La Chine saisit l’OMC et appelle le monde à faire front face aux Etats-Unis

Donald Trump © Reuters

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a appelé jeudi la communauté internationale à faire front pour s’opposer aux Etats-Unis, qui ont décidé de taxer les importations de certains produits chinois, et “défendre ensemble la croissance de l’économie mondiale”.

“La communauté internationale doit s’opposer dans son ensemble à de telles actions unilatérales et violations des règles, défendre dans son ensemble la croissance de l’économie mondiale et aider ceux qui pensent que tout leur est permis à retrouver le bon sens”, a déclaré Wang Yi lors d’une conférence de presse à Moscou.

“Si les Etats-Unis pensent qu’ils peuvent tirer profit du protectionnisme, ils se trompent”, a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis et la Chine sont engagés dans un conflit commercial déclenché par la décision de l’administration Trump d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium.

En réponse à la publication, mardi, par l’administration Trump d’une liste provisoire de produits importés de Chine susceptibles d’être soumis à de nouveaux droits de douane, Pékin a répliqué avec une liste visant des produits plus stratégiques dont le soja, l’automobile et l’aéronautique, qui pèsent lourd dans la balance.

Wang Yi s’exprimait après un entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

La Russie, producteur et exportateur de premier plan d’acier et d’aluminium, considère de prendre des mesures réciproques, a déclaré en début de semaine le vice-ministre de l’Industrie russe Victor Evtoukhov, cité par les agences russes. Il a précisé que de telles mesures ne seraient prises qu’en cas extrême.

Le vice-ministre a affirmé que la Russie entendait négocier avec Washington, et en appellerait à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en cas d’échec de ces négociations.

Le géant de l’aluminium Rusal a récemment affirmé vouloir demander à être exempté des taxes sur les importations aux Etats-Unis.

La Chine saisit l’OMC

Par ailleurs, la Chine a déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant “les mesures tarifaires visant des produits chinois” que les Etats-Unis entendent mettre en place, a-t-on appris jeudi auprès de l’OMC.

La Chine entend ainsi contester “les mesures tarifaires que les États-Unis proposent d’imposer sur certains produits originaires de Chine dans divers secteurs tels que ceux des machines, de l’électronique, etc.”, souligne la délégation chinoise dans sa communication à l’Organe de règlement des différends de l’OMC, faisant référence à la liste provisoire de produits chinois importés susceptibles d’être soumis à de nouvelles taxes, publiée mercredi par Washington.

Cette liste représentant “approximativement 50 milliards de dollars” cible des produits de différents secteurs dont l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication ou encore la robotique et les machines, avait expliqué mercredi le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lightizer.

La liste provisoire identifie quelque 1.300 biens mais reste soumise à un processus d’examen d’au moins 30 jours avant publication d’une liste définitive.

En réponse à cette annonce, la Chine avait brocardé “un comportement totalement infondé, typiquement unilatéraliste et protectionniste”, son ambassade à Washington affirmant que Pékin allait utiliser la procédure des règlements des conflits de l’OMC.

Formellement, la Chine a donc demandé “l’ouverture de consultations avec le gouvernement des Etats-Unis”, ce qui constitue la première étape d’un contentieux devant l’Organe de règlements des différends (ORD) de l’OMC.

Si cette phase échoue, le litige doit faire l’objet d’une décision prise par un groupe spécial d’experts mandaté à cette fin par l’Organe des réglements des différends, décision elle-même susceptible d’appel.

Dans sa communication à l’ORD, rendue publique jeudi par l’OMC, la délégation chinoise estime que les mesures souhaitées par les Etats-Unis “sont incompatibles avec les dispositions pertinentes des accords visés de l’OMC”.

Le projet américain consiste à “imposer un droit ad valorem additionnel de 25%” sur les biens chinois visés, remarque la délégation chinoise.

Par ailleurs, relève-t-elle, “les droits proposés s’appliqueraient seulement aux produits chinois et seraient supérieurs aux taux consolidés des États-Unis prévus dans leur Liste de concessions et d’engagements annexée au GATT de 1994” (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 qui a donné naissance à l’OMC).

Le président Donald Trump avait signé le 22 mars “un memorandum ciblant l’agression économique de la Chine” et avait évoqué des mesures punitives contre des importations chinoises pour mettre un terme à ce qu’il affirme être la concurrence “déloyale” de Pékin et le “vol” de propriété intellectuelle.

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