La Commission européenne déplore les affaires courantes belges qui ralentissent les réformes

© BELGA/Dirk Waem

La Commission européenne a déploré mercredi, dans son rapport annuel sur la situation socio-économique des 28 États membres, le risque de ralentissement des réformes en Belgique dû au régime d’affaires courantes du gouvernement fédéral démissionnaire.

“Les récentes réformes ont soutenu une expansion économique créatrice d’emplois”, constate l’exécutif européen dans son rapport de 102 pages sur la Belgique, en soulignant un rythme de croissance “modéré mais constant” sur les dernières années. Les taux de croissance, toutefois, restent en deçà de ceux enregistrés avant la crise financière.

Pour renforcer la croissance, la Commission préconise de nouveaux investissements, de nouvelles réformes pour accroître la productivité et la mise en oeuvre des réformes déjà annoncées. Les défis sont connus, rappelle l’exécutif, citant notamment la faiblesse des infrastructures énergétiques et de transports (embouteillages, notamment) ou encore la viabilité à long terme des finances publiques.

La participation au marché du travail reste faible, malgré un taux élevé de demande d’emploi dans certains secteurs. C’est notamment dû à une inadéquation entre les compétences des travailleurs et les besoins de l’économie, ce qui nécessite des investissements supplémentaires dans l’enseignement et la formation, insiste une nouvelle fois la Commission.

A cet égard, l’exécutif déplore la lenteur des réformes dans l’enseignement, une lenteur qui ne permet pas encore de redresser les résultats scolaires ni réduire les fortes disparités, en particulier en Communauté française, note la Commission, dans une allusion manifeste au retard pris pour mettre en oeuvre le Pacte d’excellence. La situation politique actuelle au niveau fédéral, où le gouvernement Michel a dû démissionner et se retrouve à gérer le pays en affaires courantes, n’est pas du goût de la Commission. Cette situation risque bien de ralentir les réformes nécessaires, note-t-elle.

En outre, pour la maîtrise des dépenses publiques, “la démission du Premier ministre ouvre la voie à un scénario de budgets glissants de nature à renforcer l’incertitude”. La Belgique apparaît comme un élève modérément discipliné par rapport aux recommandations de l’UE, souvent perçues comme trop rigoristes. Depuis l’introduction du cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l’UE (le “Semestre européen”, en 2011), moins de la moitié (48%) des recommandations ont au moins donné lieu à “certains progrès”. Mais dans 52% des cas, les progrès ont été “limités” ou “aucun progrès” n’a été constaté, selon la Commission. Pourtant les points d’attention ne manquent pas.

L’exécutif européen reste particulièrement attentif au déficit budgétaire et à la dette publique. Si ces derniers ont régressé, la Belgique a raté l’occasion de profiter d’une situation macroéconomique relativement favorable pour mener un assainissement budgétaire plus structurel, selon la Commission. Autre souci, le vieillissement de la population pèse sur les finances publiques de la Belgique plus que dans beaucoup d’autres pays européens. Le coût des pensions, des soins de santé et des soins de longue durée atteindraient 3,5% du PIB en 2040 et 5% en 2070. La Commission note également qu’une baisse des flux migratoires ou des taux d’emploi augmenterait les dépenses de pensions d’environ 0,5 pp du PIB par rapport au niveau de référence.

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