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La tragédie grecque: et maintenant ?

Ce dimanche, lors d’un référendum, la Grèce va devoir se prononcer sur le plan de sauvetage de la Grèce. La décision d’Alexis Tsipras ne peut être qualifiée que de démocratique. Seulement le fait que le premier ministre demande aux citoyens de voter pour le “non” provoque un gigantesque problème politique pour la zone euro. Car sur quoi va porter exactement le referendum ?

Alternatives

Quelles seront les alternatives après les résultats de dimanche prochain? Mettons que les Grecs disent oui. Dans ce cas Tsipras doit démissionner, avec une crise politique à la clé. Mais que se passera-t-il si les gens disent non ?

Si les Grecs sortent de la zone euro, est-ce qu’ils quittent aussi l’Europe ? Beaucoup de pays sont membres l’Union européenne sans faire partie de la zone euro (Le Danemark, la Suède ou encore le Royaume-Uni). En sachant que les Grecs ne participent qu’à hauteur de 1.8 milliard au budget européen, mais qu’ils en reçoivent beaucoup plus, quitter l’Europe serait un nouveau drame pour les finances grecques.

Il existe deux possibilités : la première c’est que la Grèce introduise une nouvelle monnaie fortement dévaluée. La seconde que l’on garde l’euro tout en sortant de la zone euro. La première est relativement logique, même si le fait de continuer avec une monnaie dépréciée et à qui personne ne fait confiance risque d’être rude pour le pays. La deuxième option a l’avantage de maintenir l’euro pour les Grecs, mais ceux-ci n’auront plus le soutien de la banque centrale européenne et de la zone euro.

Enfin, il reste l’aspect géopolitique de ce pays. Sa seule vraie valeur. Imaginons que la Russie ou la Chine aident la Grèce. Dans ce cas l’OTAN et l’Union européenne seront confrontées à un énorme problème de défense et de géopolitique. Ne perdons pas de vue que l’Europe s’est déjà fortement fourvoyée dans le dossier ukrainien. Il ne faudra donc pas longtemps pour que l ‘US Secretary of the Treasury (le ministre des finances américain) se mêle de l’affaire grecque.

Gestion

La Grèce a très mal été dirigée ces dernières décennies. Aussi bien par le socialiste PASOK que par les chrétiens-démocrates Nea Demokratia (ND). On ne peut que constater que le peuple grec en est aujourd’hui la victime. Mais l’Europe a aussi une importante responsabilité. Pourquoi est-il ressorti si peu des centaines de milliards injecté par L’Europe en faveur de la Grèce depuis 1981 ?

Le cartel communiste-stalinien de Syriza vient également de montrer qu’il n’avait pas le sens des réalités lorsqu’il s’agissait de diriger le pays. D’ailleurs la coalition de ce gouvernement grec – extrême gauche avec extrême droite- n’est pas une base solide pour sortir ce pays de ces problèmes. Le problème grec est au fond le même que celui que beaucoup d’entreprise ou de famille en difficultés connaissent: ils dépensent plus qu’ils ne gagnent. Si la Grèce fait faillite, c’est probablement la première fois que cela arrive dans un pays qui n’a pas sa propre monnaie. Car les exemples connus comme l’Argentine n’ont eu de cesse de garder leur propre monnaie.

Les conséquences

Un départ de la Grèce de la zone euro ouvrirait la porte pour d’autres départs. Si ce postulat se vérifiait, cela mettrait immédiatement en évidence à quel point il y a fondamentalement quelque chose qui ne va pas dans l’intégration européenne. Mais la Grèce ne représente que deux pour cent de l’économie européenne et coute plus que les autres pays européens. On ne peut pas non plus ignorer que cette crise qui tire en longueur n’a pas un effet positif sur l’ensemble de la zone euro. Son économie a du mal à se tenir à flot et devient un produit difficilement vendable aux citoyens. En effet, les pays européens qui ne font pas partie de l’Euro où ceux de l’ AELE et de l’Amérique du Nord s’en sortent beaucoup mieux économiquement.

Conclusion

Si la Grèce veut continuer seule, elle va se retrouver devant une situation extrêmement compliquée avec une dette qui s’élève à 180 % de son PIB. Mais l’Europe se retrouvera aussi prise en faute. Car comment a-t-elle pu accepter ce pays dans la zone euro ? Il faudrait ajouter à cela qu’il y a d’autres pays qui ne devraient en réalité pas non plus s’y trouver. Le dossier grec montre aussi que les règles budgétaires de l’Europe peuvent poser un problème à plusieurs pays. On a intégré des pays à un système qui veut fonctionner selon la logique allemande. Celle-ci voudrait peu de dettes, pas de déficits, peu d’inflation, des rendements bas et une forte monnaie sans dévaluation. Mais il y a une dizaine d’années, régnait dans une partie non négligeable de l’Europe un système économique diamétralement opposé.

La position de la BCE sera d’une importance capitale cette semaine. Va-t-elle fermer les robinets ? Ce couteau sur la gorge pourrait peut-être pousser les Grecs à voter oui ce dimanche. Mais quel que soit le verdict du referendum, le dossier grec va encore peser durant des mois sur la zone euro. Si c’est un oui il y aura une crise politique sans pour autant avoir un accord. Si c’est un non, il y aura des discussions sans fin pour savoir comment la Grèce va sortir de la zone euro et si elle doit aussi quitter l’Union européenne. L’été 2015 sera bel et bien celui de la tragédie qui se lie entre l’Europe et la Grèce.

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