Taxe sur les transactions financières: Michel appelle à un “moment de vérité”

Charles Michel, lors de la réception de l'UWE à Genval. © BELGA/Eric Lalmand

Le premier ministre Charles Michel mettra “le plus vite possible” le dossier de la taxe sur les transactions financières à l’ordre du jour d’un prochain sommet européen, a-t-il indiqué jeudi à la Chambre alors qu’un accord est censé intervenir d’ici les 23 et 24 mai et une réunion de dix pays en marge du conseil Ecofin.

“J’ai l’intention de mettre le sujet sur la table du conseil européen. Il n’est pas correct, pas loyal de systématiquement culpabiliser la Belgique”, a-t-il dit, invitant à un “moment de vérité”.

Le chef du gouvernement belge a rejeté les critiques de l’opposition selon lesquelles la Belgique bloque (avec la Slovénie) cet accord sur une taxe Tobin, négocié dans le cadre d’une procédure de coopération renforcée à dix pays. Il suffit de neuf pays pour qu’un accord soit conclu. “Il est possible pour ces pays de le faire sans nous, pourquoi ne le font-ils pas sans nous si c’est si simple”, a dit M. Michel. “Il faut ouvrir les yeux: il y a une évolution d’un contexte politique ces derniers mois en Europe”, a-t-il ajouté, disant en avoir “marre de l’hypocrisie dans ce dossier”.

“En Allemagne, il existe des craintes depuis le Brexit, en France, Emmanuel Macron, lorsqu’il était candidat (à l’élection présidentielle) a énoncé des doutes. Nous soutenons, nous essayons de convaincre plus de pays”, a expliqué le premier ministre.

M. Michel a rappelé le cadre de l’accord de gouvernement et son ambition de progresser sur le plan européen pour une taxe sur les produits à caractère spéculatif. “Nous nous engageons sur cette voie et voulons lever les obstacles, je ne peux accepter que séance après séance on tente de culpabiliser la Belgique avec des tissus de contre-vérités”, a-t-il dénoncé.

Pour l’opposition, la position du premier ministre est ambiguë et fondée sur des arguments qui n’en sont pas. Elle estime qu’il est prisonnier de la N-VA. “Vous êtes mal à l’aise dans ce dossier. La réponse (sur la taxe sur les transactions financières), c’est oui ou c’est non. Vous noyez le poisson. Ce qui est clair c’est que vous dites aujourd’hui: ‘c’est possible de le faire sans nous'”, a observé Stéphane Crusnière (PS), invitant M. Michel à “montrer sa capacité de résister à la pression de la N-VA”.

“Vous répétez sans cesse que vous voulez peser dans les débats sur l’avenir de l’Union européenne, avancer avec un petit groupe mais on constate que c’est la N-VA qui dicte votre attitude sur le théâtre européen”, a renchéri Dirk Van der Maelen (sp.a).

Au nom d’Ecolo-Groen, Georges Gilkinet s’est réjoui que le premier ministre dise vouloir déposer le dossier sur la table du sommet européen. “J’espère toutefois que vous viendrez avec de meilleurs arguments que ceux que vous avez défendus aujourd’hui. Vous cherchez des coupables. La Belgique doit retrouver sa place à la tête des pays européens et vous devez convoquer le ministre des Finances (Johan Van Overtveldt, N-VA) afin qu’il défende une position beaucoup plus volontariste”, a-t-il dit.

Plus tôt dans la journée, la coupole des organisations de coopération au développement CNCD 11.11.11 avait invité le premier ministre Charles Michel à ne pas se défiler. Comme le disait si bien Charles Michel à la tribune des Nations Unies, “c’est une question d’élémentaire équité”, avait-elle rappelé dans une carte blanche.

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