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Peut-on vraiment imaginer un politique mordre la main qui le nourrira ?

Personne ne doute que les États-Unis sont clairement une démocratie. L’arrivée à la tête de ce pays d’un président noir, et qui plus est inconnu à l’époque, en est la plus brillante démonstration. Mais cela ne doit pas masquer le fait que ce pays reste soumis à l’influence des lobbies économiques.

Si j’en parle aujourd’hui, c’est à cause de Ben Bernanke, l’ancien président de la Banque centrale américaine (FED). Autrement dit, un homme qui a été encore plus puissant que le président des États-Unis. Car quand on préside la Banque centrale américaine, on a une influence sur l’évolution du dollar, des taux d’intérêt mondiaux et sur les marchés boursiers de la planète. Ce n’est pas rien ! Cet ancien haut fonctionnaire donc n’était pas excessivement bien payé – moins d’ailleurs que notre gouverneur de la BNB – et d’ailleurs certains l’avaient fait remarquer, mais à mauvais escient. Et bien, Ben Bernanke vient en effet d’être débauché par l’un des plus grands fonds spéculatif américain, Citadel, un fonds qui gère plus de 25 milliards de dollars ! Et bien entendu, il est payé à prix d’or pour partager son analyse économique.

Ben Bernanke n’est pas le premier ancien président de la FED à se diriger vers le privé en fin de carrière pour gagner beaucoup d’argent. Son prédécesseur, Alan Greenspan, a fait la même chose. Et avec moins de tact, car lui s’est fait embaucher non pas par un fonds spéculatif, mais par une banque, donc un ancien contrôlé de la FED. Quant à l’ancien ministre des Finances de Barack Obama, Timothy Geithner, il a également rejoint une firme de capital-investissement.

Peut-on vraiment imaginer un politique mordre la main qui le nourrira ?

Tout cela pour dire quoi ? Que Wall Street restera toujours puissante et aura toujours de l’influence sur les politiques américains ! Peut-on sincèrement imaginer que des hauts fonctionnaires, pas toujours payés à la hauteur du travail de fou qu’ils abattent, vont mettre en place des législations totalement néfastes à l’encontre des clients qui vont demain ou après-demain les engager à plusieurs millions de dollars par an ? On peut le penser, on peut même le souhaiter, mais la probabilité est tout de même très faible.

Il n’y a qu’à regarder l’attitude récente de Barack Obama à l’égard de Google. Alors que l’Europe et son parlement menacent de démanteler ce géant dont les manières ne sont pas toujours “fair-play”, Barack Obama est monté aux barricades pour défendre les géants du Net américains. Il a même été jusqu’à dire que si l’Europe attaque régulièrement les géants du Net comme Google ou Facebook, c’est parce qu’elle est jalouse de leur succès ! Il peut le penser, mais chacun sait que les géants du Net ont leurs entrées à la Maison-Blanche et qu’ils ont été parmi les plus importants financiers de la campagne de Barack Obama. Donc oui, la démocratie américaine, c’est à la fois l’élection d’un président noir, ça c’est pour son meilleur aspect, mais c’est aussi la mainmise de l’argent sur la politique, pour son pire aspect.

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