Pensions: échec de la concertation sociale pour le secteur privé

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La concertation entre syndicats et employeurs sur les métiers pénibles dans le secteur privé a échoué, a-t-on appris mercredi auprès des partenaires sociaux.

Syndicats et employeurs tentent de s’entendre à ce sujet depuis plusieurs mois au sein du Conseil national du travail. Une personne exerçant un métier lourd pourrait partir de manière anticipée à la pension ou obtenir une pension plus élevée. Les discussions tournaient autour des critères devant déterminer qui pourrait entrer en ligne de compte pour une pension anticipée. Les avis des deux camps sont toutefois forts divergents. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement.

Quatre critères devaient permettre d’évaluer la pénibilité au travail, rappellent les syndicats: l’organisation du travail (le travail de nuit, par exemple), les contraintes physiques (porter des charges lourdes…), la charge mentale (stress…) et émotionnelle et les risques de sécurité élevés.

“La reconnaissance d’un ou de plusieurs de ces critères devait permettre à un travailleur de ‘lever le pied’ à un âge raisonnable afin de profiter plus tôt d’une pension décente”, selon les syndicats. Aux yeux du patronat toutefois, ces critères sont trop larges. Il préconise uniquement des critères objectivement mesurables et contrôlables. Le stress n’est pas suffisamment quantifiable, le travail de nuit bien. Il y a une différence de vue fondamentale, reconnaît Caroline Deiteren, de l’organisation d’entrepreneurs Unizo.

“Pour nous, le système doit concerner des cas exceptionnels. Seuls les employés qui se trouvent dans une situation exceptionnelle peuvent jouir d’une pension avantageuse.” Avec les propositions des syndicats, une grosse majorité des ouvriers seraient considérés comme métier pénible, ce que n’acceptent pas la FEB, Unizo, UCM et le Boerenbond.

“Quasi tous les métiers ne sont pas trop pénibles à pratiquer”

“Il est important que cette liste avec critères reste limitée, pour éviter que de trop nombreux travailleurs exercent un métier lourd”, enchaîne un porte-parole de la FEB. Il renvoie à une étude de la Commission européenne selon laquelle entre un et quatre pour cent des travailleurs exercent un métier lourd. Ce que confirme Mme Deiteren.

“Quasi tous les métiers ne sont pas trop pénibles à pratiquer. Le travail est positif, c’est bon pour nous.” Les organisations de travailleurs ont, elles, dénoncé l’attitude des employeurs qui ont “enterré” toute concertation.

“Malgré nos appels à trouver une solution juste et digne pour des milliers de travailleurs avec une carrière pénible, le banc patronal et le gouvernement se sont enfermés dans une approche restrictive, arbitraire et budgétaire de la gestion des fins de carrière. (…) Les organisations syndicales appellent le gouvernement à revoir profondément sa copie et à ne pas rester sourd à l’appel des travailleurs”, ont indiqué la CSC, la FGTB et la CGSLB dans un communiqué commun.

“Les employés doivent en quelque sorte presque mourir avant de pouvoir accéder à la pension”, commente le secrétaire ACV/CSC Mathieu Verjans. “Il revient maintenant au gouvernement d’offrir à ceux qui ont exercé un métier lourd toute leur vie une perspective pour terminer de manière valorisante leur carrière”, a ajouté le syndicaliste.

Un accord a déjà été trouvé dans le secteur public, débouchant sur une liste de métiers pénibles. Cette liste n’a pas facilité la concertation pour le privé, selon la FEB. Elle a nourri de grosses attentes. Les métiers qui sont reconnus comme lourds dans le domaine public, le seront-ils dans le privé? Si ce n’est pas le cas, des discriminations risquent de voir le jour.

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