L’économie britannique commence à remonter la pente après le choc de la pandémie

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L’économie britannique montre des signes de franche reprise en ce début d’été, avec une forte hausse des ventes au détail et de l’activité du secteur privé, mais le chemin reste long pour se relever de mois de confinement.

Le confinement en Grande Bretagne a été instauré le 23 mars par le gouvernement pour endiguer la pandémie de Covid-19, et progressivement allégé depuis. Plusieurs indicateurs vendredi attestent d’un rebond économique grâce à un début de retour à la normale de l’activité avec une levée progressive du confinement, même si les économistes restent divisés sur la possibilité d’une reprise en “V” après une récession historique.

L’activité du secteur privé a renoué avec la croissance en juillet, selon le cabinet Markit.

L’indice PMI “flash” (services et industrie) est remonté à 57,1 points, soit un plus haut depuis juin 2015. C’est la première fois depuis février qu’il repasse au-dessus de 50, seuil au-delà duquel l’activité progresse, selon cette première estimation pour juillet.

Markit explique cette hausse par les mesures de sortie de confinement depuis juin, avec la réouverture des commerces notamment et le retour au travail de salariés.

L’activité progresse fortement dans l’industrie manufacturière (59,8) et dans les services (56,6), ces derniers ayant particulièrement souffert pendant le confinement qui a mis à l’arrêt les transports ou le commerce.

De leur côté, les ventes au détail ont fortement rebondi (+13,9%) en juin, selon des chiffres du Bureau national des statistiques (ONS).

“Deux mois de rebond en mai et juin ont ramené le total des ventes à un niveau similaire à celui d’avant la pandémie de coronavirus”, affirme l’ONS.

Les ventes dans la distribution avaient déjà rebondi de 12% en mai comparé à avril, mois au cours duquel elles avaient enregistré une chute record de plus de 18%.

Si les ventes alimentaires ont atteint de nouveaux sommets, les commerces non alimentaires et les ventes de carburant ont fortement progressé mais sans retrouver leurs niveaux d’avant le confinement.

– “Retour” des magasins traditionnels –

Certaines habitudes prises pendant le confinement persistent et les ventes en ligne constituent une part très élevée du total, à 31,8%, très au-dessus de leur niveau de 20% en février.

“En dépit des strictes mesures de distanciation imposées dans les commerces de détail, les magasins traditionnels font un retour remarqué”, souligne Sara Korchmaros, économiste de la plateforme technologique ReCash.

L’habillement reste toutefois un secteur particulièrement déprimé avec des ventes inférieures de plus d’un tiers comparé à avant la pandémie. Beaucoup d’enseignes annoncent ainsi des licenciements par centaines ou milliers, à l’instar des chaînes de magasins Marks and Spencer ou John Lewis et des pharmacies Boots.

Et la restauration ou les débits de boissons ou salles de divertissement redémarrent à peine depuis juillet leur activité, avec des mesures de distanciation stricte qui lestent leur rentabilité.

Mme Korchmaros souligne que la reprise a pour l’instant la “forme d’un V bien net”, à savoir un rebond soutenu après une contraction brutale, “mais personne ne crie encore victoire”.

Elle rejoint deux membres de la Banque d’Angleterre (BoE), Jonathan Haskel et Andrew Haldane, qui entrevoient également une reprise en “V”, même si leur analyse n’est pas partagée par l’ensemble de l’institution monétaire.

La prudence est également de mise au sein du gouvernement, le ministre des Finances Rishi Sunak ayant averti à de multiples reprises sur les temps difficiles qui arrivaient, avec notamment un bond des licenciements qu’il tente de limiter avec un vaste plan pour l’emploi.

“Bien que la récession semble avoir été brève, les cicatrices devraient être profondes (…) Les entreprises ont beau être davantage optimistes pour l’année qui vient, une reprise en V n’est en aucune manière garantie”, prévient Chris Williamson, économiste chez Markit.

Il ajoute que toute reprise pourrait en outre être coupée dans son élan en cas de Brexit sans accord à la fin de l’année, qui porterait un coup sévère aux échanges commerciaux du Royaume-Uni avec l’UE.

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