La crise grecque propulse les CDS sur le devant de la scène

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Les CDS, ce sont ces titres qui permettent de s’assurer contre le risque de défaut d’un débiteur… Plus leur coût monte, plus ce risque est élevé. Explications.

L’immense et nébuleux marché des CDS, ces titres permettant de s’assurer contre le risque de défaut d’un émetteur de dette, est mis en lumière dans la crise de la dette des pays de la zone euro comme la Grèce ou le Portugal.

“Des banques importantes et de grands fonds spéculatifs ont vendu des assurances contre le risque de défaut des Etats européens”, souligne l’ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, Simon Johnson.

Ces assurances prennent la forme de Credit Default Swaps (CDS). Le principe est assez simple. D’un côté un créancier (d’un émetteur public ou privé) paie pour se couvrir si jamais son débiteur venait à ne pas rembourser toute sa dette: en contrepartie, une institution financière lui offre de prendre à sa charge cette dette dans cette éventualité.

Plus le risque de défaut augmente, plus cette couverture coûte cher. L’évolution du coût des CDS est régulièrement citée comme un moyen de mesurer au jour le jour l’évolution du risque que présente la dette d’une entreprise ou d’un Etat.

Un marché estimé à 60.000 milliards de dollars
En tenant compte de cet indice, le prix des CDS sur la Grèce “implique une probabilité de défaut de 28% dans les cinq ans à venir”, indique Vishal Damor, gestionnaire de portefeuille. La dette grecque est ainsi “plus risquée que celle du Salvador, de la Bulgarie, du Liban ou du Kazakhstan”, relève Eric Fry, un ancien financier.

Par ailleurs, plus la perception de ce risque de non-remboursement augmente, comme dans le cas de la Grèce, plus les assurés vont demander à leur assureur de lui faire la preuve de sa propre solidité financière.

“Ces pays perdant de leur crédibilité, (…) ces institutions financières devront se présenter avec du numéraire pour afficher des montants croissants de collatéral. (…) Un risque généralisé de contrepartie -la peur que votre assureur va faire faillite et que cela mettra à terre toutes les banques qui lui sont connectées – montre son horrible visage à nouveau”, s’alarme M. Johnson.

Cette crainte est peu partagée aujourd’hui, la Grèce n’étant pas perçue comme devant entrer en cessation de paiements très prochainement.

Mais si cela devait arriver, la réaction en chaîne serait spectaculaire, d’après les opérateurs de marché. “La leçon de la crise financière de 2008 est que les interconnexions qui lient le système bancaire mondial créent une corrélation entre les marchés et permettent à la contagion de s’étendre”, rappellent les analystes de Morgan Stanley.

Ce scénario montre le poids d’un marché assez mal connu et déjà responsable de la quasi-faillite en 2008 de l’ex-numéro un mondial des assurances, l’américain AIG, gros émetteur de CDS.

Le marché mondial des CDS est tentaculaire, pesant selon certaines estimations 60.000 milliards de dollars.

Il est aussi particulièrement opaque, passant en très grande majorité par des contrats de gré à gré. La chambre de compensation de l’IntercontinentalExchange (qui revendique 10% du marché) et celle du Chicago Mercantile Exchange, qui n’a pas deux mois d’existence, voient encore leur échapper une grosse part de ce volume.

Pour certains, les principaux acteurs de ce marché sont des spéculateurs ayant intérêt à faire monter l’angoisse. Certains blogs financiers accusent ces institutions financières américaines d’être les instigateurs d’un début de panique, supposé leur rapporter de juteux profits en faisant grimper les taux d’intérêt.

Trends.be, L’Expansion.com

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