Parole d’expert: ‘Le débat sur la capacité administrative ne fait que commencer’

Frank De Smet, partenaire de BDO Public Sector © DR

On attend des pouvoirs publics qu’ils fassent montre de “capacité administrative”, estime Frank De Smet, partenaire de BDO Public Sector. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Quels sont les aspects positifs d’une capacité administrative suffisante ?

L’expression “capacité administrative” revient régulièrement dans les discussions relatives à l’efficacité des pouvoirs publics. Le sujet fait l’objet de séminaires plus en plus nombreux.

Qu’entend-t-on exactement par “capacité administrative” ? Il s’agit d’un concept très large pour lequel il n’existe pas de définition claire et précise. Pour moi, la meilleure façon de définir la capacité administrative est celle-ci : la capacité des pouvoir publics à jouer leur rôle de façon performante, à fonctionner de façon efficace et à fournir un travail de qualité.

Voilà pour les principes généraux. Qu’est-ce que cela signifie dans la pratique ? Concrètement, les pouvoirs publics disposant de moyens financiers et de personnel compétent suffisants doivent être performants. Cela implique également l’obligation de se fixer des objectifs précis. Des pouvoirs publics performants sont donc dotés d’une organisation sérieuse et efficace de manière pouvoir mener une politique énergique.

Se pose alors la question de savoir si les pouvoirs publics sont performants et donc administrativement capables en ces temps de récession sous le signe des économies, et ce aux différents niveaux de pouvoir. Question épineuse s’il en est car à partir du moment où les autorités voient leurs moyens financiers fondre au soleil, peuvent-elles encore fonctionner de façon autonome ?

Des pouvoirs publics performants sont dotés d’une organisation sérieuse et efficace de manière pouvoir mener une politique énergique

Il faut effectivement se demander si les conditions d’une politique efficace sont remplies. Certains aspects doivent être remis dans une perspective historique. Autrefois, les organisations au sein des pouvoirs publics avaient essentiellement pour but d’absorber le surcroît de travail en période de rush. Après les nombreuses économies effectuées, ce tampon en période de rush n’existe plus. Les autorités sous-traitent pour se recentrer sur leur mission principale.

Bon nombre d’administrations ont du mal à évaluer avec précision leur niveau de performance. On peut évidemment chiffres certains facteurs comme les investissements réalisés par les pouvoirs publics dans l’infrastructure, le bien-être ou l’enseignement par exemple. C’est un premier pas. Les données relatives à l’input, d’ordre financier essentiellement, ne manquent pas. Mais pour ce qui est de l’output, c’est-à-dire des résultats, c’est nettement moins évident. L’évaluation du niveau de satisfaction des parties prenantes laisse parfois à désirer. Dans tous ces domaines, le débat sur la capacité administrative ne fait que commencer.

Pour accroître la capacité administrative des pouvoirs publics à l’avenir, le défi à relever est triple. Primo, les pouvoirs publics doivent pouvoir prouver le rendement des moyens investis. Quel est le retour sur investissement ? Secundo, les effets des décisions politiques doivent être mesurés. Tertio, l’intégration des différents niveaux de décision doit être améliorée.

Il est possible d’accroître la capacité administrative à condition que les différents niveaux d’autorités collaborent. Le débat sur certains doublons aux différents niveaux de pouvoirs publics est toujours d’actualité. Certaines tâches relèvent théoriquement de la compétence fédérale ou régionale, comme la sécurité par exemple, mais en pratique, elles sont exécutées au niveau local et impliquent donc une charge financière au niveau local. Ainsi par exemple, les zones de police et les services de pompiers sont financés localement.

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