Près de la moitié des hôpitaux wallons et bruxellois sont dans le rouge

Pour y remédier, Paul d’Otreppe plaide pour la mise en réseau des structures de soins.

1. D’après une étude de nos confrères de “L’Echo”, 44,74 % des hôpitaux bruxellois et wallons affichent une marge négative sur les cinq dernières années. Inquiétant ?

La santé financière des hôpitaux est chancelante. Ces chiffres sont donc conformes à la réalité. Mais une structure qui affiche une marge positive peut aussi cacher le fait qu’elle est en situation de sous-investissement. Or, les hôpitaux doivent investir pour se préparer à faire face à une explosion de la demande. Le vieillissement de la population ne va pas seulement avoir un impact sur le coût des pensions. Celui des soins de santé va lui aussi fortement progresser. A partir de 85 ans, 63 % des gens sont hospitalisés pendant neuf jours par an en moyenne. Le statu quo actuel n’est donc pas tenable.

2. Quelle est votre solution ? Faut-il renforcer le financement des hôpitaux ?

La Belgique consacre actuellement 10 % de son PIB aux soins de santé. Certains estiment qu’il faudra tripler ce budget à l’horizon 2050, ce qui implique de faire des coupes budgétaires dans d’autres départements de l’Etat. Ce n’est pas réaliste. Notre solution est de miser sur une adaptation du mode d’organisation des hôpitaux. Il faut innover et investir dans la digitalisation, la télémédecine, l’exploitation du big data. Singapour a massivement investi dans l’informatisation : 80 % des décisions prises dans un trajet de soins sont désormais automatisées. Cela réduit la charge administrative qui pèse sur les médecins qui peuvent, du coup, dégager plus de temps à l’exercice de la médecine. Il faut aussi mettre en place les réseaux d’hôpitaux, comme dans la province de Namur où six hôpitaux s’apprêtent à signer un partenariat. Sur l’ensemble de la Wallonie, nous serons prêts d’ici la fin de l’année. L’idée est de rassembler les structures autour de 2.000 lits plutôt que 400 lits. C’est une question d’efficacité. Faire trois fois la même chose dans trois hôpitaux différents, cela coûte une fortune. Un seul hôpital du réseau pourrait, par exemple, s’occuper de la stérilisation du matériel. Nous devons avoir une approche industrielle de l’hôpital.

3. Le personnel hospitalier réclame plus de moyens. Que leur répondez-vous ?

Si notre modèle n’évolue pas, le mouvement des blouses blanches va se poursuivre, voire s’élargir à l’ensemble de la société, comme les gilets jaunes. Il faut améliorer les conditions de travail du personnel infirmier. Nous demandons une plus grande souplesse dans notre organisation. La création des réseaux d’hôpitaux doit aller de pair avec une organisation plus efficace du travail. Certaines unités sont moins fréquentées le week-end ou pendant certaines fêtes, il faut pouvoir adapter le personnel et les horaires en conséquence. Nous sommes engagés dans une réforme qui va prendre 15 à 20 ans pour produire ses effets. Ce laps de temps correspond à la complexité de la transformation que nous entamons.

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