Avec la nouvelle loi, la privatisation de bpost ou Proximus ne serait pas la seule option

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Avec la nouvelle loi favorisant la capacité concurrentielle des entreprises publiques, la privatisation de bpost ou Proximus ne serait pas la seule option, a indiqué mardi en commission de la Chambre le ministre Alexander De Croo alors que la députée Nele Lijnen (Open Vld) évoquait l’hypothèse du maintien d’une minorité de blocage.

Le ministre lui-même n’a pas exclu ce type de minorité. “C’est une possibilité même si ce n’est pas dans la loi”, a-t-il dit.

Permettre à l’Etat de faire passer sa participation en-dessous des 51% peut ouvrir la possibilité pour une des entreprises publiques cotées de “réaliser des acquisitions” afin d’accroître sa position dans un marché concurrentiel, a indiqué le ministre De Croo. Dans un marché en croissance, une entreprise doit lever des fonds et attirer du capital, a-t-il encore indiqué alors que les députés d’opposition se sont inquiétés d’une potentielle vente de Proximus et bpost voire à terme d’autres entreprises comme la SNCB. Celle-ci n’entre cependant pas actuellement dans le cadre légal à l’examen.

Le député Laurent Devin (PS) a surtout évoqué des propos tenus il y a quelques mois par la CEO de Proximus Dominique Leroy mettant en garde contre toute tentative de porter atteinte à la “stabilité”. Avec son collègue du sp.a David Geerts, il a également souligné le non-sens économique qui consisterait à vendre de tels joyaux, y compris, dans l’option d’un remboursement de la dette. David Geerts dernier a également appelé à veiller à la concurrence “sociale”.

Pour Isabelle Poncelet (cdH), ni l’Etat, ni le contribuable, ni l’emploi, ni le citoyen n’auraient à gagner d’une éventuelle privatisation, sans analyse d’impact.

En dépit des apaisements du ministre, le député Gilles Vanden Burre (Ecolo) a dit son inquiétude à l’égard des conséquences du projet de loi pour une série d’entreprises publiques. Le seul élément positif du texte est l’amélioration de la “corporate governance”, a dit Stefaan Van Hecke (Groen).

Le député Jef Van den Bergh (CD&V) a estimé que l’opposition avait une lecture erronée du projet qui ne porte pas sur la “libéralisation”. Celle-ci est en cours, il s’agit ici d’une adaptation de la loi visant à permettre aux entreprises publiques de se renforcer dans un monde de plus en plus concurrentiel, a-t-il dit. “La loi prévoit un cadre pour l’éventualité d’un désengagement de l’Etat mais cela doit se faire moyennant un arrêté délibéré en conseil des ministres qui tienne compte de l’intérêt stratégique, de l’ancrage belge, de la croissance, de l’impact sociétal et en termes d’emploi”, a-t-il souligné.

Pour Gilles Foret (MR) également, on joue sur les mots alors que la loi ne prévoit qu’une “éventualité” de privatisation. Certains évoquaient également une privatisation de Belgacom en 1995 quand “un certain Elio D.” a entrepris une “consolidation stratégique”, a-t-il rappelé.

Peter Dedecker (N-VA) a, en revanche, dit ne pas comprendre ceux qui dans l’opposition glorifient les entreprises publiques alors que ce sont les grandes entreprises privées comme Picanol qui font la fierté de l’économie. “On ne va pas en revenir à Dexia, la Sabena et à la RTT où on obtenait une ligne téléphonique après trois mois si on avait un appui politique”, a-t-il dit. “Et ceux qui craignent que la SNCB soit la suivante, je leur réponds que je l’espère quand on voit qu’il n’y a pas d’alternative aujourd’hui en cas de blocage par la FGTB”.

La présidente de la commission Karine Lalieux (PS) a relayé le point de vue de plusieurs membres de l’opposition selon lequel le ministre les invite à voter un texte dont on ne connaît pas les conséquences. “Vous devez la vérité aux travailleurs et aux citoyens”, a-t-elle résumé.

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