Nabil Jijakli

L’Uruguay reste-t-elle la Suisse de l’Amérique du Sud ?

Nabil Jijakli Deputy- CEO Credendo

Situé entre deux géants, l’Argentine et le Brésil, l’Uruguay est un des pays d’Amérique du Sud les moins peuplé avec 3,4 millions d’habitants. Ce pays connaît une croissance continue depuis 15 ans, et offrede bonnes opportunités commerciales pour les entreprises souhaitant y développer leur activité. Unemission économique sous la présidence de SAR la Princesse Astrid s’y tiendra (et en Argentine) du 23au 30 juin 2018, l’occasion de braquer nos projecteurs sur cet étonnant pays qui démontre l’importanced’assurer de concert une solidité des institutions politiques démocratiques, l’ouverture de l’économie etla réalisation d’investissements judicieux.

Baptisé la “Suisse de l’Amérique du Sud”, l’Uruguay est l’un des pays les plus stables, prospères et démocratiques de la région, jouissant d’un climat des affaires positif. À la suite d’un signal d’alarme déclenché par une profonde récession économique en 2002, le pays a diversifié avec succès ses exportations et ses partenaires commerciaux et enregistre une croissance positive de son PIB depuis 15 ans.

Compte tenu de sa stabilité politique et de sa solidité économique, Credendo classe le risque politique dans la catégorie 3 sur 71 à court terme et à moyen et long termes. L’amélioration des perspectives de croissance, de la balance courante et de l’accès au crédit, combinée à une inflation modérée nous a conduit à classer le risque commercial en catégorie A, la catégorie la plus basse.

Trois risques de ralentissement assombrissent les perspectives économiques – une augmentation rapide de la dette publique et extérieure et une inflation élevée – mais devraient en principe être maitrisés. Les forces endogènes : une économie florissante et diversifiée Depuis 2004, l’Uruguay a enregistré l’une des meilleures progressions des pays de l’Amérique latine. L’Uruguay n’a cessé d’afficher une croissance positive malgré la crise économique mondiale de 2008 et, plus récemment, la récession qui a frappé le Brésil et l’Argentine en 2016. A l’heure actuelle, l’Uruguay jouit d’une économie relativement diversifiée, les principaux secteurs d’exportation étant le tourisme, la viande et les produits manufacturés. Le pays s’est également engagé dans de nouveaux secteurs comme les services logiciels et audiovisuels. Un effort de diversification était bien nécessaire.

Les autorités ont commencé à dissocier l’économie du pays des grandes nations avoisinantes, comme le Brésil et l’Argentine, et à réaliser des exportations vers de nouveaux marchés comme la Chine qui est devenue son principal partenaire commercial, représentant 15% de ses exportations. Les risques exogènes : les États-Unis et la Chine Il est clair à présent que le président américain Donald Trump engage les États-Unis sur la voie du protectionnisme.

Mr. Trump concentre avant tout ses efforts sur les pays avec lesquels les États-Unis enregistrent un déficit commercial. Les États-Unis affichant un excédent commercial avec l’Uruguay, le pays n’est donc pas directement visé par le gouvernement américain. Néanmoins, les droits de douane sont imposés à d’importants partenaires commerciaux de l’Uruguay, comme la Chine, le Mexique et l’Union Européenne. Les conséquences de cette politique protectionniste dépendront de la réaction des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, et notamment de la Chine.

L’Uruguay n’est pas seulement un marché commercialement intéressant, il dispose aussi d’un environnement stable pour investir

Une série d’augmentations des droits de douane en rétorsion impacterait la confiance des entreprises, les décisions en matière d’investissement, les relations diplomatiques ainsi que la bonne tenue de l’économie mondiale. L’Uruguay étant un petit pays très ouvert, il serait lui aussi touché négativement dans ce scénario. Enfin, un accord entre la Chine et les États-Unis pour diminuer le déficit commercial en important davantage de produits agricoles américains vers la Chine, pourrait avoir un impact négatif sur les exportations de l’Uruguay.

Jusqu’à présent, les partenaires commerciaux ont réagi de façon mesurée : des droits de douane d’un niveau similaire sont imposés en nature. Cela a provoqué une hausse du coût des produits, mais ne devrait pas, à ce stade, entraîner un fort ralentissement de la croissance. Il pourrait même s’agir d’une bonne nouvelle pour l’Uruguay, à l’instar de l’envolée des prix du soja – un produit d’exportation majeur – entre autres à la suite de la menace par la Chine d’imposer des droits de douane sur le soja provenant des États-Unis.

En outre, l’augmentation du protectionnisme commercial entre les États-Unis et la Chine pourrait obliger les pays à rechercher d’autres partenaires commerciaux, comme l’Uruguay, pour satisfaire leurs besoins de consommation. A suivre… La mission économique emmenée par SAR la Princesse Astrid est l’occasion rêvée pour renforcer et développer nos relations commerciales avec l’Uruguay. Au sein de l’Union européenne, la Belgique occupe la 7ème place pour les exportations vers l’Uruguay.

Aujourd’hui, ce pays est notre 101ème client et notre 127ème fournisseur. La balance commerciale avec l’Uruguay est traditionnellement positive pour la Belgique. L’Uruguay importe principalement des machines et appareils (25 % de ses importations), des produits chimiques (14 %), des produits minéraux (10 %) et du matériel de transport (8%), secteurs et produits dans lesquels notre pays excelle et est reconnu pour son savoir-faire. L’Uruguay n’est pas seulement un marché commercialement intéressant, il dispose aussi d’un environnement stable pour investir. Il serait donc dommage d’ignorer la Suisse de l’Amérique latine.

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