La Belgique s’éloigne encore un peu de son objectif de leader numérique

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La Belgique s’éloigne encore un peu de son objectif de figurer dans le top 3 de l’indice global Desi (Digital economy and society index) l’année prochaine, ressort-il du 8e Baromètre de la société de l’information du SPF Économie présenté mercredi à Bruxelles.

Malgré quelques très bons indicateurs, le pays a perdu une place dans ce classement répertoriant les pays à la pointe de la numérisation, et se trouve seulement à la 9e place. Les principaux points noirs: l’instauration de la 5G qui prend du retard et la difficulté d’attirer des étudiants dans les filières STEM, et plus singulièrement les femmes.

Le Plat Pays fait pourtant figure de bon élève sur plusieurs points. La fracture numérique s’est d’ailleurs encore réduite l’an dernier, bien qu’elle ne soit toujours pas éradiquée. Ainsi, 8,6% des 16-74 ans n’avaient jamais utilisé internet, contre 9,8% un an plus tôt. Le score n’a rien de glorieux si on le compare aux résultats des pays voisins (Pays-Bas, Luxembourg et Royaume-Uni sont sous les 5%), mais pourrait s’améliorer quand on note que cette fracture n’est que de 1,4% chez les 16-24 ans.

Toujours dans les indicateurs positifs, le pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises réalisées par l’e-commerce continue de croître, pour atteindre l’an dernier 32,5%, contre 31,4% en 2017. “C’est un score nettement supérieur à la moyenne de l’Union européenne (17,4%) et de nos pays voisins”, relève Pierre Strumelle, analyste au SPF Economie. Par contre, seuls 61% des Belges commandent par internet, soit 1 point de pourcentage de plus que la moyenne de l’UE, mais une proportion inférieure à celles des pays qui nous entourent.

Plus de huit entreprises belges sur 10 (84%) disposent d’un site internet, contre 77% pour la moyenne européenne, mais seulement un quart d’entre elles ont reçu l’an dernier des commandes via le web. Rien d’étonnant dès lors de constater que la balance commerciale du commerce en ligne est “largement déficitaire”, de 3 milliards d’euros. Reste que le secteur représentait tout de même l’an dernier 40.349 entreprises, pour un chiffre d’affaires total de 35,2 milliards d’euros, un chiffre surtout alourdi par les entreprises actives dans les télécoms et le conseil. Le nombre de travailleurs occupés dans le secteur des technologies de l’information était de 106.657, avec un taux de vacance atteignant de plus les 60%. En mai dernier, 34.553 emplois y restaient à pourvoir.

Là où le pays peut par contre se targuer de faire figure de modèle, c’est sur la qualité de ses infrastructures tant fixes que mobiles. La Belgique dispose d’une “excellente” couverture par la large bande fixe (99,93%) mais aussi par l’internet mobile à haut débit (99,63%). Mais paradoxalement, seuls 87% des ménages disposent d’une connexion internet, et le taux de pénétration de l’internet mobile à haut débit n’est que de 76%. “Il est clair que les prix trop élevés” jouent un rôle important, estime le ministre de l’Agenda numérique Philippe De Backer, pour qui la solution viendra d’une hausse de la concurrence, avec l’arrivée d’un quatrième opérateur.

Outre le déploiement de la 5G toujours en suspens faute d’accord entre les différents niveaux de pouvoir quant à la répartition du revenu de la vente des fréquences, un autre indicateur qui plombe le score de la Belgique dans l’index est la difficulté à recruter des spécialistes en TIC. Si la pénurie est généralisée, la faible présence de filles et femmes dans les études pour les métiers du secteur risque en outre de “créer un réel problème économique”, alerte le SPF. Selon l’indice WiD 2019 (women in digital), seuls 7,9 des 1.000 diplômés en STEM (sciences, technologies, génie civil et mathématiques) étaient des femmes.

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