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Pourquoi la girouette CD&V veut vraiment taxer le capital

“Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent.” Cette merveilleuse citation, on la doit à Edgar Faure, un homme politique français de la IVe République. Au fond, la citation n’a pas pris une ride et pourrait être utilisée par Kris Peeters, l’homme fort du CD&V au sein du gouvernement Michel.

Le CD&V est un parti qui, du temps du gouvernement Di Rupo, passait son temps à expliquer à la population flamande que sans lui, ce gouvernement dirigé par un francophone, presque marxiste selon certains, serait un gouvernement encore plus taxateur si le CD&V n’était pas là pour empêcher le pire. C’était une manière de faire passer la pilule à l’électeur flamand, notamment suite à la hausse de la taxation des voitures de sociétés.

Aujourd’hui, alors que nous avons un gouvernement de centre droit, le même CD&V a changé son fusil d’épaule et plaide désormais pour la création de nouveaux impôts sur le… capital. C’est même le CD&V qui se gargarise d’avoir pu imposer à ses partenaires de nouvelles taxes comme la taxe Caïman, qui est une taxe qui vise les personnes très fortunées qui se cachent derrière des structures juridiques complexes du style îles Caïman. Le même CD&V qui a favorisé l’instauration d’une taxe bancaire et même l’augmentation de la taxe sur les opérations de bourse. Et surtout, donc, le même CD&V qui aujourd’hui plaide et insiste pour que le capital, et par conséquent les plus-values, soit taxé.

Comme souvent dans l’histoire économique, ce sera probablement un gouvernement de droite qui prendra des mesures contre le capital

La vraie question, c’est pourquoi le CD&V, et notamment son homme fort Kris Peeters qui est connu pour être proche du milieu patronal et des entreprises, se fait-il aujourd’hui le porte-parole d’une taxation du capital ? Pour le politologue flamand Dave Sinardet, c’est parce que le vent a tourné !

En fait, le scandale des multinationales et des personnes fortunées qui utilisaient le Luxembourg pour ne pas payer d’impôts, et la révélation que Marc Coucke, le patron d’Omega Pharma, ne paierait pas un euro d’impôt sur la plus-value de 1,4 milliard réalisée sur la revente de sa société, tout cela a remué l’opinion flamande. Celle-ci a désormais l’impression que les efforts sont toujours pour les mêmes, mais que les vrais riches, eux, s’en sortent toujours.

Voilà donc pourquoi, nous dit-on, le CD&V, qui n’est pourtant pas dirigé par son aile gauche, a changé d’avis sur la taxation du capital. Pour le moment, le sujet est mis sous le boisseau, mais selon les observateurs, il reviendra lors du prochain conclave budgétaire. Et comme souvent dans l’histoire économique, ce sera probablement – et paradoxalement – un gouvernement de droite qui prendra des mesures contre le capital. N’oublions pas qu’en Belgique, pour ne citer qu’un seul exemple, c’est sous un ministre des finances libéral (Henrion) que l’ISI (inspection spéciale des impôts) a vu le jour !

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