“Tsipras avait l’air d’un chien battu”

© REUTERS

La nuit de dimanche à lundi fut particulièrement chargée pour le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Durant 17 heures, dans la nuit de dimanche à lundi, l’avenir de la Grèce s’est joué. Ces longues discussions ont encore une fois montré que la zone euro est divisée concernant la Grèce en difficulté. Cette nuit a également vu émerger un Premier ministre grec éprouvé.

Ainsi, on distinguait les pays ‘supporters’ de la Grèce, entre autres l’Italie, des pays intransigeants, sous la direction de l’Allemagne, qui ont voulu imposer encore plus d’assainissements à la Grèce. Des assainissements qui – à n’en pas douter – frapperont lourdement la population grecque, qui s’est il y a peu prononcée à 60% “contre la poursuite des mesures d’austérité” lors du très controversé referendum.

A genou

En fin de compte, le Premier ministre Tsipras – tenant compte du contexte politique – a dû avaler le pire lundi matin. Les créanciers ont réussi à mettre à genou l’ancien militant de la jeunesse communiste devant le capitalisme pur et dur, en échange d’un soutien de 86 milliards d’euros sensé maintenir la Grèce dans la zone euro.

‘Inquisition plutôt que négociations’

“Le gouvernement grec a pratiquement tout accepté”, disait le ministre-président de Maltes Joseph Muscat dans une courte interview à l’issue du marathon nocturne. “Il accepte tous les points cruciaux et importants”, explique-t-il. Selon le Premier ministre Alexis Tsipras lui-même, l’épuisant sommet européen tenait plus d’une inquisition que d’une étape de négociation.

“Nous étions confrontés à des décisions difficiles et des dilemmes pénibles “, a-t-il dit aux journalistes de l’agence de presse Bloomberg. “Nous avons pris la responsabilité de parvenir à une décision afin d’empêcher les plans les plus extrêmes des forces conservatrices les plus radicales de l’Union Européenne”, a-t-il ajouté.

Comme un chien battu

Quelques personnalités officielles présentes ont comparé Alexis Tsipras à un “chien battu”, pour qui la seule option existante consistait en une soumission à la volonté de ses créanciers, bien qu’il ait pu arracher l’une ou l’autre petite concession ici et là.

Qu’Alexis Tsipras, de retour à Athènes et dans son parti Syriza, soit rapidement sous les feux des critiques internes à cause des concessions faites à la Troïka est un euphémisme. Tsipras a tout de même pu enregistrer une petite victoire tactique à son actif. Il a en effet gardé le contrôle partiel sur le fonds de privatisation, qui sera alimenté par la vente de propriétés d’états grecques à hauteur de 50 milliards d’euros et qui servira à rembourser la dette publique. A un certain moment au cours de la concertation, Alexis Tsipras disait à ce sujet: “Je n’ai pas de mandat pour vendre la moitié de mon pays.”

La question reste de savoir si Tsipras réussira à maintenir une coalition d’unité nationale à Athènes et à rester de ce fait aux commandes, ou bien s’il démissionnera pour échapper au blâme politique dès qu’il aura réalisé qu’il a accepté des assainissements drastiques qu’il a lui-même combattus pendant longtemps.

Lire aussi: L’accord signé “le pistolet sur la tempe” n’a pas achevé Tsipras

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content