La BCE appelée à trancher sur la Grèce

Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne. © AFP/Thierry Charlier

Les gouverneurs de la BCE doivent décider dimanche s’ils maintiennent les banques grecques sous perfusion malgré l’échec des négociations samedi à Bruxelles. Derrière la panique bancaire qui guette se profile le risque du défaut de paiement de la Grèce, d’une catastrophe humanitaire et sociale dans le pays et de sa sortie de l’euro. Les avis sont partagés quant à la suite des évènements.

Les 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE, qui tiennent leur conférence sans doute par téléphone, vont vraisemblablement couper le robinet du financement des banques hellènes, pour lequel les conditions ne sont plus réunies depuis que les Européens ont décidé samedi, après cinq mois de négociations infructueuses, de laisser expirer mardi 30 juin le programme d’aide dont bénéficiait la Grèce.

Du coup “il n’y a aucune raison de remettre de l’argent”, a commenté samedi soir une source proche des négociations, “la BCE va suspendre ELA demain, c’est clair”.

Les prêts d’urgence ELA sont la bouée de sauvetage des banques grecques, coupés des financements normaux de la BCE depuis février. Les conditions de leur attribution, un programme d’aide et la solvabilité des banques, ne sont plus remplies. Depuis samedi, des files se sont formées devant les distributeurs en Grèce, et le rythme des retraits, déjà soutenu ces dernières semaines, s’est accéléré, alors que les Grecs anticipent le pire. Les coffres des banques vont à ce rythme se retrouver très vite vides, le financement de toute l’économie coupé, et celui de l’Etat aussi puisque les banques grecques étaient les seules à le refinancer, en achetant ses obligations à court terme dont personne d’autre ne veut.

L’annonce vendredi soir par le Premier ministre Alexis Tsipras qu’il allait soumettre à ses compatriotes par référendum la proposition d’accord mise sur la table par les créanciers la veille a entraîné la cascade d’événements du weekend. Le Parlement grec s’est prononcé samedi soir en faveur de la tenue du référendum le 5 juillet. M. Tsipras a prédit que le peuple grec dirait alors “un grand non à l’ultimatum mais en même temps un grand oui à l’Europe”.

Mais d’ici là son objet risque d’être caduque. “D’un point de vue juridique, le référendum portera sur des propositions et des arrangements qui ne sont plus valides”, a souligné dans une interview télévisée dans la nuit la directrice générale du Fonds monétaires international (FMI), Christine Lagarde.

Un Grexit “presque inévitable”, selon le ministre autrichien des Finances

Le ministre autrichien des Finances a estimé dimanche qu’une sortie de la Grèce de la zone euro semblait “presque inévitable”, après le refus des ministres des Finances de l’Eurogroupe de prolonger le programme d’aide grec. “La Grèce est seule responsable d’un échec des négociations”, a averti Hans Jorg Schelling dans une interview au quotidien autrichien Die Presse.

Il a ajouté qu’un Grexit ne serait possible que si Athènes présentait une demande officielle de sortie de l’Union européenne.

“Les conséquences pour les pays de la zone euro ne sont pas, de loin, aussi mauvaises que pour la Grèce”, a ajouté le ministre. “Il est clair qu’un pays ne peut, en aucune circonstance, faire du chantage à la Commission européenne et aux pays de la zone euro”.

Cette déclaration intervient alors que le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne doit se consulter dimanche pour tenter d’éviter in extremis à la Grèce une déroute bancaire alors qu’Athènes se dirige tout droit vers le scénario d’une sortie de la zone euro.

Après l’annonce fracassante du Premier ministre grec Alexis Tsipras d’un référendum sur les exigences de ses créanciers, UE et FMI, excédés, ont fini par fermer samedi la porte des négociations.

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