Pourquoi la Grèce n’est pas encore tirée d’affaire

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L’UE et le FMI s’engagent à prêter rapidement des fonds à la Grèce, comme l’a demandé son Premier ministre Georges Papandréou. Mais l’Allemagne freine encore des deux pieds. Les marchés doutent toujours de la capacité de péninsule hellénique à restaurer ses finances publiques et s’inquiètent d’une contagion au Portugal.

L’UE et le FMI s’engagent à prêter rapidement des fonds à la Grèce, comme l’a demandé son Premier ministre Georges Papandréou. Mais l’Allemagne freine encore des deux pieds. Les marchés doutent toujours de la capacité de péninsule hellénique à restaurer ses finances publiques et s’inquiètent d’une contagion au Portugal.

C’est fait : la Grèce s’est enfin résolue à demander l’activation du plan d’aide financière de l’Europe et du FMI, ravalant son honneur politique devenu beaucoup trop onéreux. La pression s’est accentuée jeudi quand les taux auxquels l’Etat grec emprunte se sont envolés à près de 9% – ce qui signifie que la Grèce doit payer des intérêts trois fois plus chers que l’Allemagne pour se financer, après la révision à la hausse de son déficit public. La Grèce met ainsi fin à une incertitude déstabilisante pour les marchés financiers et qui risquait de rendre insurmontables ses problèmes d’endettement.

Les marchés ont en effet accueilli la nouvelle plutôt favorablement. Les taux des obligations d’Etat grecques à dix ans se sont fortement détendus à la mi-journée vendredi, passant brièvement sous les 8%. Quant à l’euro, qui a touché jeudi son plus bas depuis un an à 1,3202 dollar, il est remonté au-dessus du seuil des 1,33 dollar. Pour de nombreux analystes, néanmoins, le rebond de l’euro aurait pu être plus vigoureux. Quand aux taux des obligations grecques d’Etat, ils sont repartis à la hausse vendredi après-midi autour de 8,5%. La preuve que toutes les inquiétudes n’ont pas disparu.

Des paroles aux actes, il y a encore plusieurs pas à franchir

La Commission européenne et le FMI ont tous deux promis de venir “rapidement” à la rescousse financière de la Grèce. Il y a quand même des étapes à respecter avant la mise en oeuvre du plan. Tout d’abord, il faut l’accord de la Commission européenne et de la BCE. Ensuite celui de l’ensemble des ministres des Finances de la zone euro. Enfin, et surtout, les Parlements nationaux auront, selon les pays, leur mot à dire. En France, un nouveau collectif budgétaire incluant l’aide à la Grèce sera présenté au Parlement début mai. En Allemagne, pays le plus réticent à payer pour la Grèce depuis le début de la crise, l’aval du Bundestag est beaucoup plus incertain. La chancelière allemande Angela Merkel n’a d’ailleurs pas manqué vendredi de freiner l’enthousiasme général en posant de strictes conditions au versement du prêt. “Les marchés seront très attentifs au bon déroulement des différentes étapes permettant la mise en oeuvre effective du plan de soutien à la Grèce“, note Philippe Sabuco, économiste chez BNP Paribas.

Levée du stress à court terme, incertitudes pour le long terme

La Grèce, dont la dette s’élève à près de 300 milliards d’euros, doit rembourser 30 milliards d’ici la fin de l’année. Le plan d’aide, qui prévoit pour 2010 le déblocage par l’UE d’un prêt de 30 milliards et par le FMI d’environ 15 milliards, devrait donc lui permettre de respirer cette année. “L’aide promise par l’UE et le FMI va permettre de soulager la Grèce seulement momentanément, explique Magda Branet, stratégiste chez Axa IM, dans un entretien à L’Expansion.com. Cela ne va en revanche pas lui permettre d’alléger le fardeau de sa dette qui va continuer de s’alourdir au moins jusqu’en 2012.” Selon Philipe Sabuco, “la Grèce doit profiter de cette année de répit pour poursuivre la consolidation de ses finances publiques afin de regagner la confiance des marchés“. Mais la Grèce pourra-t-elle poursuivre son resserrement budgétaire en 2011 tout en continuant à assumer le poids de sa dette ? Cette incertitude inquiète toujours les investisseurs qui n’excluent pas après 2010 une restructuration de la dette du pays, voire même un défaut de paiement.

Le risque de contagion en Europe n’est pas écarté

Outre la Grèce, plusieurs autres pays européens, sont à des degrés divers sous la pression des marchés en raison de leur endettement élevé, au premier rang desquels le Portugal. Les taux des obligations d’Etat portugaises à 10 ans s’envolaient vendredi matin dans le sillage des taux grecs (avant l’annonce de l’activation du plan), frôlant les 5%. “Le risque de contagion au Portugal est réel“, estime Magda Branet. Le pays est en effet l’autre maillon faible de la zone euro : sa dette publique est proche de 80% du PIB, sa dette externe de 100%. Le pays se bat en outre avec une croissance faible chronique, rendant peu crédible aux yeux des marchés son programme de redressement budgétaire. “Il est essentiel que le Portugal mette en place rapidement les mesures d’austérités auxquels il s’est engagé pour faire cesser les comportements spéculatifs“, explique Phlippe Sabuco. Sinon, la crise portugaise pourrait bien remplacer la crise grecque à la Une de l’actualité.

Trends.be, L’Expansion.com

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