Rome casse sa tirelire et annonce 25 milliards d’euros contre le virus

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Aux grands maux les grands remèdes: Rome a annoncé mercredi une enveloppe de 25 milliards d’euros pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, qui a fait plus de 600 morts en Italie, au risque de creuser encore son déficit.

Sur ce total, la moitié environ sera mobilisée en urgence, tandis que l’autre servira pour d’éventuels besoins ultérieurs.

“Nous avons alloué des ressources extraordinaires pour un montant de 25 milliards d’euros. Ce sont 25 milliards de disponibilités financières, pas à utiliser immédiatement mais à utiliser pour faire face à toutes les difficultés que nous affrontons avec cette crise”, a expliqué le chef du gouvernement Giuseppe Conte lors d’une conférence de presse à Rome.

Cela veut dire concrètement que le gouvernement a décidé d’augmenter ses dépenses par rapport au budget 2020 initialement prévu, dont le déficit avait suscité l’inquiétude de la commission européenne. Bruxelles était déjà préoccupée par l’état de l’économie italienne dont la croissance est la plus faible de la zone euro.

Le ministre de l’Economie et des Finances Roberto Gualtieri, qui participait à la conférence de presse à l’issue d’un Conseil des ministres, a apporté quelques précisions.

“Les ressources allouées seront partiellement utilisées dans le cadre du premier décret que nous préparons et que nous pensons approuver cette semaine, vendredi, à hauteur de 12 milliards d’euros”, a détaillé M. Gualtieri.

Ce premier décret prévoit, entre autres, des aides aux emprunteurs italiens, notamment à travers la suspension du paiement de certaines échéances de prêts immobiliers et bancaires, le tout avec une garantie partielle de l’Etat.

– Et Bruxelles? –

“C’est quand même incroyable que ce montant” de 25 milliards d’euros “soit aussi élevé que celui annoncé par l’UE” mardi dans le cadre de l’instauration du fonds européen de réponse au coronavirus, a commenté pour l’AFP Ludovic Subran, chef économiste chez l’assureur allemand Allianz.

“Il s’agit de 20 milliards en termes d’endettement net qui correspondent à 25 milliards de crédits”, a précisé le ministre.

“En termes d’ampleur pour l’Italie, ce n’est pas surprenant par rapport à ce qu’elle a pu faire dans le passé pour sauver des banques. Dans les conditions de marché aujourd’hui, c’est finançable”, a jugé Ludovic Subran, estimant que “l’Italie a visé juste en allant relativement vite et fort”.

Les attentes de Rome vis à vis de Bruxelles sont importantes: “Vu l’approche positive de l’UE” à travers la création du fonds de réponse au coronavirus, “il est possible que certaines des interventions” prévues par Rome “puissent bénéficier de ressources communes européennes, avec donc un impact plus léger sur les finances de l’Etat” italien, a déclaré M. Gualtieri.

Le ministre italien a également souhaité que les mesures de Rome “soient soutenues par des mesures adéquates de la part de la Banque centrale européenne”.

– “Aucun problème” –

“Ce type de mesures est pris en accord avec l’Union européenne, et M. Gualtieri s’en est sûrement ouvert à ses collègues européens d’abord”, a commenté à l’AFP Nicola Borri, professeur au département Economie et Finances de l’université romaine Luiss.

“C’est une supposition, mais je suis sûr qu’il n’y aura aucun problème. Donc, pour moi, il n’y aura pas de protestation de la part de l’UE car ce sont des mesures importantes pour sauvegarder l’économie, pour la soutenir”, a-t-il ajouté.

Le commissaire européen à l’Economie Paolo Gentiloni, ancien chef du gouvernement italien, l’a indirectement confirmé: “Hier soir nous avons reçu une nouvelle lettre de M. Gualtieri (…) faisant état d’une augmentation de la dépense prévue par le gouvernement” italien pour affronter l’épidémie

“C’est le moment de s’engager, tant au niveau du gouvernement italien que de tous les autres gouvernements, car l’épidémie s’élargit malheureusement à d’autres pays européens”, a-t-il mis en garde, appelant à mettre à disposition les ressources nécessaires pour la lutte contre l’épidémie, même en dérogeant aux règles budgétaires européennes si nécessaire.

“Ce n’est pas le moment de regarder le zéro virgule quelque chose dans les règles, c’est le moment de penser aux emplois, au système sanitaire (…) à l’avenir de notre économie”, a-t-il conclu.

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