L’UE regrette les progrès insuffisants sur le Brexit

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Les dirigeants de l’UE ont déploré vendredi à Tallinn les faibles avancées dans les négociations du Brexit, sur fond de débats cruciaux sur l’avenir de l’Union après le discours du président français Emmanuel Macron pour refonder le projet européen.

Au milieu de cette actualité brûlante, la dimension numérique de ce sommet européen voulu et organisé par l’Estonie, qui se veut à l’avant-garde de ce secteur, a été quelque peu occultée.

“Sauf miracle”, “nous n’aurons pas de progrès suffisants” pour ouvrir “d’ici à la fin du mois d’octobre” une nouvelle phase de discussions avec Londres sur les futures relations commerciales, a affirmé sans ambages le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

“Il est évident que plus de travail doit être fait”, a renchéri le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Ces réserves apparaissent au lendemain de la conclusion d’un nouveau round de négociations entre Londres et Bruxelles sur les modalités du divorce prévu fin mars 2019.

Les Britanniques pressent l’UE d’accéder à une deuxième phase des négociations, au cours de laquelle pourra être abordée la question de la future relation, notamment sur le plan commercial.

Mais les 27 lient le passage à cette nouvelle étape, initialement programmé cet automne, au constat de “progrès suffisants” dans trois domaines jugés prioritaires: la garantie des droits des citoyens, les conséquences du Brexit pour l’Irlande et le “solde des comptes” entre Londres et l’UE.

“De très bons progrès ont été faits, cela a été clairement établi dans les déclarations faites hier” à l’issue des négociations à Bruxelles, a cependant plaidé la Première ministre britannique Theresa May vendredi, se voulant bien plus optimiste.

– Feuille de route –

Outre le Brexit, le sommet de Tallinn a été largement animé par la question de l’avenir de l’Europe, relancée mardi par un discours du président français Emmanuel Macron à La Sorbonne.

Les propositions françaises en faveur d’une Europe “à plusieurs vitesses” autour d’un couple franco-allemand consolidé étaient d’ailleurs au menu d’un dîner informel, jeudi soir, entre les dirigeants européens.

“Nous avons eu une bonne discussion”, s’est félicité Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui représente les Etats membres.

M. Tusk a été chargé de proposer “dans les deux semaines” une feuille de route sur les réformes à mener dans l’UE en 2017 et 2018, en vue de deux prochains sommets en octobre et en décembre, où ces dossiers seront à nouveau abordés.

L’UE espère arriver à “des décisions concrètes” en juin 2018.

“Le discours du président” Macron constitue “une bonne base afin de continuer à travailler de façon intensive entre l’Allemagne et la France”, avait pour sa part affirmé jeudi la chancelière allemande Angela Merkel, qui ne s’est pas exprimée vendredi matin.

Il existe selon elle “un large consensus” entre les deux voisins sur les réformes à mener.

– ‘Thème controversé’ –

Le Français et l’Allemande se sont entretenus en tête-à-tête pendant une demi-heure jeudi soir, sans entrer dans les détails des propositions françaises, notamment sur la zone euro, les plus sensibles pour Berlin.

La discussion lors du dîner “a montré une prise de conscience collective”, a estimé Emmanuel Macron, qui devait pousser vendredi après-midi en faveur d’une autre de ses propositions, visant à mieux taxer en Europe les géants du numérique, comme Apple ou Google.

Ce thème devait être “le plus controversé” du sommet numérique, bien qu’il ne soit pas officiellement inscrit à l’agenda, selon une source européenne.

Les grands groupes du numérique sont accusés de pratiquer l’optimisation fiscale en transférant artificiellement les bénéfices réalisés dans toute l’UE dans un seul Etat membre –comme l’Irlande ou le Luxembourg– où elles bénéficient d’un taux d’imposition avantageux.

La France aimerait appliquer une taxe sur le chiffre d’affaires généré dans chaque pays européen et non plus sur les bénéfices.

L’idée a reçu le soutien d’une dizaine de pays –dont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne– mais l’Irlande y est farouchement opposée.

“Si nous voulons que l’Europe devienne numérique, la solution ne passe pas par plus de taxes et de règles. En fait, c’est tout le contraire”, a argué l’Irlandais Leo Varadkar.

Egalement au programme du sommet numérique, la cybersécurité et à la libre-circulation des données, que l’Estonie, petit pays balte à l’avant-garde sur le sujet, considère comme des priorités pour l’UE.

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