales, dit le vice-président de la Société régionale d’investissement de Wallonie.

La SRIW vient d’intervenir dans le rachat d’Automation & Robotics, l’un des leaders mondiaux des instruments de mesure pour les verres de lunettes, basé à Verviers. Pourquoi un tel fleuron ne trouve-t-il pas un acquéreur privé en Wallonie ?

Il pouvait en trouver facilement, des groupes ont remis des offres. Mais le fondateur tenait à préserver à la fois le modèle collaboratif de l’entreprise et maintenir les activités à Verviers (140 personnes, 21 millions de chiffre d’affaires). Il nous a sollicités pour voir si nous pouvions soutenir une formule de cession au management et au personnel. Nous injectons 3,8 millions dans l’entreprise et les travailleurs rachèteront progressivement nos parts ainsi que le solde des actionnaires historiques. C’est une sorte de portage pour au moins 10 ans. Jamais un partenaire financier classique n’aurait fait cela. Et il y a quelques années, nous ne l’aurions sans doute pas fait non plus car il n’y a pas de création directe de valeur ajoutée. Mais cela contribue à l’ancrage des entreprises régionales performantes et c’est une mission que nous souhaitons mettre de plus en plus en avant.

La transmission est-elle à ce point un problème pour les entrepreneurs wallons ?

Notre tissu économique est composé de PME familiales. Beaucoup d’entre elles sont détenues par des personnes qui approchent de l’âge de la pension et qui s’interrogent sur la suite. Ces périodes peuvent se révéler une belle opportunité pour l’entreprise, quand le changement de génération amène de l’innovation. Mais elles peuvent aussi être très déstabilisantes avec, au mieux, le report de décisions stratégiques et, au pire, des conflits ouverts entre actionnaires familiaux. Si nous pouvons aider à trouver des solutions qui aident à l’ancrage et à la croissance de ces entreprises, nous sommes pleinement dans notre mission.

Il existe déjà des structures publiques dédiées à la transmission d’entreprise. Pourquoi venez-vous sur leur terrain ?

Il existe effectivement la Sowaccess chez nos amis de la Sowalfin. Mais il s’agit avant tout d’une plateforme de mise en relations de vendeurs et d’acheteurs d’entreprise. Nous, nous venons avec un financement et une approche de long terme pour éviter, par exemple, que celui qui doit racheter les parts de ses frères et soeurs dans une entreprise familiale ne se retrouve avec une trop grosse dette d’acquisition. Le nouveau code des sociétés nous permet en outre d’être créatifs, d’octroyer des droits de vote multiples à certains actionnaires ou des dividendes privilégiés. Cela facilite la recherche de solutions. Nous sommes vraiment dans notre coeur de métier, nous contribuons au maintien en Wallonie des centres de décision. Ces derniers temps, nous l’avons fait avec Automation & Robotics, mais aussi avec Upignac ou le groupe Nicols (Nivelles). Notre approche de long terme est rassurante: les entrepreneurs savent que nous serons à leurs côtés quand viendra l’heure de la transmission de l’entreprise.

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