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Quand la machine décide s’il faut licencier des collaborateurs

L’addiction à Facebook est-elle comparable à celle de la cigarette ? Faut-il se méfier des machines intelligentes qui prendront nos jobs ? L’ouvrage Technology versus Humanity nous rappel d’être vigilants à l’égard des géants du Net.

Gerd Leonhard est un philosophe et théologien allemand qui vit à Zurich. Ancien guitariste professionnel, il est l’un des rares à avoir anticipé la quasi-suppression de l’industrie de la musique à cause d’Internet, et du téléchargement légal et illégal. Aujourd’hui, Gerd Leonhard est devenu l’un des futurologues les plus connus au monde et il conseille de très grandes entreprises et de nombreux médias. A l’occasion de la sortie de son nouveau livre Technology versus Humanity, le 8 septembre prochain à Londres, il a accordé quelques interviews décapantes. Comme beaucoup d’autres spécialistes, il nous demande d’être vigilant à l’égard des géants du Net. C’est ainsi qu’il nous demande de “rendre les entreprises technologiques responsables de leurs actes et des conséquences de ceux-ci, exactement comme les groupes pétroliers à l’égard de leurs dégâts environnementaux”.

Il pense, par exemple, à la surveillance de nos données et notre dépendance. Facebook, dit-il, “dispose de 400 neurologues et autres scientifiques dont la mission est de trouver des moyens encore plus efficaces de rendre les gens dépendants de ce réseau social et (ces 400 neurologues) font des recherches pour que les utilisateurs ne quittent pas le réseau social”. Bref, Facebook fait tout pour nous rendre dépendant, accroc de son réseau. Et c’est là où Gerd Leonhard est génial, car il compare Facebook à la cigarette. Là encore, je le cite : “nous ne devrions pas accepter de créer les mécanismes qui nous rendent prisonniers et dépendants. Internet est en train de remplacer la cigarette.” Il ajoute même : “si je permets à une entreprise d’être tellement parfaite que l’utilisateur ne la quittera pas, on entre dans le même schéma que celui des fabricants de cigarettes”.

Pour ce futurologue, l’arrivée massive des plateformes Internet et de l’intelligence artificielle “doit être contrôlée. Sinon, dans 5 ans, dans les supermarchés, les taxis et les centres d’appel, 80% des employés seront licenciés et remplacés par des machines”. Et l’intelligence artificielle affectera aussi les métiers spécialisés comme les médecins. Dans la santé, dit-il, “des systèmes sont capable de lire toutes les analystes ayant existé sur une maladie, par exemple 500 millions d’informations, et d’en déduire une nouvelle règle thérapeutique. On est en train de créer un super-docteur qui remplacera 80% des processus utilisés par un médecin”. Et donc, ajoute-t-il, “non seulement les machines apprennent d’elles-mêmes, mais elles sont aussi connectées à d’autres machines. Elles peuvent rendre inutiles quantité d’emplois”.

Plus que jamais, ce philosophe allemand nous dit de nous méfier des machines auxquelles nous avons déjà externalisé beaucoup de missions. Au Proche-Orient, ce sont déjà des machines qui tuent des hommes sans intervention humaine. Dans un autre registre, IBM dispose déjà d’une machine capable de décider s’il faut licencier des collaborateurs (“people analytics”). Voilà quelques réflexions ou sujets de débat pour ce week-end.

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