Les ménages belges moins riches qu’il y a dix ans

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Le revenu moyen des ménages n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise, montre une étude de l’économiste Philippe Defeyt. La chute est surtout marquée à Bruxelles.

Décortiquer les statistiques et les combiner entre elles, voilà le passe-temps souvent très instructif de l’économiste Philippe Defeyt (Institut pour un développement durable). Il a ainsi analysé le revenu des Belges, en partant des données du Bureau du plan sur l’évolution du revenu disponible et en intégrant ensuite l’évolution de la démographie.

Au départ, l’image est plutôt positive, sans être folichonne. Sur les vingt dernières années, le revenu disponible des Belges a augmenté de 18,5%. C’est moins de 1% par an mais c’est une progression quand même. Notons que cette croissance dépasse les 19% à Bruxelles et en Flandre, mais est d’à peine 15,4% en Wallonie.

Parallèlement, la population a aussi augmenté. Conséquence: le revenu disponible par personne n’a progressé que de 7% en vingt ans. Il a même reculé de 3,5% à Bruxelles (+9,2% en Flandre et +6,2% en Wallonie). Philippe Defeyt avance encore dans la précision, en détaillant le revenu par unité de consommation, un indicateur utilisé par l’OCDE qui pondère la notion de “ménage” selon le nombre et l’âge des personnes (plus d’explications dans l’encadré ci-dessous). Selon l’économiste namurois, la croissance du revenu disponible par unité de consommation est “un bon indicateur de l’évolution du niveau de vie”. Et là, il apparaît que la croissance est encore plus faible : 4,9% pour le pays, 6,4% pour la Flandre, 3,7% pour la Wallonie et -0,5% pour Bruxelles.

Les ménages belges moins riches qu'il y a dix ans
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Ciel noir à Bruxelles…

On peut décortiquer les paramètres mais aussi les périodes de référence. Quel que soit l’indicateur retenu, la crise de 2008 marque une nette chute du revenu disponible dans tout le pays. Celle-ci est particulièrement brutale à Bruxelles où, à prix constants, on dégringole à un niveau inférieur à celui de 1995. Depuis deux ou trois ans, la courbe repart à la hausse dans les trois Régions mais aucune n’a encore retrouvé son niveau d’avant-crise (toujours à prix constants), la capitale étant toujours en-dessous du chiffre d’il y a vingt ans. “Ces données et évolutions permettent de mieux comprendre le ressenti de terrain des citoyens et consommateurs“, commente Philippe Defeyt.

…embellie en Wallonie

L’évolution du revenu disponible par unité de consommation étaye par ailleurs la thèse d’un redressement wallon. En effet, le recul à partir de 2008 fut un peu moins rude en Wallonie et la remontée depuis 2012 y est plus soutenue. La Wallonie devrait être la première Région du pays à retrouver un revenu disponible par unité de consommation comparable à celui d’avant-crise. Ce serait en 2018 pour la Wallonie ; en 2021 pour la Flandre ; et en… 2029 pour Bruxelles. Pas de triomphalisme toutefois: on reste bien loin de la performance de la Flandre, mais cette (petite) tendance au rattrapage mérite d’être soulignée.

L’unité de consommation (UC)

L’unité de consommation modifiée est une échelle d’équivalence qui est appliquée pour adapter les dépenses de consommation en fonction de la taille et de la composition du ménage. Un coefficient de 1 est attribué au premier adulte, de 0,5 aux autres personnes de plus de 13 ans et de 0,3 aux enfants de 13 ans ou moins (échelle modifiée de l’OCDE).

Concrètement, une famille de, par exemple, deux adultes avec 2 jeunes enfants comptera 4 personnes mais seulement 2,1 unités de consommation. En moyenne, chaque membre du ménage vaut donc 0,525 UC. Autre exemple : les membres d’un couple vaudront chacun en moyenne 0,75 UC.

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