La Lituanie bientôt dans l’euro !

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Le compte à rebours est enclenché pour l’entrée de la Lituanie dans la zone euro en 2015, Vilnius devant compléter le trio des Baltes utilisant la monnaie européenne alors que la crise russo-ukrainienne incite d’autres pays de l’Est à faire de même.

Une grosse horloge à la banque centrale de Vilnius égrène le temps qui reste avant que ce pays de 3 millions d’habitants ne devienne le 19e membre de la zone euro au 1er janvier après la Lettonie et l’Estonie voisines en 2014 et 2011. Les pays baltes, trois ex-républiques soviétiques, se sont empressés, sitôt leur indépendance retrouvée en 1991, de rejoindre l’UE et l’Otan en 2004. Ils n’ont ensuite pas hésité à s’infliger des cures draconiennes d’austérité pour être admis dans l’euro et s’ancrer ainsi fermement à l’Ouest.

La Pologne, poids-lourd économique de la région, et la République tchèque, semblaient jusqu’alors moins enthousiastes vis-à-vis de l’euro mais l’annexion de la Crimée par la Russie et les bruits de bottes en Ukraine changent la donne.
“Dans la partie orientale de l’UE, rejoindre la zone euro est d’abord une question de sécurité”, dit à l’AFP Witold Orlowski, analyste de PricewaterhouseCoopers à Varsovie.
Un avis également exprimé par la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, dont le pays a toujours en mémoire un demi-siècle de domination soviétique.
“Sur le plan géopolitique, l’euro va apporter plus de sécurité”, a déclaré à l’AFP cette ancienne commissaire européenne au budget le 23 juillet, alors que la Lituanie venait de recevoir de Bruxelles son ultime feu vert à l’euro.

Selon un tout récent sondage d’Eurobarometer, 50% des Lituaniens approuvent l’entrée de leur pays dans l’euro mais 41% auraient préféré garder leur monnaie nationale, le litas, craignant une flambée des prix. Pourtant, en juin, l’inflation n’a été que de 0,2% en rythme annuel, un taux proche de la déflation.

L’an dernier, la Pologne apparaissait peu pressée de faire son entrée dans l’euro, jugeant plus prudent d’attendre la fin de la crise de la dette. Mais après l’annexion éclair de la Crimée, le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski a estimé que les évènements en Ukraine “devraient nous inciter à accélérer notre intégration dans la zone euro”, censée assurer une plus grande sécurité.

Cet ancien pays communiste de 38 millions d’habitants n’a pas fixé de date pour son adhésion à l’euro. Varsovie espère remplir tous les critères de Maastricht d’ici 2015 mais le gouvernement de centre-droit n’a pas la majorité nécessaire au Parlement pour se séparer du zloty, une décision qui passe par un amendement de la Constitution.
“Les députés eurosceptiques pourraient finir par être tellement effrayés de ce qui se passe en Ukraine qu’ils pourraient bien arrêter de bloquer tout changement de la Constitution”, souligne M. Orlowski.

La République tchèque voisine, longtemps perçue comme un bastion de l’euroscepticisme sur le mode britannique, semble désormais favorable à l’euro. Le nouveau gouvernement de gauche et le président Milos Zeman sont ouvertement pro-euro, contrairement à l’équipe précédente avec Vaclav Klaus à la tête de l’État. Alors que la crise en Ukraine s’amplifiait en juin, le Président Zeman a estimé que son pays pourrait rejoindre l’euro en 2017, deux ans plus tôt que ce que prévoyait auparavant la Banque centrale. La République tchèque remplit les critères pour entrer dans l’euro et prévoit une croissance de son économie de 2,6% cette année.

Pour d’autres pays candidats à l’euro, comme la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie ou la Roumanie, la route de l’euro est encore longue.

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