“Travailler jusqu’à 65 ans n’est pas la solution !”

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Tout le monde au travail jusqu’à 65 ans n’est pas le plan de sauvetage pour notre système de pension, estime l’Itinera Institute, qui introduit le concept de “pension à temps partiel”.

La pensée politique ambiante qui consiste à considérer le travail jusqu’à 65 ans comme la solution est erronée, estiment Jean Hindriks et Ivan Van de Cloot, de l’Itinera Institute, dans leur livre Notre pension en héritage.

Les calculs des deux experts montrent que la mise à la retraite progressive d’un employé entre 60 et 70 ans (avec des flexibilités concernant les heures de travail résultant, en moyenne, à des mi-temps) permettrait un nouveau contrat social par lequel des pensions décentes peuvent être garanties. Ils proposent ainsi le concept de “pension à temps partiel” en lieu et place du travail à temps partiel.

Si aucune action n’est entreprise, le “ratio de remplacement” (pension en rapport au dernier salaire) diminuera de 40 % à 25 % entre 2010 et 2050, chiffre encore le think tank : “Si aucun changement politique n’intervient, le nombre d’actifs restera constant (personnes au travail dans le groupe d’âge entre 20 et 60 ans) alors qu’un million et demi de personnes supplémentaires viendront grossir le rang des retraités (plus de 60 ans). Somme toute, il y aura en 2050 environ 4,5 millions de pensionnés pour un nombre similaire de travailleurs.”

Il peut en être autrement en réformant le système de pension sur base de propositions équilibrées entre responsabilité et solidarité, avance les deux experts. A leurs yeux, une augmentation du taux d’emploi des plus âgés sans modification de l’âge légal de la pension n’est “pas suffisante” pour stabiliser le nombre de pensionnés par travailleurs : “Si nous augmentons le taux d’emploi en Belgique au niveau moyen européen, cela ne résout qu’un sixième du problème, avance Jean Hindriks. Une augmentation du taux d’emploi jusqu’au niveau scandinave ne solutionnerait que 40 % du problème. Même un taux de plein emploi ne suffirait pas !”

Le recul progressif de l’âge de la pension à 70 ans à l’horizon 2050 “ne sera pas non plus suffisant pour stabiliser le nombre de pensionnés par travailleur si le taux d’emploi des plus âgés n’augmente pas également”, ajoute-t-il. Il faut donc, selon l’Itinera Institute, combiner des politiques visant le taux d’emploi et l’âge de départ à la retraite dans lesquelles création d’emploi et pensions partielles seront cruciales : “Nous avons calculé que pour revenir à l’équilibre, il faut tout d’abord une hausse du taux d’emploi et, par la suite, un recul progressif de l’âge de départ à la pension”, conclut Jean Hindriks.

La solution de l’Itinera Institute : créer plus de 100 nouveaux emplois par jour pendant 40 ans

Pour stabiliser les pensions, “nous devrons créer 33.000 emplois par an durant les 40 prochaines années (en équivalent temps plein), c’est-à-dire 100 nouveaux emplois par jour, calcule Itinera. Cette création d’emploi est possible puisqu’il apparaît qu’une telle croissance fut possible dans le passée.”

Une option est de reculer l’âge de la pension d’un an par décennie pour le porter à 70 ans à l’horizon 2050, indique encore le think tank : “L’emploi à partir de 60 ans est à temps partiel et peut être combiné avec une pension partielle également. Cette formule 50/70 permet de stabiliser le nombre de pensionnés par travailleur. L’objectif est, dans tous les cas, que l’individu puisse choisir librement, mais qu’il doive évidemment en assumer les conséquences.”

Comment faire en pratique ? 12 propositions concrètes

– Supprimer l’âge de la pension et favoriser la sortie progressive du marché du travail.

– Autoriser le cumul pension et travail à partir de 60 ans.

– Taxer les pensions au même taux que le travail, et utiliser le gain fiscal correspondant de 1,5 milliard d’euros par an pour relever les petites pensions au-dessus du seuil de pauvreté.

– Récupérer les gains du renouvellement démographique dans les entreprises, services publics et administrations publiques (1 milliards d’euros par an pour les emplois publics seulement).

– Transition progressive vers le régime des comptes notionnels avec effet immédiat pour les débuts de carrières.

– Augmenter les pensions en valorisant les biens immobiliers des pensionnés par un système d’hypothèque inverse.

– Réduction/suppression des avantages fiscaux du troisième pilier. Ces moyens libérés peuvent être utilisés pour assurer un deuxième pilier aux contractuels de la fonction publique.

– Généraliser les pensions complémentaires à l’ensemble des travailleurs et fonctionnaires.

– Décourager la sortie en capital pour favoriser la sortie en rente.

– Limiter le recours aux périodes assimilées (qui représentent plus de 30 % des droits de pension) par des quotas pour une répartition plus équitable.

– Limiter la progressivité des salaires avec l’âge (une exception belge) et développer une véritable politique d’inclusion des seniors sur le marché du travail (nous investissons trois fois moins que les pays nordiques dans la formation des seniors).

– Basculement du système des droits dérivés (30 % des dépenses de pension) vers une pension de base universelle dans le but d’encourager le travail des femmes et d’assurer leur indépendance financière par rapport à leur mari.

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