Redémarrage en vue en Asie

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Après un fléchissement en 2012, le géant chinois a pris des mesures qui devraient doper ses performances et tirer l’économie régionale.

On a longtemps cru que le monde émergent pouvait continuer de caracoler, insensible aux crises qui frappaient les vieilles économies occidentales. A tort. Avec une Europe en panne et une Amérique convalescente, l’Asie a senti cette année le vent du ralentissement. La croissance chinoise, qui culminait à 9,3 % en 2011, devrait tomber à 7 % en 2012. La pire performance des treize dernières années. Et, pour la première fois en sept ans, le nombre de milliardaires chinois est en baisse, à cause du dégonflement de la bulle immobilière et des déconvenues de la Bourse.

Ce coup de faiblesse du géant asiatique se répercute sur l’ensemble de la zone, dont la part des exportations vers l’empire du Milieu varie entre 10 et 35 %. Hongkong, la plaque tournante du commerce en Asie, enregistrera cette année une croissance inférieure à 2 %.

En Inde, la croissance est tombée à son rythme le plus faible des neuf dernières années. Seuls les tigres d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Indonésie, Malaisie) résistent, grâce à une hausse de l’activité dans les services et la construction. Mais l’Asie devrait reprendre des couleurs en 2013. En effet, les Etats-Unis vont probablement retrouver un peu de croissance. Surtout, Pékin, très conscient des dangers d’un freinage prolongé, a déjà pris des mesures pour soutenir l’activité, dont l’abaissement des taux d’intérêt directeurs, en juin et juillet. La banque centrale chinoise a par ailleurs réduit plusieurs fois les réserves obligatoires des banques pour leur permettre de prêter plus. Le gouvernement a aussi annoncé des mesures destinées à stabiliser les exportations, prévoyant des baisses de taxes pour les exportateurs ainsi que des procédures douanières simplifiées.

Le Japon pâtit déjà des tensions avec Pékin

La légère accélération de l’économie chinoise attendue en 2013 donnera un peu d’air aux pays voisins. Mais l’environnement restera difficile pour le Japon. L’archipel ne profitera plus de l’effet dopant de la reconstruction qui a suivi la catastrophe de Fukushima. En revanche, il souffrira encore du haut niveau du yen. La crise diplomatique avec la Chine laissera aussi des traces. Toyota a déjà renoncé à son objectif historique de produire 10 millions de véhicules cette année, à cause de la chute de ses ventes en Chine, conséquence du conflit autour des îles Senkaku. Les constructeurs japonais présents en Chine ont vu leurs cours boursiers chuter. Le nombre de touristes chinois au Japon (environ 1 million par an) devrait diminuer aussi.

Certains pays pourraient tirer profit du conflit entre les deux géants. Les Philippines promettent ainsi des avantages fiscaux aux entreprises japonaises qui quitteront la Chine pour venir chez elles. Une autre base de repli pourrait être trouvée en Birmanie. Certains signes ne trompent pas : le Japon est aussi le premier créancier de la Birmanie, dont le sol regorge de minerais et d’hydrocarbures. La compagnie aérienne japonaise All Nippon Airways vient d’inaugurer une ligne régulière Tokyo-Rangoun.

Sébastien Julian

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