Le PTB embarrasse la FEB… et le PS

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A force de lâcher des missiles sur la fiscalité des entreprises, le PTB, ex-parti maoiste, est en train de perturber la FEB et d’embarrasser le PS. Trends-Tendances publie une enquête sur ce trublion.

Retrouvez l’enquête complète sur le PTB dans le magazine Trends-Tendances daté du 15 mars 2012.

Le PTB s’était illustré en indiquant que Bekaert, qui se restructure, ne paie pas d’impôt en Belgique. Et en accusant les grandes entreprises de ne guère payer d’impôts, chiffres à l’appui, pour mieux demander la suppression des intérêts notionnels. Il connaît le sujet, car il compte dans ses rangs des experts en fiscalité, comme Marco Van Hees, fonctionnaire au SPF Finances et auteur de plusieurs ouvrages agressifs et argumentés sur les finances en Belgique (dont Banques qui pillent, banques qui pleurent et Didier Reynders, l’homme qui parlait à l’oreille des riches).

Signe que le PTB touche un public plus large que sa base historique, l’ouvrage de son président, Peter Mertens, Hoe durven ze ? (éditions Aden), qui s’est vendu à 11.000 exemplaires pour la seule éditions en néerlandais, sort maintenant en français (Comment osent-ils ?, chez le même éditeur), en collaboration avec David Pestieau.

Il bouscule aussi le PS, parti gouvernemental obligé de mener une politique d’austérité. “Si Laurette Onkelinx a proposé au contrôle budgétaire un impôt minimum sur les sociétés, elle a clairement rebondi sur ce que le PTB a amené dans le débat”, estime Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l’ULB.

“Pour moi, c’est du populisme de gauche”, estime Geert Noels, économiste et cofondateur du groupe Econopolis, qui a accepté de débattre avec Peter Mertens dans Humo. Populisme de gauche ? “C’est le joker que l’on sort quand on est à court d’argument, réagit Marco Van Hees. La réalité est que la Belgique est un enfer fiscal pour les travailleurs et un paradis pour les entreprises. Les chiffres publics sont assez clairs à ce sujet.”

La métamorphose d’un parti révolutionnaire

Voici une décennie, le PTB était marginal et développait une rhétorique marxiste-léniniste “largement maoïste”, continue Pascal Delwit. Son influence dans le conflit des Forges de Clabecq à Tubize illustre le PTB ancienne manière. Avec l’épisode spectaculaire de la violence sur le curateur, Alain Zenner, qui apparut le visage ensanglanté devant les caméras de télévision après avoir été “bousculé” par des travailleurs.

“Tout cela a changé après un congrès en 2008, le parti est devenu plus réformiste, et mène des combats sur des choses très terre à terre, comme le prix des sacs poubelle ou celui de l’abonnement Stib pour les étudiants, poursuit le professeur. Il a adopté une approche assez sociale-démocrate, et développe une communication volontariste en direction des médias, ce qu’il ne faisait pas auparavant. Il cherche visiblement à suivre la voie qu’a prise le Socialistische Partij aux Pays-Bas, un parti maoïste qui a effectué le même virage beaucoup plus tôt, et a progressé électoralement.”

Robert van Apeldoorn

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