Les Espagnoles en grève pour la Journée internationale des droits des femmes

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Pour la deuxième année consécutive, les Espagnoles étaient en grève vendredi, un mouvement qu’elles espèrent aussi massif que l’an dernier lorsque des millions d’entre elles s’étaient mobilisées pour défendre leurs droits.

En Espagne, un pays au puissant mouvement féministe, le sujet a pris une forte dimension politique à l’approche des législatives anticipées du 28 avril.

“Si nous nous arrêtons, le monde s’arrête”. Avec ce slogan comme mot d’ordre, les Espagnoles ont prévu des arrêts de travail, soit de deux heures soit de toute la journée.

Des centaines de manifestations ou de rassemblements sont prévus dans de très nombreuses villes. Celle de Madrid, qui pourrait mobiliser des centaines de milliers de personnes, devaient commencer à 19H00 (18H00 GMT).

L’objectif des féministes est de réitérer leur succès de 2018 lorsque des millions de personnes avaient participé à une inédite grève des femmes et aux défilés organisés à travers le pays.

Peu après le début du premier débrayage de deux heures auquel ont appelé les syndicats majoritaires, Unai Sordo, le secrétaire général de Commissions ouvrières, a assuré à la presse que le suivi était “similaire, si ce n’est supérieur” à l’année précédente, sans donner de chiffres.

– ‘Pas faire marche arrière’ –

Dans le quartier madrilène de Lavapiés, Victoria Amirola, une fleuriste de 58 ans, a mis des fleurs et un T-shirt violets, couleur du féminisme, devant sa boutique.

“Ce mouvement ne peut pas faire marche arrière”, dit-elle à l’AFP, regrettant que son commerce l’empêche de faire grève.

Marta Horcas, une graphiste de 30 ans, a choisi faire grève toute la journée parce que “nous supportons un tas d’humiliations et de vexations au travail comme dans l’éducation”.

Comme l’an dernier, des personnalités se sont aussi mises en grève vendredi comme la maire de gauche de Madrid, Manuela Carmena, et de nombreuses journalistes comme Pepa Bueno, la voix de la matinale de la radio Cadena SER.

Des ministres du gouvernement le plus féminin de l’histoire du pays, formé en juin par le socialiste Pedro Sanchez, ont prévu de manifester.

Et même la police nationale a annoncé la rédaction d’un “guide de langage non sexiste destiné à ses agents”.

“Il reste encore beaucoup de travail à faire” sur la voie de l’égalité car “les femmes n’ont pas le pouvoir réel”, a déclaré à la télévision la présidente de droite de la chambre des députés, Ana Pastor.

“Nous voulons une Espagne féministe. Car c’est seulement grâce au féminisme que nous en finirons avec la violence machiste et que nous obtiendrons l’égalité réelle”, a insisté sur Twitter Pedro Sanchez.

En Espagne, la différence de salaires hommes/femmes est de 14,2% (deux points de moins que dans l’UE) et 559 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon ces dix dernières années.

– Bataille politique –

Mais alors que le sujet était consensuel ces dernières années, des dissensions se sont fait jour récemment.

A droite, le Parti populaire, premier parti d’opposition à Pedro Sanchez, ne s’est pas associé aux manifestations, accusant la gauche d’instrumentaliser la cause de l’égalité.

Carmen Cibiriain, manifestante de 71 ans rencontrée à Madrid, critique la récupération du sujet par les partis en campagne. “Quand je les entends dire que le féminisme est libéral, ou qu’il est anticapitaliste, non. C’est l’égalité”, fulmine-t-elle.

L’extrême droite, qui a fait une percée récente avec le parti Vox, a fait de l’antiféminisme l’un de ses chevaux de bataille.

Dans ce contexte, une plateforme regroupant des associations catholiques et anti-IVG a convoqué dimanche à Madrid une contre-manifestation tandis que l’association catholique ultraconservatrice Hazte Oir (“Fais-toi entendre”) fait circuler un bus comparant les féministes aux nazis, agrémenté d’un montage photo de Hitler maquillé, un logo féministe violet sur la casquette.

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