Les “Sages” d’Angela Merkel opposés à une plus grande intégration politique en zone euro

Angela Merkel © Reuters

Les “Sages”, économistes influents qui conseillent Angela Merkel, se sont prononcés mardi contre les propositions, notamment de la France, pour renforcer l’intégration politique de la zone euro, comme un ministre des Finances ad hoc.

Dans un rapport d’une cinquantaine de pages consacré à la crise grecque et aux leçons à en tirer, remis au gouvernement allemand, les cinq universitaires “se détournent des propositions de réforme actuellement en discussion, comme celle d’un budget, d’une assurance-chômage ou d’un gouvernement économique de la zone euro”.

“Il serait très difficile de composer avec les énormes différences” de priorités économiques des pays de l’union monétaire, a justifié lors d’une conférence téléphonique Lars Feld, chercheur à l’Université de Fribourg et l’un des auteurs du rapport.

“On a vu dans les négociations (sur la Grèce) que les orientations économiques différaient énormément”, a-t-il expliqué, “la France, l’Italie et Chypre par exemple ne sont pas sur la même ligne que les autres Etats membres”.

Dans un communiqué, le secrétaire d’Etat allemand à l’Economie Rainer Sontowski a dit “partager” avec les Sages le constat selon lequel un approfondissement de l’Union économique et monéraire nécessite une union politique”.

“Mais je crois que les Sages sous-estiment la volonté politique pour une Europe unie”, a-t-il ajouté, assurant que Berlin “réfléchit déjà activement à des pas supplémentaires pour parachever” l’intégration économique et monétaire.

L’idée d’une intégration plus poussée des 19 pays de la zone euro, longtemps un cheval de bataille du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, a été remise au goût du jour par la crise grecque. Le président français François Hollande a ainsi récemment proposé de doter le bloc monétaire d’un budget en propre et d’un ministre des Finances.

Mais la plupart des pays de la zone euro ne seraient pas prêts à accepter les limitations de leur souveraineté qui devraient accompagner de telles avancées pour qu’elles soient un succès, arguent les “Sages”. Ils ont de ce fait “la forte inquiétude qu’on en arrive à une union de transferts”, repoussoir pour les Allemands, qui verrait les pays membres les plus riches et les plus performants systématiquement assister les plus faibles, privant ceux-ci de la motivation de se réformer et de renforcer leur économie.

Un tel schéma “devrait être basé sur la volonté des citoyens, qui n’est certainement pas là”, estiment-ils.

Un des “Sages”, le professeur Peter Bofinger, classé plutôt à gauche et souvent en désaccord avec ses quatre confrères, a précisé lors de la conférence téléphonique qu’il pensait lui qu’une plus forte intégration politique était “incontournable”, tout en reconnaissant qu’il était “à l’heure actuelle certainement difficile d’obtenir le soutien” des gouvernements et des populations.

Dans une tribune au quotidien britannique Financial Times, un autre économiste allemand en vue, le directeur de l’institut DIW Marcel Fratzscher, appelle les Européens à “prendre plus au sérieux” les réserves allemandes. “Réformer l’Europe va échouer si les changements ne tiennent pas compte des profondes inquiétudes de Berlin”, selon lui.

M. Fratzscher est en faveur d’un ministre des Finances européen, au mandat strictement défini et responsable devant le Parlement européen.

Avec l’AFP

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