La Belgique, championne européenne de la dette ?

© Image Globe/Julien Warnand

La dette de l’Etat fédéral a crû de 11,15 milliards d’euros en 2010, soit 0,4 % du PIB. Un très beau résultat, surpassé seulement par l’Estonie et Malte. Mais il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, préviennent de concert le ministre des Finances et le Trésor.

La dette de l’Etat fédéral a crû de 11,15 milliards d’euros en chiffres nets (19,77 milliards en brut) en 2010, pour atteindre 96,6 % du produit intérieur brut grâce à un déficit public moins élevé que prévu, a annoncé vendredi Marc Monbaliu, administrateur général de l’administration de la Trésorerie, en présentant le rapport annuel sur la dette.

“La dette reste une préoccupation forte en Belgique”, a pour sa part admis Didier Reynders, ministre des Finances, tout en saluant cette évolution “positive”, comparée à de nombreux autres pays européens qui ont vu leur déficit et leur dette se creuser depuis le début de la crise financière en 2008.

“On est resté en dessous des 100 %” du PIB, contrairement à certaines prévisions, a souligné le grand argentier belge au cours d’une conférence de presse à Bruxelles destinée à présenter le rapport annuel de la dette fédérale.

La croissance de la dette n’a représenté que 0,4 % du PIB (après les 96,2 % de 2009) et a été due pour moitié au financement de la Grèce, plongée dans une crise économique profonde, a souligné Marc Monbaliu. Des 17 pays de la zone euro, seules l’Estonie et Malte ont fait mieux.

Dette belge : 84 % du PIB avant la crise… contre 138 % en 1993

Le différentiel entre notre taux d’endettement belge et celui des autres pays de l’Eurozone a également fortement diminué, passant de 67,8 % en 1993 à 11,5 % en 2010, selon des chiffres fournis par Eurostat. Avant la crise, la dette belge s’élevait à 84 % du PIB contre 138 % en 1993, soit une diminution de 40 points.

Le ratio est remonté ces deux dernières années en raison des dépenses consenties pour le sauvetage des banques touchées par la crise financière. Dans le même temps, la moyenne de la dette dans la zone euro a progressé de 5,8 %, pour atteindre 85,1 %. La situation de la France et de l’Allemagne s’est ainsi dégradée de 40 points, selon Didier Reynders.

Le résultat dès lors plus qu’honorable de la Belgique a notamment été obtenu grâce à un déficit du secteur public moins élevé qu’attendu : 4,1 % du PIB (dont 3,2 % pour le fédéral et 0,9 % pour les entités fédérées), contre 4,8 % initialement prévu dans le programme de stabilité 2010-2013 (3,8 % pour le fédéral et 1 % pour les Régions), a encore chiffré Marc Monbaliu.

Reynders : il faut poursuivre les réformes, notamment celles du marché du travail et des pensions

Didier Reynders a néanmoins insisté sur la nécessité de poursuivre le programme de stabilité et d’éventuellement l'”accélérer” afin d’atteindre le retour à l’équilibre budgétaire peut-être dès 2014, au lieu de 2015 comme envisagé jusqu’ici. Un élément encourageant est l’accélération de la croissance annoncée par la Banque nationale de Belgique, qui a relevé mercredi son estimation, la portant à 2,6 % pour 2011.

Le vice-Premier ministre a également plaidé en faveur de la poursuite des réformes, notamment celles du marché du travail et des pensions, pour faire face à l'”endettement caché” que représente le vieillissement de la population.

En cas d’absence de nouveau gouvernement, le cabinet démissionnaire devra après l’été et en dépit du régime d’affaires courantes, “prendre des initiatives” en accord avec le Parlement pour lancer les premières de ces réformes.

Prêt à la Grèce : un impact de 0,2 % sur la dette belge

La Belgique a prêté l’an dernier 754,96 millions d’euros à la Grèce, ce qui a eu un impact de 0,2 % sur sa propre dette. Le Conseil des ministres a aussi approuvé jeudi le traité européen instituant un Mécanisme permanent de stabilité financière (ESM, selon l’acronyme anglais), appelé à succéder au système transitoire pour aider les pays européens en détresse. La participation de la Belgique passe de 15,282 à 27,031 milliards d’euros, a confirmé vendredi Didier Reynders.

“C’est une garantie, il ne s’agit pas d’un paiement !”, a prévenu le ministre, qui a défendu les efforts consentis en faveur des pays de la zone euro en difficulté : “On ne perd pas un euro, on se sauve en sauvant la Grèce.”

Le Trésor a déjà émis pour 26 milliards d’obligations, sur un total de 34 milliards

Le rapport annuel sur la dette détaille aussi les opérations de gestion de celle-ci. En 2010, le fédéral a eu davantage recours aux obligations linéaires (OLO), en émettant pour un montant total de 40,85 milliards d’euros – soit nettement plus que les 32,75 milliards prévus – détenues à 47,4 % par des investisseurs belges.

En 2011, la Trésorerie escompte en émettre pour 34 milliards, dont 25,85 milliards déjà émis.

Les bons d’Etat n’ont représenté en 2010 que 220 millions d’euros. En dépit de la croissance de la dette constatée en 2008, 2009 et 2010, les charges d’intérêt ont continué à décroître, pour ne plus représenter que 11,09 milliards d’euros en 2010, soit 3,16 % du PIB.

Trends.be, avec Belga

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