Zone euro: la Commission propose un Fonds monétaire européen pour 2019

/ © Reuters

La Commission européenne a proposé mercredi aux pays de l’UE de créer un Fonds monétaire européen pour mi-2019, dans le cadre d’une vaste réforme de la zone euro annoncée de longue date.

Ces propositions, destinées à parfaire l’Union économique et monétaire (UEM), avait été promises en septembre par le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker, qui entendait profiter de “la fenêtre d’opportunité” offerte par la reprise économique dans l’UE et la fin des processus électoraux en France et en Allemagne. Et ce avant les élections européennes de mi-2019.

Mais elles tombent mal pour un acteur de premier plan, l’Allemagne, qui est toujours sans nouveau gouvernement, alors que le président français Emmanuel Macron a lui-même présenté ses idées sur l’avenir de la monnaie unique en septembre dernier à La Sorbonne, à Paris.

Trois commissaires, l’Allemand Günther Oettinger, le Français Pierre Moscovici et le Letton Valdis Dombrovskis, ont été chargés par M. Juncker de présenter ces propositions à Bruxelles mercredi.

Avant même qu’ils ne parlent, certains médias en Allemagne s’emportaient contre Bruxelles, dont le journal populaire le plus lu du pays, Bild, qui écrivait dans son édition de mercredi: “La Commission européenne veut un Fonds monétaire européen: ce paquet de la Saint-Nicolas (ndlr: fête populaire dans plusieurs pays européens) ne plaît pas à tout le monde dans l’UE”.

La Commission européenne propose notamment “de transformer le Mécanisme européen de stabilité (MES), organe intergouvernemental de gestion de crise, créé par les 19 Etats membres de la zone euro, en Fonds monétaire européen”, a indiqué M. Moscovici.

“Le parlement européen et le Conseil (qui représente les Etats membres de l’UE) sont invités à adopter cette proposition à la mi-2019”, détaille un communiqué de la Commission européenne.

Le MES, qui a joué déjà un rôle très important dans le dernier programme d’aide à la Grèce, pourrait ainsi se substituer au FMI, basé à Washington, dans les futurs programmes d’aide aux pays en difficulté.

Perte d’influence

Financé par les Etats, ce FME pourrait aussi endosser un rôle de garant des banques en difficulté dans la zone euro, au cas où les mesures déjà prévues par les établissements financiers et les Etats nationaux dans le cadre de l’Union bancaire ne seraient pas suffisantes.

L’exécutif européen souhaiterait voir ce futur FME fermement ancré dans les règles et les compétences de l’UE, qu’il devienne un “organe communautaire”, “responsable devant le Parlement européen”, explique M. Moscovici.

Actuellement, le MES — dirigé par un conseil des gouverneurs composé des ministres des Finances des pays de la zone euro — est un organisme intergouvernemental.

Cette idée de le transformer en organisme communautaire risque d’inquiéter Berlin, plus gros contributeur financier au MES, ainsi que les autres gros pays, car ils perdraient de leur influence. Les droits de vote au MES sont en effet proportionnels à la contribution au capital.

L’actuel président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, n’est pas plus enthousiaste, d’ailleurs. “Je pense que le caractère intergouvernemental du MES nous a aidés à créer de la confiance entre les Etats membres”, a-t-il vanté récemment.

Parmi les autres propositions de la Commission, l’idée d’un ministre européen des Finances, qui devrait “cumuler les fonctions de commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires et président de l’Eurogroupe” — ce cénacle qui réunit chaque mois les ministres des Finances de la zone euro.

Les Allemands ont déjà prévenu: tout dépend des compétences qu’il aura.

L’exécutif européen propose aussi la création d’une ligne budgétaire pour la zone euro, une proposition qui semble aller moins loin que celle du président Macron, favorable à un budget conséquent propre à la zone euro, qui permettrait aussi de “lever de l’argent en commun”.

Ces propositions seront pour la première fois discutées par les chefs d’Etat et de gouvernement, lors d’un sommet spécial à la mi-décembre à Bruxelles, également consacré au Brexit.

Les propositions de la Commission ne sont “clairement pas la fin de l’histoire”, a d’ailleurs souligné en début de semaine une source diplomatique à Bruxelles.

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