Pension à 67 ans: le Conseil supérieur de l’emploi ne veut pas attendre 2030

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Le Conseil supérieur de l’emploi (CSE) appelle le gouvernement à appliquer “sans tarder” la réforme des pensions et à ne pas attendre 2030 pour atteindre le seuil des 67 ans pour la pension légale, ressort-il de son rapport annuel présenté jeudi.

Pour le ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters (CD&V), cela ne sera “pas évident”, le vice-premier craignant un manque de soutien de l’opinion publique en la matière.

Le Conseil supérieur de l’emploi a comparé la Belgique avec plusieurs pays de référence comme l’Allemagne, la France, les Pays-Bas ou les pays scandinaves sous le prisme de l’allongement des carrières et de la qualité de l’emploi.

L’organe retient plusieurs points positifs: entre 80.000 et 100.000 emplois devraient être créés en 2017 et 2018, le taux de chômage est en baisse partout et le nombre d’entreprises créées est en forte hausse.

Toutefois, le taux d’emploi reste à la traîne, à 67,7% des 20-24 ans, bien loin de l’objectif des 73,2% fixé pour 2020. Le CSE conseille donc une série de mesures pour améliorer la situation et faire face au vieillissement de la population.

Dans ce contexte, l’organe souhaite retarder l’âge effectif de la pension en appliquant au plus vite un système à points – qui prévoit que la pension soit calculée au départ d’un nombre de points accumulés par le citoyen au cours de la carrière. Le CSE ne souhaite pas attendre 2030 pour appliquer la pension à 67 ans, comme l’a décidé le gouvernement fédéral, et évoque même 2020 comme objectif.

Pour cette dernière mesure, le ministre Peeters à néanmoins estimé qu’il sera difficile d’obtenir l’approbation de l’opinion publique au vu des oppositions que le recul de l’âge de la retraite a déjà suscité.

Concernant l’emploi, la situation des jeunes travailleurs et des plus de 55 ans doit être particulièrement prise en main, relève le CSE dans son rapport. C’est en effet au sein de ces deux catégories que le taux d’emploi est le plus faible.

En Belgique, un jeune sur dix âgé de 15 à 24 ans n’est ni en formation, ni employé. Une situation qui pourrait se résorber grâce à l’apprentissage en alternance, selon le CSE, qui propose de l’appliquer davantage dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Au cours de la carrière, la formation continue est capitale, souligne encore l’organisme. Or ici aussi, la Belgique est à la traîne et la situation s’est très peu améliorée ces dernières années. Seuls 7% des travailleurs ont suivi une formation au cours des quatre dernières semaines, contre près de 30% en Suède. En France, ce taux est passé de moins de 5% en 2000 à 18% aujourd’hui.

Un suivi spécifique s’impose pour les travailleurs moins qualifiés et ceux âgés de 55 et plus, note encore le CSE. Les autorités devraient par ailleurs instaurer des mesures contre les discriminations à l’embauche liées à l’âge.

Enfin, le Conseil préconise une meilleure coordination entre les instances de pouvoir en Belgique afin d’éviter que les mesures adoptées au fédéral et au sein des Régions ne soient contre-productives.

Le ministre de l’Emploi a admis que c’était difficile, mais a ajouté: qu’il était “nécessaire de mener des politiques complémentaires, car les régions ont beaucoup de responsabilités depuis la 6e réforme de l’Etat. Il faut se mettre d’accord sur une approche commune, par exemple sur l’emploi des jeunes.”

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