“Si mon employeur peut changer mon horaire un jour à l’avance, comment organiser la garde de mes enfants ?”

Kris Peeters © BELGA

Plusieurs centaines de militants du Setca se sont rassemblés lundi en fin de matinée à proximité du SPF Emploi, à Bruxelles, pour protester contre les mesures de flexibilité annoncées par le gouvernement.

“Le ministre de l’Emploi Kris Peeters, qui a refusé de nous recevoir, montre avec ce projet de loi son vrai visage, à savoir celui de représentant des employeurs”, a souligné la vice-présidente du syndicat socialiste, Myriam Delmée.

“La Belgique compte plus d’un million de travailleurs à temps partiel, qui sont déjà souvent des travailleurs précaires. Or, depuis deux ans, ils sont sans cesse dans le viseur du gouvernement”, a déploré Mme Delmée sur la scène disposée sur l’Esplanade de l’Europe, à côté de la gare du Midi.

Le Setca s’insurge notamment de la mesure qui permettrait aux employeurs de modifier l’horaire des travailleurs 24 heures à l’avance. “La flexibilité n’est pas nécessaire dans tous les secteurs, des mesures alternatives pour l’encadrer correctement sont possibles. En outre, cela ne permettra pas la moindre création d’emploi”, a poursuivi la vice-présidente.

Parmi les militants présents, une aide-ménagère se désole que “la vie privée des travailleurs ne compte pas pour Kris Peeters”. “Travailler à temps partiel n’est généralement pas un choix. C’est déjà difficile pour la vie de famille, mais si mon employeur peut changer mon horaire un jour à l’avance, cela deviendra un vrai cauchemar. Comment puis-je organiser la garde de mes enfants en si peu de temps?”, s’interroge-t-elle.

“Ce que fait le gouvernement, ce n’est pas moderniser le marché de l’emploi, c’est de la dérégulation”, a martelé Myriam Delmée. “Cette flexibilité n’est dirigée que dans un sens: celui des travailleurs.”

Le syndicat socialiste a aussi déploré le refus qu’il a essuyé à sa demande de rencontre avec le ministre de l’Emploi. “Peut-être que cette fois, il sent qu’il a exagéré”, a commenté le président du Setca, Erwin De Deyn.

Cette mobilisation, à la veille de la manifestation nationale qui vise également les réformes du gouvernement en matière d’emploi, avait été préalablement prévue, a encore expliqué M. De Deyn. Celui-ci est plutôt pessimiste quant à d’éventuelles avancées dans les prochaines semaines. “A moins que le gouvernement ne se rende compte qu’il doit revoir entièrement sa copie”, a-t-il conclu.

“La coupe est pleine”

Les syndicats manifesteront donc mardi en front commun dans les rues de Bruxelles contre les mesures du gouvernement. Le cortège interprofessionnel s’élancera de la gare du Nord à 11h30 pour rejoindre la gare du Midi deux heures plus tard, où les présidents et secrétaires généraux de la CSC, la FGTB et la CGSLB prendront la parole devant les manifestants.

Le rendez-vous est donné aux militants dès 8h30 devant la gare du Nord de Bruxelles pour un départ vers l’esplanade de l’Europe aux alentours de 11h30. Les discours des présidents et secrétaires généraux des trois syndicats se tiendront à l’arrivée, prévue vers 13h30.

“La coupe est pleine” est le message principal véhiculé par le front commun syndical. “Nous en avons plus qu’assez des attaques permanentes du gouvernement et des employeurs qui visent l’argent et les droits des travailleurs”, énonce le tract de la mobilisation.

CSC, FGTB et CGSLB dénoncent les coupes opérées dans les services publics et l’enseignement, et l’absence de concertation sociale. Les représentants des travailleurs dénoncent aussi la “loi Peeters” qui prévoit une annualisation du temps de travail. “Accroître la flexibilité n’est pas tenable”, disent-ils.

La police de Bruxelles prévoit de “très importants” problèmes de circulation dans l’entièreté du centre-ville et sur la petite ceinture. “Il est probable que des artères importantes soient coupées à la circulation plus tôt et/ou que le départ du cortège soit avancé”, prévient-elle.

Les dizaines de milliers de personnes attendues, 50.000 selon les forces de l’ordre, emprunteront le boulevard du Jardin Botanique, ensuite le boulevard Pachéco jusqu’à la gare centrale, le boulevard de l’Empereur, la rue des Alexiens, puis le boulevard Lemonnier pour rejoindre la gare du Midi.

Dès 9h, les voitures dans le tunnel Léopold II en direction de la petite ceinture ne pourront plus emprunter les sorties de la place Sainctelette et de la porte d’Anvers. Les véhicules dans le tunnel Botanique en direction de Rogier ne pourront pas sortir non plus à hauteur de la place Rogier. Ces sorties seront rouvertes lorsque les manifestants seront totalement engagés dans le boulevard Pachéco (environ 14h).

Plus tard (vers 12h30 ou plus tôt), le trafic dans le tunnel de la porte de Hal en direction du Midi sera coupé et la circulation déviée à hauteur de la rue Blaes vers la barrière de Saint-Gilles. La situation ne sera rétablie que lorsque tous les manifestants auront traversé le boulevard du Midi vers la gare (vers 16h30 selon les estimations de la police).

Si des perturbations sont également prévues sur le réseau de transports publics régionaux – des collaborateurs de la Stib, des Tec et de De Lijn ayant décidé de participer à la grève – la circulation des trains ne devrait pas être affectée. Les syndicats socialiste et chrétien ont bien déposé des préavis de grève à la SNCB, mais ceux-ci ne couvrent pas le personnel lié à la circulation des trains, précise un porte-parole des chemins de fer. En outre, la société ferroviaire a affrété huit trains supplémentaires – deux au départ de Flandre et six de Wallonie – pour contenter tant les navetteurs habituels que les personnes désirant se rendre à la manifestation. Quelque 25.000 tickets spéciaux de train en vue de la manifestation avaient déjà été vendus lundi à la mi-journée.

A la demande de la police, plusieurs mesures ont été prises dans les gares bruxelloises à partir de 11h30 et jusqu’à la fin de la manifestation. Ainsi, Bruxelles-Central ne sera accessible que par le métro (rue des Colonies) et par la galerie Horta, et non par les entrées principales. La gare de Bruxelles-Chapelle sera partiellement accessible, tout comme Bruxelles-Congrès.

Une foule importante est attendue à Bruxelles-Midi entre 15h et 17h, note la SNCB dans un communiqué.

S’il n’est pas question de grève nationale mardi, de nombreux secteurs (enseignement, administrations, …) pourraient tout de même être perturbés en fonction de la mobilisation de leurs travailleurs. L’ampleur des mouvements sera à évaluer au cas par cas.

La précédente manifestation nationale, le 7 octobre dernier, avait rassemblé 80.000 personnes.

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