Les camionneurs victimes collatérales de la guéguerre entre fédéral et Régions

L'Union belge du transport appelle les routiers à bloquer le pays lundi. © BELGA/Bruno Fahy

Le secteur du transport estime être victime des relations tendues entre le fédéral et les Régions. Il ne parvient pas à trouver d’interlocuteurs pour le projet de taxe kilométrique, qui va entraîner une augmentation de la fiscalité routière pour les véhicules à partir de 3,5 tonnes.

S’il n’y pas de taxe kilométrique prévue pour les automobiles, les camions n’y échapperons pas. Les camionnette non plus, à partir de 3,5 tonnes. Le dispositif devrait entrer en vigueur début 2016. Les Régions espèrent bien en tirer des revenus plus élevés que l’actuelle vignette autoroutière (eurovignette). Les tarifs envisagés vont de 12,5 cents en Flandre et en Wallonie pour les grands axes à 25 cents sur les grandes voies de la Région de Bruxelles-Capitale.

Remplacer l’eurovignette de 1.250 euros

L’opération vise surtout à faire mieux contribuer les camions étrangers de passage, nombreux en Belgique, voire de les dissuader d’emprunter nos routes. Les règles communautaires ne permettent pas d’exempter ou de traiter différemment les camions belges. Ils payeront. D’où un lobbying du secteur pour obtenir des accommodements. L’UPTR, une fédération de poids lourds, avance que cette taxe revient à augmenter le coût du transport. La vignette coûte 1.250 euros par véhicule. “La taxe kilométrique représente selon nous au moins une multiplication par 5 de cette fiscalité” avance Michaël Reul, secrétaire général de l’UPTR. Même si la taxe touche tout le monde, il estime que la hausse des tarifs des transporteurs belges, entrainée par cette taxe, va “encourager les entreprises à recourir à des transporteurs étrangers, qui sont moins chers, à cause du coût de la main-d’oeuvre. Les transporteurs bulgares ou slovaques peuvent faire un peu de cabotage, leurs offres paraîtront plus intéressantes.”

“Nous faisons les frais du climat qui règne entre le PS et le MR”

“Dans ce dossier, nous n’arrivons pas à avoir d’interlocuteur politique, c’est incroyable”, continue Michaël Reul. “Lorsque l’on explique la situation aux Régions, sur le souci compétitif que va aggraver la taxe kilométrique, on nous répond que cela ne les concerne pas. Que le coût du travail, les cotisations sociales, c’est l’affaire du fédéral. Au fédéral, on nous renvoie aux Régions, en disant que la taxe kilométrique n’est pas une décision et une compétence fédérale.”

“Nous faisons les frais du climat qui règne entre le PS et le MR, aucun homme politique ne se met au-dessus de la mêlée. On nous dit que ce sujet qui touche à la fois le fédéral et les Régions devrait être abordé par le comité de concertation où l’ambiance est, paraît-il, glaciale”, continue Michaël Reul. Il fait allusion au dernier conflit sur les prévisions de recettes de l’impôt, revues nettement à la baisse pour les Régions.

100.000 véhicules en Belgique

Les camions ne sont pas très populaires, d’où la difficulté pour le secteur à se faire entendre. L’UPTR avance le dossier de l’emploi. “Le secteur, qui occupe 85.000 personnes, a perdu 6.000 emplois en 5 ans”, avance-t-il. Notons que la taxe n’est pas uniquement l’affaire des poids lourds. La base taxable a été élargie par rapport à l’eurovignette. Cette dernière concerne les véhicules de plus de 12 tonnes. Le seuil a été abaissé à 3,5 tonnes pour la taxe kilométrique, ce qui inclut les grosses camionnettes (Mercedes Sprinter, Renault Master…) de livraison ou de chantier. Le parc touché dépassera les 100.000 véhicules en Belgique.

La taxe kilométrique est organisée par les Régions via un organisme commun, Viapass. La mise en oeuvre pratique a été confiée à un consortium, Sky-ways, qui est en train d’installer des portiques (40) le long des autoroutes.

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